Édition du 19 novembre 2024

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Sommes-nous condamnés à vivre au royaume des mensonges ?

La bulle médiatique continue d’occulter les vrais débats qui attendent le gouvernement libéral, tant pour arbitrer ses tendances internes que pour répondre, au moins minimalement, aux espoirs de changement d’une population qui voté contre Harper avant de voter pour Justin.

Jusqu’à date cependant, on s’en tient à la langue de bois, aux clichés et aux photos glamour. J’en veux moins à Justin et à son équipe qu’aux médias (à part quelques exceptions comme la radio de Radio-Canada et le Devoir), car dans un sens, les Libéraux font leur « job » de politiciens dans notre système profondément antidémocratique.

Il faut revenir sur la question des réfugiés qui est abordée d’une manière presque criminellement irresponsable. On se met à se discourir sur des fausses questions, entre autres s’il est possible d’en amener 25 000 avant la fin de l’année, ou encore, s’il faut les loger dans des cantonnements de l’armée. On pourrait admettre qu’un effort dans ce sens pourrait indiquer une certaine bonne volonté, si et seulement si les vrais problèmes étaient abordés.

Mais c’est là que le bât blesse. 25 000 réfugiés, c’est le nombre qui cherche à fuir la Syrie et l’Irak chaque demi-journée (40 000 par jour). En réalité, on parle de plusieurs millions de personnes, dont plusieurs centaines de milliers sont déjà sur les routes à fuir la répression et les bombardements. Et donc, la promesse actuelle de Trudeau me semble une véritable insulte à l’intelligence qui n’a rien à voir, par exemple, avec l’effort qui avait été consenti pour protéger et accueillir des réfugiés kosovars dans les années 1990.

Ce n’est pas acceptable.

L’autre angle mort du gouvernement actuel est encore pire. Qui parle des responsables et des causes de cet exode humain ? Tout commence par une absurde politique américaine qui voulait abattre le régime syrien, pas tellement parce qu’il était dictatorial, mais parce qu’il était devenu un allié des « ennemis » russe et iranien. C’était la même histoire avec Saddam. Washington a décidé d’éliminer leur ancien allié parce qu’il n’était plus contrôlable. Et les alliés-subalternes des États-Unis ont accepté cela de peur de froisser le grand frère. L’histoire a été 1000 fois racontée y compris récemment par nul autre que Bush papa.

Autre aspect de cet immense mensonge est l’alliance que Washington, Paris, Londres et Ottawa perpétuent avec les pétromonarchies du Golfe, à commencer par l’Arabie saoudite. Ce sont des régimes d’une sauvagerie inouïe qui tuent, torturent et emprisonnent leurs population et qui continuent de soutenir les djihadistes, de peur que des États comme la Syrie et l’Iran ne deviennent des forces régionales. L’État canadien, non seulement tolère cela, mais continue de faire de bonnes affaires avec ceux qui sont directement responsables des tueries de masse perpétrées par Daesh.

Ce n’est pas acceptable.

C’est le trou noir dans lequel sombre la région dans une guerre que Bush fils avait qualifié de « sans fin ». Qu’ont dit Trudeau et Stéphane Dion sur cela ? Poser la question, c’est d’y répondre. Dire la vérité conduirait à un affrontement avec les États-Unis. Alors qu’est-ce qu’on fait en attendant ? On raconte des histoires que les médias relaient servilement à la population.

Un jour, il y aura peut-être quelqu’un qui sonnera la cloche dans les enceintes occupées par la caste politique et son périmètre étatique.

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