Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Pourquoi 74 % des québécois ont il voté pour RÉGIS LABEAUME ?

Disons d’abord que l’homme a aussi des qualités… Il ne manque pas de
prestige, il sait parler aux gens, il a une vision de Québec et de son
avenir qui en fait rêver plus d’un, il est honnête (ce qui n’est pas
négligeable de nos jours), il croit en ses moyens et dans son premier mandat, il a rempli ses promesses électorales.

Disons également que la politique n’est pas quelque chose de simple. La vie
devient de plus en plus complexe et le citoyen ne sait plus trop qui croire
ni quoi penser. Le rythme de vie d’aujourd’hui est exigeant pour chacun, les
choses évoluent très rapidement et les individus ont de moins en moins le
temps de s’arrêter pour réfléchir et pour comprendre les vrais enjeux.

Tout ceci est amplifié par le rôle des médias qui accentuent encore plus ce
phénomène. La publicité nous inonde de slogans qui simplifient tout et nous empêchent de penser. Il suffit de répéter les choses et de taper sur le même clou pour l’enfoncer dans la tête des gens et créer ainsi des besoins, des situations, des modes qui n’ont rien à voir avec la réalité profonde et les besoins réels des individus.

L’arrivée des chaînes de nouvelles continues a également changé la façon de travailler des journalistes et la culture de l’information. Désormais il
faut nourrir le monstre. On va au plus pressant, on cherche le sensationnel,
il faut que le téléspectateur demeure sur notre chaîne et évite de zapper
ailleurs : les cotes d’écoute l’exigent si l’on veut survivre dans cette
jungle. Ce n’est pas la faute des journalistes qui sont honnêtes et
travaillent fort. Ils se font bouffer eux aussi par cette machine infernale.

Pas surprenant alors que les gens votent de plus en plus pour la
personnalité des candidats, beaucoup plus que pour les programmes
politiques. On va élire facilement des gens connus : des vedettes de la
télévision, du monde des sports etc. On les connaît par les médias, on leur
fait confiance, comme à des amis. Le plus difficile est de percer une
première fois. Par la suite, pourvu que l’on soit quelque peu coloré, les
médias vous courent après. Cela fait vendre de la copie ou augmente les
cotes d’écoute.

Mais que deviennent les contenus ? Là encore, devant toute cette
incertitude, les citoyens recherchent la sécurité. D’où cette tendance de
voter à droite et de rechercher le statu quo, surtout lorsqu’il s’agit de
finances publiques. La population croit au système capitaliste qui lui a
permis jusqu’ici de former une classe moyenne avec les avantages financiers
et un niveau de vie qui dépassent ceux des générations précédentes.

La population a de la difficulté à se rendre compte que tout ceci est en
train de basculer avec la crise actuelle du capitalisme. Une crise se
compliquant avec la forte récession de 2008 qui n’en finit pas de faire des
siennes, non seulement dans l’Europe de l’euro mais aussi aux États-Unis, où elle a débuté, un pays qui possède une des plus importantes dettes per
capita au monde.

Le Grand Capitalisme prône la liberté absolue et l’absence de tout contrôle
lorsqu’il s’agit de ses propres intérêts, mais recourt à l’argent de l’État
et des citoyens ordinaires quand viennent les difficultés, dont on peut se
demander si elles ne sont pas voulues pour faire changer le système en sa
faveur. De grandes sociétés comme Général Motors ont profité de cette crise
pour couper dans les salaires et les conditions de travail de leurs employés
en menaçant de faire faillite si le gouvernement ne leur venait pas en aide.
Pourtant l’année suivante, Général Motors déclarait des profits records ...

Cet exemple est suivi depuis par beaucoup de compagnies et commence à
s’implanter dans le secteur public (par exemple, la mise en faillite de la
ville de Détroit). Plus près de nous, pensons à la White Birch qui a coupé de
façon honteuse dans les conditions de travail de ses travailleurs, dont
principalement les fonds de pension des employés amputés de plus de 50%.
C’est une façon pour les compagnies de maximiser les profits aux dépends de la classe moyenne et de retrouver les conditions qui prévalaient au siècle
dernier avant l’arrivée des syndicats. Une forme déguisée de retour à
l’esclavage…

C’est dans ce contexte que le maire Labeaume veut s’attaquer aux fonds de
pension et aux conditions de travail des employés en demandant au
gouvernement provincial de changer les lois pour imposer ses conditions sans véritable négociation. Il est en ce point en parfait accord avec le Grand
Capitalisme qui veut imposer ses conditions aux travailleurs dans le but de
maximiser ses profits.

Comme les gens ordinaires sont un peu jaloux des conditions de travail des
employés municipaux, ils ne se rendent pas compte que la véritable richesse
se trouve ailleurs. Ils ont de la difficulté à comprendre qu’en appuyant ce
genre d’action ils vont contre leur propre intérêt. C’est l’ensemble des
citoyens de la classe moyenne et celle des plus pauvres qui à la longue, vont
voir leur pouvoir d’achat diminuer et leurs conditions de travail se
détériorer. Il faut donc se mobiliser pour que toute cette négociation ne se
fasse pas en vase clos. Le gouvernement du Québec aura un grand rôle à y
jouer et nous devons lui laisser savoir quelles sont nos attentes en matière
de justice sociale et de lutte contre la pauvreté.

Il nous faut de plus en plus faire preuve de SOLIDARITÉ et dépasser le
cercle des intérêts particuliers afin de se bâtir un avenir qui ne sera pas
à la merci de la puissance des mieux nantis ou des caprices de la majorité,
fut-elle bien intentionnée.

Mots-clés : Edition du 2013-11-05
Marcel Gilbert

Consultant en communications et en gestion du Savoir

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