Édition du 17 décembre 2024

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Logement

Selon le FRAPRU, les changements majeurs survenus en habitation n'avantagent pas l'ensemble des locataires

MONTRÉAL, le 3 juill. 2016 - Dans son bilan annuel de la période de déménagements, le Front d’action populaire en réaménagement urbain constate que des transformations majeures sont en cours au Québec dans le domaine du logement. Le FRAPRU doute cependant que ces changements profitent à l’ensemble des locataires.

L’organisme note tout d’abord une relance marquée de la construction de logements locatifs privés. Pas moins de 13 020 appartements ont été mis en chantier au Québec en 2015, ce qui représente une augmentation de 53 % par rapport à la moyenne des dix années antérieures. La hausse semble se confirmer en 2016, 2565 logements locatifs ayant déjà été mis en chantier au cours du premier trimestre de l’année. C’est plus du double des résultats obtenus à la même période, l’an dernier. La hausse est carrément spectaculaire sur l’île de Montréal où la construction de 1445 logements locatifs a démarré au cours des cinq premiers mois de 2016. Si cette tendance se maintient, la construction de logements locatifs y dépassera celle de condominiums pour la première fois en une vingtaine d’années.

« Le volume de nouvelles constructions de logements locatifs dément le discours répété voulant que le faible contrôle des loyers en vigueur au Québec soit un repoussoir pour de potentiels investisseurs », s’exclame François Saillant, coordonnateur du FRAPRU.

La location d’unités de condominiums est également un phénomène qui continue à se développer, constate le FRAPRU. Sur l’île de Montréal, le nombre de ces logements était de 14 479 en octobre 2015, ce qui représente une augmentation de 125 % par rapport à 2010. Leur nombre est de 3512 à Québec et de 2883 à Gatineau. Dans ce dernier cas, c’est pas moins de 28 % de l’ensemble des unités de condominiums qui sont maintenant en location.

« On pourrait se réjouir de l’augmentation de l’offre de logements locatifs, mais avant de le faire, il faudrait se demander qui pourra aller habiter dans ces nouveaux logements et à quel prix », affirme François Saillant. Il précise : « De grands projets locatifs sont présentement en construction, par exemple les 374 appartements du tristement célèbre Îlot Voyageur à Montréal ou les 169 de la Tour Fresk, dans le quartier Saint-Roch à Québec, mais, dans les deux cas, les locataires pourront y payer jusqu’à 2600 $ par mois. Un examen des nouveaux appartements mis en location sur Kijiji montre qu’il ne s’agit pas là de cas isolés ». Quant à la location d’unités de condominiums, la SCHL révélait à la fin de 2015 qu’un logement de deux chambres à coucher se loue en moyenne 1290 $ par mois à Montréal et 1160 $ à Québec.

Le FRAPRU ajoute que le besoin de grands logements familiaux continue d’être ignoré par les investisseurs, de sorte que leur taux d’inoccupation des appartements de trois chambres à coucher et plus demeure très bas, particulièrement dans plusieurs secteurs de la région métropolitaine de Montréal, ainsi qu’en Abitibi.

Une occasion ratée ?

Le FRAPRU considère que les tendances actuelles du marché locatif montrent que le logement social demeure la seule façon de répondre autant aux besoins de logements réellement accessibles financièrement que de grands logements familiaux. Or, il se dit inquiet de la teneur des discussions tenues à ce sujet, lors de la rencontre fédérale-provinciale-territoriale des ministres responsables de l’habitation, qui s’est déroulée le 28 juin, à Victoria, en Colombie-Britannique. Celle-ci portait sur l’élaboration de la « Stratégie nationale sur le logement » promise pour 2018 par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau.

Marie-José Corriveau, organisatrice au FRAPRU, ne cache pas sa déception : « La stratégie sur le logement est une occasion à ne pas rater. Elle doit permettre la reconnaissance formelle du droit au logement, assurer le financement d’un plus grand nombre de nouveaux logements sociaux et garantir la poursuite à long terme des subventions fédérales présentement accordées à 365 000 ménages locataires à faible revenu demeurant dans des logements sociaux existants. Or, les discussions des ministres semblent avoir ignoré ces enjeux pour plutôt se concentrer sur les conflits potentiels de juridiction entre Ottawa et les provinces ».

Mme Corriveau conteste particulièrement le choix du ministre québécois, Martin Coiteux, de ne « pas souscrire à ce stade-ci » à la démarche fédérale et de refuser que les villes et les organismes du Québec y participent : « C’est une chose de s’opposer à toute ingérence d’Ottawa dans un domaine considéré comme de juridiction provinciale, mais c’en est une autre de ne pas être partie prenante de débats majeurs qui concernent les besoins des mal-logés, des sans-abri et des locataires de logements sociaux du Québec. La reconnaissance et le respect du droit au logement ne peuvent se résumer à une question de juridiction ».

Elle rappelle qu’à peine 1500 nouveaux logements sociaux sont présentement prévus au Québec et que 95 000 ménages locataires à faible revenu sont menacés par la fin des subventions fédérales aux logements sociaux existants.

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