Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique québécoise

Progressistes et souverainistes à la fois !

Monsieur Bernard Descoteaux, votre éditorial du 26 juin semble confondre le mouvement souverainiste avec le Parti québécois et le Bloc québécois et réduit les élections fédérales et la crise du PQ à la question nationale. Ces deux réductions vous conduisent ainsi que les péquistes et les bloquistes à interpréter erronément la vague du NPD et la crise actuelle du PQ comme un recul de la cause souverainiste. La souveraineté n’était pas l’enjeu de la dernière élection fédérale contrairement à la menace conservatrice.

Le NPD était le seul parti à prétendre (ne nous faisons pas d’illusions) unir les forces progressistes et les votes anti-Harper de partout au Canada contre Harper et ses politiques anti-écologiques, anti-démocratiques, anti-culturelles, anti-femmes, anti-partage de la richesse, etc. C’est pourquoi une majorité de progressistes souverainistes québécois ont voté NPD malgré leur sympathie pour le Bloc. La plupart des Québécois progressistes appuient encore l’indépendance mais ce n’est pas leur seule priorité !

De même, les convictions, l’éthique et la cohérence de ces progressistes les fait détester tout clientélisme, telle la position opportuniste du PQ pour le projet de loi 204. Ce n’est pas peu, contrairement à votre réduction de cet enjeu à un « prétexte » des démissionnaires du PQ. Comme l’impliquaient les « Dégriseurs », vouloir faire de la politique autrement signifie laisser tomber : le clientélisme, la langue de bois, la raide ligne et discipline de parti, le campisme, l’appropriation exclusive de toute revendication qui dénigre tout autre courant de la même mouvance, la schizophrénie question nationale / questions sociales et écologiques. Il faut unir ces thèmes également. Faire de la politique autrement implique démocratiser le système électoral en intégrant une composante proportionnelle - projet de René Lévesque que le PQ a trahi une fois au pouvoir - et une démocratisation participative des partis.

Enfin, vous donnez comme signe précurseur de la baisse de la ferveur souverainiste, la création de Québec solidaire, « un parti souverainiste de gauche ». Est-ce un lapsus ? La création d’un parti souverainiste n’est logiquement pas un signe de baisse de ferveur souverainiste. Une baisse de la ferveur ... péquiste plutôt ! C’est très différent.

La plupart des progressistes croient qu’il est minuit moins cinq pour la viabilité humaine de la planète. La question du Québec ne peut plus attendre ? Les questions de justice sociale et la lutte contre les pollueurs et leur emprise sur notre territoire et la planète non plus ! L’épanouissement national doit se conjuguer avec l’urgence de lutter pour la maîtrise des ressources naturelles par une démocratie directe, contre les changements climatiques, contre la destruction des océans, contre l’accroissement des inégalités sociales et contre les grands acteurs de ces problèmes catastrophiques.

Pour l’unité des souverainiste et des progressistes, il faut unir les enjeux. Il faut aussi une réforme du mode de scrutin pour favoriser cela, comme le soulignait l’ancien député du PQ, Jean-Pierre Charbonneau.

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