Édition du 19 novembre 2024

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Débats : quel soutien à la lutte du peuple ukrainien ?

Pour désamorcer le conflit russo-ukrainien

Le conflit russo-ukrainien s’éternise. Moscou n’est pas le seul responsable de cet enlisement. Par leur soutien militaire croissant et quasi inconditionnel à Kiev, Washington et les principales capitales européennes sont à peine moins les ennemis des Ukrainiens et Ukrainiennes que le Kremlin. Le but de l’administration Biden est moins de défendre la démocratie et la liberté ukrainiennes que de refréner les ambitions de l’ennemi traditionnel, la Russie. On peut comprendre par ailleurs la crainte qui anime les gouvernements de l’Union européenne et une bonne partie de leur opinion publique puisque ce continent a connu beaucoup de guerres dans le passé, dont surtout les deux guerres mondiales et d’autres plus récentes et plus localisées, comme en ex-Yougoslavie. L’ampleur et la durée de la guerre russo-ukrainienne rappellent donc de très mauvais souvenirs aux Européens et Européennes. La proximité relative de l’Ukraine avec l’Europe centrale et de l’Ouest accentue ces peurs.

C’est pourquoi un plan de paix s’impose de toute urgence. Continuer dans la voie de l’intransigeance ne peut que mener au désastre.

Il importe de proposer quelques pistes de solution, partant de l’idée que la lassitude finira bien par gagner les belligérants et qu’elle les incitera à envisager une entente diplomatique. Je crois que les propositions de paix qui finiront par émerger des instances officielles ressembleront à ce qui suit.

Pour faire simple, je diviserai mes propositions en deux groupes : celles qui concernent l’Ukraine d’abord et les autres qui s’adresseront à Moscou. Les deux gouvernements devront promettre de tenir des négociations de bonne foi.

Pour l’Ukraine :

1- S’engager à ne jamais adhérer à l’OTAN ;
2- Ne pas essayer de devenir une puissance nucléaire ;
3- Accepter d’éventuelles concessions territoriales (surtout dans le Donbass et une partie du sud), régions encore occupées par l’armée russe.

Pour la Russie :

1- Renoncer formellement et pour toujours à annexer la majeure partie de l’Ukraine ;
2- Accepter qu’un traité conclu sous supervision internationale garantisse l’intégrité territoriale ukrainienne.

Pour ce qui regarde l’épineux problème du Donbass dont la majeure partie de la population est russophone ou en tout cas russophile, les deux parties en conflit devront s’engager à en respecter la volonté. Les gens du Donbass doivent pouvoir bénéficier du principe de disposer d’eux-mêmes, conformément au droit des peuples à l’autodétermination. Cela doit se réaliser par voie de référendum (un processus que les Québécois et Québécoises connaissent bien). Ce référendum comporterait trois questions :

1- Voulez-vous demeurer citoyens ukrainiens ?
2- Désirez-vous former une république indépendante ?
3- Préférez-vous le rattachement à la Fédération de Russie ?

Il me semble que cet ensemble de propositions est pertinent et qu’il constitue le seul moyen de se sortir de l’impasse actuelle. Quand le fracas des armes se sera tu et que les pourparlers d’engageront enfin, la voie à emprunter sera ardue mais représentera la seule solution pour établir une paix durable.
On ne pourrait concevoir pire situation qu’un conflit mal réglé par un traité de paix boiteux. Il risquerait alors de rebondir tôt ou tard.

Jean-François Delisle

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