Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Algérie et Soudan

Algérie. « Nous ne nous arrêterons pas »

Des dizaines de milliers de personnes ont marché, aujourd’hui à Alger, malgré la chaleur accablante du mois d’août. Les manifestants insistent sur le départ de tous les symboles du régime et réitèrent leur rejet du dialogue et des élections organisés par le pouvoir en place.

Tiré de À l’encontre.

L’ambiance contestataire s’est installée dès la matinée. A 11h00, des centaines de personnes entament la manifestation au centre de la capitale en annonçant : « la désobéissance civile commencera en septembre ». La marche, la véritable, a commencé après la prière du vendredi lorsque les processions de manifestants, hommes et femmes, parfois accompagnés de leurs enfants, ont commencé à converger vers le centre de la ville. Outre les slogans habituels, « Etat civil, pas militaire », « Irhalou (partez) ! » (…), les marcheurs ont fustigé les clients du pouvoir en place. « Esclaves, où êtes-vous ? », « Pas de sieste, idiote ! , ont lancé des milliers de manifestants à la rue Hassiba Benbouali, vers 14h30.

Une heure plus tard, une foule imposante occupe les alentours de la Grande poste et de la FAC centrale (université) en faisant vibrer la cité avec les cris « Pas de dialogue, pas d’élections avec les gangs », et « relâchez nos enfants (détenus d’opinion) ». A un moment, les cris de « pouvoir assassin » fusent de partout lorsque des policiers interpellent un manifestant pour des raisons inconnues.

Les portraits du moudjahid Lakhdar Bouregaâ et ceux des jeunes détenus pour port du drapeau amazigh étaient présents en force au cœur de la foule. Comme de coutume, les marcheurs ont réservé une bonne partie de leurs chants virulents au chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaid Salah et à Karim Younes, coordinateurs du panel de dialogue ainsi qu’aux médias et les partis FLN et RND.

Si les partisans de « Algérie libre et démocratique » restent largement majoritaires, la manifestation de ce 26e vendredi a vu la présence de dizaines de personnes qui ont réclamé à haute voix « un Etat islamique ».

Les manifestants ont adressé des messages politiques au pouvoir et à la population. « Non à la gestion de la République depuis une caserne », « Arrêtez votre mépris, rendez-nous l’Algérie ! », « Il faut lutter, s’organiser et s’unir », « L’armée pour protéger le pays, pas pour faire de la politique » ou encore « Manifester chaque vendredi est un devoir national », lit-on sur des pancartes.

Il faut dire enfin qu’en dépit de la baisse du nombre de manifestants, à cause de cette période des vacances, la révolution pacifique algérienne semble avoir gagné, au fil des semaines, en maturité. Des espaces de débats entre les différentes sensibilités sont organisés en marge de la manifestation [1], au moment où des secouristes et de jeunes bénévoles veillent sur la sécurité des manifestants et la propreté des lieux. (Article publié dans El Watan en date du 16 août 2019)

Note

[1] « Initiatives politiques face à l’intransigeance du pouvoir »

Dès le début de ce mouvement révolutionnaire réclamant un changement radical du système politique, des forces politiques, des organisations de la société civile, des acteurs du mouvement associatif et des personnalités nationales ont pris leurs responsabilités en suggérant des « plans » de sortie de crise. Au fil des semaines, les forces agissantes de la société franchissent le pas.

Un dialogue entre les différentes organisations ayant présenté des plans de sortie de crise a été engagé et a bien abouti à une conférence nationale de la société civile tenue le 15 juin dernier. Une conférence regroupant plus de 70 organisations, syndicats et associations issus des trois dynamiques ayant émergé de la société civile, à savoir le Collectif de la société civile pour une transition démocratique, la Confédération des syndicats autonomes, le Forum civil pour le changement.

Ces trois dynamiques, ayant chacune sa propre feuille de route, ont pu dépasser leurs divergences et trouver un compromis en adoptant une plateforme commune, visant ainsi à débloquer la situation politique et créer les conditions favorables à une sortie de crise.

Ces trois dynamiques de la société civile ont poursuivi les contacts avec les partis et les personnalités pour baliser le terrain à une conférence nationale politique élargie. Une première rencontre est d’ailleurs prévue samedi prochain à la Safex, à Alger.

Les forces démocratiques n’ont pas, non plus, manqué d’initiatives. Les partis appartenant à ce courant politique ont multiplié les propositions de sortie de crise, allant de l’instauration d’une instance présidentielle collégiale à l’institution, à terme, d’une Assemblée constituante. (Article publié le 15 août dans El Watan, sous la plume de Mokrane Ait Ouarabi)

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