4 mai 2020 | Tenir bon — Bulletin numéro 4
« Nous sommes tous dans le même bateau » est la chanson thème de cette pandémie. Nous recevons beaucoup de discours sur la façon dont nous comptons tous les uns sur les autres. Cependant, ce qu’on ne dit pas, c’est que de profondes inégalités traversent la société. Si vous avez de bons emplois stables, des avantages sociaux, des congés de maladie, des protections syndicales et d’autres avantages, alors rester à la maison est une option réaliste. Or, beaucoup de gens aujourd’hui n’ont pas ce genre de bons emplois. Les travailleurs et travailleuses vivant au jour le jour dans l’économie précaire (restauration, tourisme, industries culturelles, etc.) ne sont pas dans la même situation. Le tableau est encore plus sombre ceux et celles qui sont confrontés à des barrières racialisées, sexospécifiques et d’autres.
Après des décennies de stagnation des salaires et d’inégalités croissantes, de nombreux travailleurs s’en sortent à peine. Le travail précaire, la médiocre rémunération dans de nombreux secteurs et l’endettement sont autant de phénomènes répandus. Avant le début de cette pandémie, beaucoup de gens vivaient déjà à la limite ; plusieurs sont maintenant en chute libre et sont obligés de prendre des décisions qui sont loin d’être avantageuses.
Dans les secteurs des services essentiels définis par le gouvernement, des milliers de personnes occupent des emplois précaires à bas salaires. Si votre survie économique est suspendue à un fil et que votre patron vous dit de rentrer au travail, vous n’êtes pas en mesure de débattre de la santé publique ou de nouveaux décrets gouvernementaux. Vous réalisez que vous exposez votre famille et le public à des risques en allant travailler. Si vous vous présentez au travail, c’est ce que vous le faites pour garder votre logement. Bref, les beaux discours qui ne traitent pas de l’insécurité économique chronique à long terme n’affrontent pas le problème. Ceux et celles qui sont coincés pour joindre les deux bouts s’attendent à autre chose. Si nous sommes « tous dans le même bateau » pour ralentir ce virus, nous devons être « tous dans le même bateau » pour créer une sécurité économique pour tous.
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