Cette semaine, nous avons donc redéposé un projet de loi instaurant une nouvelle politique du médicament qui permettra au Québec de générer des économies substantielles de plus de 2 milliards de dollars.
Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a qualifié notre proposition d’« extrémiste ». Nous nous demandons encore pourquoi.
Nous suggérons au gouvernement de faire des économies en s’appuyant sur deux piliers. D’une part, nous proposons une assurance-médicaments universelle entièrement publique qui mettrait fin au système actuel à deux vitesses qui profite d’abord aux compagnies d’assurances au détriment du régime public. Ce système inefficace gonfle la facture des cotisations pour tous les assurés, au privé comme au public.
D’autre part, nous prônons la mise sur pied de Pharma-Québec, une société publique qui utiliserait notre pouvoir d’achat collectif pour négocier de façon centralisée l’achat des médicaments. Pharma-Québec doterait aussi le Québec d’un pôle public de recherche et de production de vaccins et de médicaments lorsque nécessaire. Par exemple : des médicaments essentiels que l’industrie ne produit plus en raison de faibles marges de profits.
Centraliser la négociation du prix des médicaments permettrait au gouvernement d’utiliser, comme la Nouvelle-Zélande, la liste des médicaments remboursables déterminée par le ministère de la Santé comme levier. Un gouvernement qui achète un fort volume de médicaments et négocie fermement obtient de meilleurs prix pour le remboursement des médicaments d’ordonnance en pharmacie. En Nouvelle-Zélande, la facture globale a chuté de 65 % pour le gouvernement. Les corporations d’achats groupés le font déjà pour les établissements de santé du Québec, qui obtiennent jusqu’à 45 % de rabais par rapport aux prix de la RAMQ.
Rappelons que les avantages consentis à l’industrie pharmaceutique au Québec représentent entre 680 millions et 1,5 milliard de dollars selon les juridictions auxquelles nous nous comparons. L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) propose d’ailleurs de supprimer la règle de protection de 15 ans, une mesure de protection supplémentaire inutile pour les brevets pharmaceutiques. L’ancien premier ministre Landry, qui l’avait introduite, indique aujourd’hui qu’il faut réévaluer cette politique. En effet, le Québec a perdu plus de 3000 emplois dans ce secteur au cours des dernières années.
Finalement, la rigueur, c’est comme la lucidité : des mots essentiels dont aussi bien la gauche que la droite peuvent se réclamer. À Québec solidaire, nous revendiquons ces mots comme devant guider nos analyses et nos actions. Pharma-Québec est un exemple de rigueur budgétaire. Il n’y a rien d’« extrémiste » là-dedans !
Si le gouvernement et les oppositions avaient l’audace d’appuyer ce projet, nous nous donnerions des moyens pour réinvestir dans la première ligne en santé et assurer un meilleur accès à tous et toutes à un système de santé complètement public et de qualité.