Mentionnons d’abord que le gouvernement prévoit que la hausse de l’investissement des entreprises sera le moteur de la croissance, passant de 0,7% cette année à 3,2% l’an prochain. Misant, entre autres, sur cette croissance, il envisage une augmentation de ses propres revenus de 4,2% l’an prochain. Difficile de ne pas voir là un enthousiasme typiquement pré-électoral, alors que le ministre reconnaît lui-même que l’incertitude qui plane sur l’économie mondiale entraîne « de l’hésitation dans l’investissement ».
Par ailleurs, le gouvernement se targue de ne pas augmenter les impôts ni les taxes, or il s’en prend directement aux familles en augmentant les tarifs des services de garde. Cette mesure régressive augmente les coûts de 28% pour les parents. Pour ceux qui envoient leur enfant à la garderie toute l’année, il s’agit à terme d’un montant annuel supplémentaire de 520$. Cela contribuera à prendre à la gorge des ménages déjà surendettés.
Le gouvernement mise toujours sur l’extraction des ressources naturelles comme levier de la croissance. La première ministre est fière de dire que nous reprenons le contrôle de nos ressources ; elle oublie cependant de dire que l’exploitation pétrolière dans laquelle elle choisit d’investir 115 M$ va augmenter le bilan de nos émissions de gaz à effet de serre. D’ailleurs, les mesures annoncées dans ce budget pour limiter les conséquences néfastes de l’industrie extractive sur l’environnement sont aussi minces que la couche d’ozone qu’elles sont censées protéger.
Le gouvernement annonce par ailleurs, enchanté, l’implantation du financement « axé sur les patients » dans le secteur de la santé. Cette réforme est censée augmenter l’efficacité dans la prestation des services. Pourtant, de nombreuses études portant sur des expériences similaires à l’étranger ont montré que ce mode de financement, en plus de nuire à la qualité des services, faisait croître les dépenses plutôt que de les réduire.
En somme, ce budget appauvrit les familles, contribue à l’accélération des changements climatiques et abandonne au secteur privé le soin de décider de quoi sera faite l’économie du Québec. Bref, voilà une étrange manière de devenir, suivant le maître-mot du budget, « maîtres et prospères chez nous ».