Aussi, les villes du nord se sont mobilisées pour renverser la droite qui avait toujours dominé par la fraude et la violence et ont très massivement voté pour le PT et le président Lula à partir de 2002. Dans les années subséquentes, la pauvreté a diminué sensiblement, grâce surtout aux programmes d’assistance sociale qui ont permis aux groupes les plus désavantagés de se nourrir et de mettre leurs enfants à l’école. Plus tard cependant sont survenus des conflits, le gouvernement Lula étant davantage orienté vers les méga projets (barrages, mines, exploitations agro-industrielles) et la projection du Brésil comme un pays très favorable aux investissements étrangers. Quand le gouvernement s’est entêté à dépenser des milliards pour ses amis entrepreneurs dans des folies comme les Jeux Olympiques, les gens sont descendus dans la rue par centaines de milliers pour réclamer des transports publics, des logements et des emplois.
La vieille droite a vu dans ce rejet une occasion en or et en a rajouté plein la sauce pour critiquer le PT, alors que pendant des décennies avant Lula, elle avait mené à coups de bâtons pour garder les pauvres à leur place. Les médias brésiliens, qui sont en réalité de vulgaires porte-voix de l’élite économique, ont confondu l’opinion populaire qui s’est peu à démobilisée. Certes, je ne veux pas du tout absoudre le PT et Lula qui sont eux-mêmes tombés dans le piège en refusant de confronter une caste qui contrôle les richesses immenses de ce pays. Ils ont été beaucoup trop complaisants sur les pratiques de copinage et de corruption alors qu’en principe, ils auraient dû être, comme ils l’étaient à l’origine, plus propres que tout le monde. Et ainsi on se retrouve au Brésil, mais aussi en Argentine, au Venezuela et ailleurs, devant une remontée d’une droite prête à tout, quitte à démantibuler les acquis sociaux et démocratiques de la « vague rose », et à ressortir des placards la violence étatique et privée.
Maintenant, nos amis des mouvements populaires, du MST, des syndicats, des associations de quartiers, des femmes, des autochtones et des Afro-Brésiliens sont sur la sellette. À Salvador, ils vont sans doute profiter du « moment FSM » pour repenser leurs stratégies, avec l’aide des camarades des 50 ou quelques pays qui seront là.
Ensemble, on pourra réfléchir sur comment combattre l’architecture de la mondialisation néolibérale, celle du G7 notamment, qui va venir nous emmerder en juin à Charlevoix. Cette entité opaque et sans mandat est présentement déstabilisée par le président Trump, qui veut imposer à ses alliés-subalternes européens, japonais et canadiens, des coûts énormes pour lui permettre de créer l’illusion qu’il s’occupe de son triste pays. Entre-temps, l’État canadien voudrait revenir à la mondialisation néolibérale « heureuse », qui permettait d’enfermer tout le monde dans les accords dits de « libre-échange », qui ne sont pas « libres » et qui ne sont pas faits pour faciliter les « échanges », sinon que pour faire profiter le 1 %.
Il est encore tôt pour dire ce qui se passera au Québec contre le G7. On pourrait peut-être s’inspirer de ce qui va probablement passer en Argentine, qui va recevoir le G20, une ridicule tentative de relooker le G7 avec quelques autres pays dits « émergents », avides de participer au pillage de la planète. Pour envoyer un autre message, une vaste coalition a été mise en place avec tout le monde, gros syndicats et petits groupes communautaires, partis de gauche et nationalistes, « Porteños » de Buenos Aires et habitants des petites et moyennes villes. Sans construire un grand front des résistances, il est très difficile de confronter réellement le dispositif du pouvoir.
Un message, un commentaire ?