Tiré de Orient XXI.
Il s’inscrit à la fois dans les courants qui secouent le monde arabe depuis 2011 — fondés sur le rejet de pouvoirs autocratiques et corrompus, sur le refus des inégalités sociales, et dans lesquels la jeunesse tient une place majeure— et dans l’histoire propre du Soudan. Ce pays a vu, depuis l’indépendance de 1956, par deux fois, en 1964 et en 1986, des insurrections populaires chasser des dictateurs militaires. Il est riche de traditions politiques anciennes que n’ont pas réussi à éradiquer trente ans d’une dictature militaire se réclamant de l’islam politique.
Au-delà même de la forme que prendra la transition, de la place qu’y occupera l’armée, de l’avenir des multiples milices et services de sécurité sur lesquels le régime s’est appuyé, les défis sont nombreux pour ceux qui dirigeront cet immense territoire, plus de trois fois la surface de la France, avec une forte diversité régionale et ethnique. Comment remettre sur pied une économie qui a été pillée par la clique au pouvoir et ses soutiens ? Comment reconstruire un État inclusif face aux tentations sécessionnistes, dont l’indépendance du Sud a montré la folie ?
Aux difficultés internes, s’ajoutent les crises régionales aux frontières et les multiples ingérences étrangères. L’Égypte, dont les relations avec Al-Bachir n’étaient pourtant pas très bonnes, s’inquiète de sa chute. Plus largement, toute la corne de l’Afrique est devenue un champ d’affrontement entre l’Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, le Qatar. Sans parler des répercussions du conflit libyen et, de l’autre côté de la mer Rouge, le Yémen.
Les défis sont donc immenses et les tentatives d’un simple ravalement du régime ne sont pas à écarter. Mais il faut le rappeler, au Soudan la révolte est devenue un état d’esprit.
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