8 septembre 2021
Soure : NPR
Le projet de loi, se gouverneur le signe, pourrait également rendre publics les détails plus complets des exigences qu’Amazon impose aux travailleuses et au travailleurs de ses entrepôts, en particulier le détails sur l’impact des quotas sur leur santé.
« C’est une première étape pour changer les conditions de travail dans les entrepôts, », a déclaré Veena Dubal, une experte en droit du travail et en technologie à l’Université de Californie à Hastings, qui soutient la législation.
Les entrepôts emploient une main-d’œuvre en augmentation, en grande partie grâce à la croissance d’Amazon, qui est désormais le deuxième employeur privé des États-Unis, avec plus de 950 000 travailleurs et travailleuses. Surveillé par des algorithmes, le personnel des entrepôts d’Amazon est pressé d’emballer et d’expédier un flux sans fin de commandes d’achat, qui doivent être livrer en quelques heures.
Le projet de loi 701 affirme que les exigences de productivité ne peuvent pas être imposées aux dépens de la santé et de la sécurité, par exemple en poussant les travailleurs et les travailleuses à contourner les règlements de sécurité ou à sauter les pauses auxquelles ils et elles ont droit. Quand cela se produit, le projet de loi donnerait aux travailleurs et aux travailleuses plus de moyens pour faire appel contre ces exigences.
Un deuxième sujet-clef du projet de loi est la transparence. Elles donnerait aux travailleurs et aux travailleuses, à leurs représentant.e.s et aux fonctionnaires du gouvernement un meilleur accès à des registres détaillés des quotas et des taux aréels des travailleurs et des travailleuses.
La législation, contestée par le patronat, ira bientôt au gouverneur Gavin Newsom, qui n’a pas dit s’il la soutient. Le bureau de Newsom n’a pas répondu à notre enquête.
Vite, vite, vite !
Yesenia Barrera dit que c’est ce qu’elle avait vécu lorsqu’elle travaillait dans un entrepôt d’Amazon en Californie du sud. Dix heures par jour elle se pliait, se tordait, tendait le bras, numérisait, déballait, remballait – dans l’espoir de d’atteindre 200 articles par heure.
« J’ai rarement vu quelqu’un sortir pour aller aux toilettes à moins qu’il ou elle ne dise à quelqu’un quelque chose comme : « Cela vous dérange de scanner cet article toutes les trois minutes afin que que mon temps libre ne s’accumule pas ? Couvrez-moi, » a déclaré Barrera, maintenant une organisatrice au Warehouse Worker Resource Center.
Amazon surveille attentivement le « temps libéré du travail, » qui, selon l’entreprise, surveille les « problèmes qui peuvent surgir avec les outils que les gens utilisent, », mais qui sert aussi à identifier les travailleurs et les travailleuses qui ne travaillent pas au rythme exigé. Quand on prend trop de pauses, au bout d’un certain temps l’algorithme peut vous le signaler, bien qu’Amazon affirme que les licenciements pour mauvaise performance sont rares, moins de 1% pour les employé.e.s des opérations.
Et pourtant, de nombreuses travailleuses et de nombreux travailleurs, comme Barrera, font valoir que le rythme de travail dans des entrepôts d’Amazon peut être malsain et insoutenable. Des enquêtes menées par la presse et par le Centre d’organisation stratégique, qui est soutenu par les syndicats, ont révélé que le taux de blessures graves dans les entrepôts d’Amazon est presque le double de la moyenne du secteur.
La députée californienne Lorena Gonzalez dit que c’est cela qui l’a incitée à présenter le projet de loi AB 701, que ses partisan.ne.s espèrent ouvrira la voie à de mesures pareilles dans d’autres États américains.
« Nous ciblons catégoriquement les pratiques d’Amazon, qui sont reprises par d’autres détaillants, », a déclaré Gonzalez, auparavant une force centrale derrière le projet de loi californien, très médiatisé, qui cherchait à rendre plus difficile pour les entreprises « gig », comme Uber, d’embaucher des travailleurs et des travailleuses sous la forme légale de d’entrepreneur.e.s autonomes.
Le travail répétitif augmente le risque de blessures
Pendant un certain temps, Amazon avait déclaré que les taux de blessures plus élevés de ses entrepôts étaient le fait de rapports plus diligents que ceux de ses rivaux. Cette année, dans sa dernière lettre aux actionnaires en tant que PDG, le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, a déclaré qu’Amazon avait embauché 6 200 professionnel.le.s de la sécurité du travail et il a promis $300 millions pour des projets de sécurité au travail en 2021.
Bezos a également déclaré qu’environ 40% des blessures liées au travail à Amazon étaient des troubles musculo-squelettiques (TMS), qui sont d’habitude enregistrées comme des entorses, des foulures, des maux de dos, et d’autres blessures. Ces blessures sont souvent le produit de l’effort et de la répétition faits dans une position inconfortable et non naturelle. Aux États-Unis, elles représentent plus de la moitié de tous les accidents du travail non mortels qui ont amené des travailleuses et des travailleurs à une salle d’urgence.
Jordan Barab, ancien secrétaire adjoint de l’Administration de la sécurité et de la santé au travail du gouvernement fédéral, a déclaré que le risque de blessure est présent dans tous les entrepôts et les usines, ajoutant : « Et dans le cas (d’Amazon), évidemment, l’une des principales causes des blessures musculo-squelettiques est les quotas, ce qui entraîne un rythme de travail malsain. »
La porte-parole d’Amazon, Rachael Lighty, a déclaré à NPR que les travailleurs et les travailleuses peuvent faire certaines activités qui incluent « de courtes pauses mentales et physiques, comme des étirements », sans que cela s’ajoute à leur temps compté comme « hors du travail ». Elle a ajouté que les données démographiques de l’entreprise ont l’effet de lui attribuer trop de blessures : contrairement à ce à quoi certain.e.s pourraient s’attendre, a-t-elle prétendu, les travailleurs et les travailleuses de 18 à 24 ans et les nouvellement emauché.es étaient plus susceptibles de « déclarer un TMS lié au travail, » et Amazon emploie beaucoup de jeunes travailleurs et de travailleuses dont le travail d’entrepôt est nouveau.
Le patronat déclare que le projet de loi jette le filet trop large
Amazon n’a pris pas de position officielle par rapport à l’AB 701, mais des groupes patronaux le combattent, affirmant que les nouvelles règles déclencheraient un torrent de poursuites contre de nombreuses industries.
Rachel Michelin, qui dirige la l’Association des dataillant.e.s de Californie, a déclaré que les quotas de productivité étaient des informations confidentielles. Elle a suggéré que le véritable but dut du projet de loi était de stimuler les efforts de syndicalisation.
« S’il y a une entreprise qui ne respecte pas les normes légales, elle devrait être tenue responsable. Avec cela nous ne sommes pas en désaccord. Mais avons-nous besoin de cette législation large et radicale … qui aurait un impact sur tous les aspects de la chaîne d’approvisionnement en Californie ? Je ne le pense pas. »
Les législateur.e.s républicain.e.s de Californie ont également fait valoir que les entreprises seraient obligées d’augmenter leurs prix pour compenser les coûts des nouvelles règles. Michelin et d’autres critiques affirment qu’ils soutiendraient un plan visant à augmenter le financement de l’Administration de la sécurité et de la santé au travail (OSHA) californienne afin de renforcer l’application des règles de sécurité.
Une version antérieure du projet de loi avait prévu de demander à l’OSHA de la Californie d’adopter de nouvelles règles spécifiques pour les entrepôts afin de prévenir les blessures. Ce projet, dont la réalisation aurait pris des années, a été abandonné lors des négociations en faveur d’autres mesures permettant une application accélérée et renforcée par les régulateur.e.s de l’État.
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