Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Surverse, rien de nouveau sous le soleil !

On fait des manchettes journalistiques, des déclarations à saveur électorale, des éclats de voix avec le déversement de 8 milliards de litres d’eau usées dans le fleuve Saint-Laurent prochainement de la part de la ville de Montréal. On trouve cela tellement effrayant ! Cette constatation doit nous amener à réfléchir plus en profondeur afin de résoudre cette situation car le problème est plus grave que l’on pense.
Le problème de fond avec ce déversement n’est pas la quantité d’eaux usées qui sera déversée, c’est plutôt qu’on n’en avait pas tenu compte dans les cahiers de charge qui ont été présentés aux soumissionnaires.

Les compagnies qui présentent des soumissions pour ces grands travaux considèrent normal de déverser ces eaux usées vers les cours d’eau lors des travaux. On ne prévoit pas de solutions alternatives. C’est là le vrai problème !

Si l’environnement était tellement important, il serait normal que les soumissionnaires incluent dans leurs devis les coûts des travaux à faire pour éviter les déversements éventuels. Mais non, Ils savent très bien que les divers ministères concernés accepteront facilement les déversements.

Aussi, il serait bon de savoir que les surverses sont connues des élus depuis la nuit des temps. On attend qu’un scandale soit révélé pour se montrer outré, mais ce problème existe depuis fort longtemps et est bien documenté. Tous les élus qui prennent le temps de bien gérer leur municipalité savent que des surverses se produisent régulièrement. Les égouts pluviaux des rues sont normalement connectés sur le même tuyau que les égouts domestiques. Il faudrait refaire la grande majorité des systèmes d’évacuation des eaux de nos rues afin de tenir compte de ce phénomène. Nos gouvernements devraient y consacrer des sommes faramineuses afin de régler le problème. Mais ce n’est pas très sexy d’ouvrir nos rues bien asphaltées pour refaire le réseau pluvial. Il est beaucoup plus rentable politiquement de construire des ponts et des routes. Pourquoi défaire nos rues et nos trottoirs alors que les surverses se produisent à l’insu de tous ?

Alors, politiciens de tout acabit, cessez de jouer les vierges offensées et prenez donc le problème par le bon bout, soit de travailler en amont, en exigeant que les devis présentés prévoient cette partie des travaux. Il faudrait aussi profiter de chaque réparation pour commencer à doubler les systèmes d’évacuation des eaux usées. Les nouveaux quartiers que l’on développe devraient aussi intégrer cette nouvelle façon de faire. Ainsi, au cours des décennies à venir, nous finirions par avoir un système complet où les égouts domestiques seraient séparés des égouts pluviaux. On pourrait prendre exemple sur certaines municipalités qui ont commencé à intervenir en ce sens. Les changements climatiques feront en sorte que les surverses vont augmenter de façon dramatique au cours des prochaines années.

Commencez à prévoir des débordements régulièrement car le climat a déjà commencé à se dérégler.
En passant, ce déversement correspond à une journée de débit moyen de la rivière Yamaska (87 m3/sec), ou à 91 jours de débit (0,93 m3/sec) en période d’étiage !1 Pauvre Lac Saint-Pierre, qui reçoit non seulement les eaux usées de Montréal mais aussi celles des rivières L’Assomption et Yamaska !

Jacques Tétreault
Coordonnateur général RVHQ

1 L’étiage correspond statistiquement à la période de l’année où le niveau d’un cours d’eau atteint son point le plus bas.

Jacques Tétreault

Enseignant au CFM (Centre de formation des Maskoutains) et président du Comité des Citoyens et Citoyennes pour la Protection de l’Environnement Maskoutain (CCCPEM). Il est aussi coordonnateur général adjoint du Réseau Vigilance Hydrocarbures Québec.

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