Martine B. Côté
doctorante en Droit, UQAM, coautrice de Faire corps, Éditions Atelier 10
L’événement a commencé le samedi 1er juin par la toute première marche mondiale des survivantes de la prostitution, organisée par le Réseau international de survivantes SPACE International. Parties de la place Emilie -Gamelin, les 250 personnes réunies ont fait des arrêts à plusieurs endroits stratégiques : la Cour municipale, l’Hôtel de ville et le Palais de justice. Sur les pancartes, on pouvait lire des messages réclamant l’adoption et l’application du modèle nordique en matière de prostitution, c’est-à-dire la décriminalisation des femmes en situation de prostitution et la criminalisation des proxénètes et des clients. Des groupes de Suède, le premier pays à avoir adopté ce cadre législatif, étaient présents ainsi que des groupes et des survivantes notamment venus de France, d’Allemagne, de Nouvelle-Zélande, d’Espagne, des États-Unis et de la Belgique.
Le congrès s’est ouvert par un panel intitulé Femmes et filles autochtones en Amérique du Nord : le système prostitutionnel comme continuation des oppressions historiques. Les panélistes-survivantes ont été chaudement applaudies par la salle après des prises de parole souvent chargées d’émotions. Le public a notamment pu entendre la juriste américaine Catharine Mackinnon, l’avocate française Lorraine Questiaux, qui a raconté son combat pour les victimes de pornographie, la sénatrice canadienne indépendante Julie Miville-Dechênes, Suzanne Jay, de Asian Women for Equality, la députée socialiste espagnole Andrea Fernández Benítez, venue parler de ses tentatives de faire adopter des lois contre le proxénétisme ainsi que de nombreuses intervenantes-survivantes, dont Amelia Tiganus (Présidente de FEMAB) Melanie Thomson, de l’organisme Coalition against trafficking and women (CATW) et Luba Fein (Voices of Israeli Sex trade Survivors).
La Rapporteure spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes et les filles, Reem Alsalem a été ovationnée après la présentation de son rapport, rédigé à la suite de l’audition de plus de 300 témoignages d’organisations et de personnes provenant des deux courants idéologiques sur la question de la prostitution. Son rapport décrit la prostitution comme un système d’exploitation et une forme globale de violence masculine contre les femmes et les filles qui recoupe d’autres formes de discrimination structurelle. Elle appelle notamment à adopter le cadre juridique abolitionniste et ses cinq piliers : décriminalisation des femmes en situation de prostitution ; fourniture d’un soutien complet et de voies de sortie ; criminalisation de l’achat d’actes sexuels ; criminalisation de toutes les formes de proxénétisme ; et organisation de campagnes de sensibilisation en direction des acheteurs d’actes sexuels.
L’événement s’est conclu par une déclaration pour appeler à instaurer une société d’égalité et de justice sociale, une société sans prostitution. Rédigé par des survivantes de la prostitution, des femmes autochtones, des militantes féministes, des travailleuses de terrain, des représentantes syndicales et des juristes, la déclaration a déjà été signée par une cinquantaine d’organisations dans le monde.
Au final, ce sont plus de 400 participant.e.s venus de plus de 35 pays différents qui se sont regroupés pendant trois jours à Montréal. La 5e édition aura lieu dans deux ans dans un pays qui sera annoncé ultérieurement.
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