Nous vivons en direct la dégradation accélérée des écosystèmes qui se traduit notamment par des épisodes de catastrophes de moins en moins naturelles. Pourtant, nous ne sommes qu’au début des conséquences du ravage planétaire qui se confirme par le dépassement de cinq des neuf seuils critiques (et par le fait même, atteint le point de non-retour) identifiés par les scientifiques, soit le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore, l’usage des sols et les pollutions chimiques. Nous sommes tout près d’atteindre les limites quant à l’acidification des océans et en bonne voie d’atteindre celles de l’usage de l’eau douce (un enjeu ici même au Québec, pays de lacs et de rivières) et les aérosols atmosphériques, ne laissant pour le moment qu’un élément non critique soit la diminution de la couche d’ozone.
Ce ravage écologique s’associe avec une crise sociale qui se vit quotidiennement, chez nous, notamment par l’effet de la déficience des services publics et des inégalités sociales, la rareté de logements abordables, l’insécurité alimentaire, les problèmes de santé physique et mentale et l’écoanxiété. Plus que jamais, la fin du monde se conjugue avec la fin du mois.
Nous ne pouvons pas nous permettre de sous-estimer l’ampleur et l’impact de ces menaces existentielles. Pourtant, les politiques publiques et économiques continuent à perpétuer le système qui nous a conduits à ce cul-de-sac civilisationnel. Leurs volontaires dénis s’abreuvent à la technologie, à la recherche de la croissance infinie dans un monde fini et à une disponibilité énergétique sans limite. Pour la classe dominante, peu importe les conséquences, il faut sauver l’intérêt et les gains à court terme des riches et des puissants.
Parce qu’il faut changer le système, il nous apparaît qu’il faut que les luttes écologiques, sociales et politiques convergent dans une action globale. La lutte écologique ne peut se faire sans une lutte contre les inégalités croissantes entre une extrême minorité de possédants et les classes exploitées ni sans le changement des formes de pouvoir qui maintiennent et renforcent ces inégalités.
Nous devons faire entrer la lutte contre le ravage climatique dans sa dimension politique en incluant la protection sociale et le respect de la dignité humaine et le bien-vivre ensemble. Car, s’il y a urgence climatique, il y a aussi urgence démocratique face aux incohérences des politiques et des décisions prises par les élites. Non seulement les objectifs manquent d’ambition, mais aucune mesure sérieuse n’est proposée pour atteindre les cibles envisagées. De plus, ils continuent d’entretenir un monde en déclin plutôt que de construire dès maintenant celui qui nous permettra de vivre en harmonie avec l’ensemble du monde vivant sur la planète dont nous faisons partie. La politique actuelle a fait la démonstration qu’elle est inapte pour les défis qui nous incombent et qu’il faut revoir notre organisation sociale.
Pour paraphraser une note du Cercle de réforme de l’État publiée dans le journal Le Monde du 14 mai dernier : « la gouvernance de l’écologie doit être conçue comme irriguant la transformation de l’État tout entier. C’est l’une des conditions pour éviter que l’écologie demeure, ou devienne plus encore, un argument de communication sans rapport ni avec la réalité des enjeux ni avec celle des actions conduites, alimentant l’incompréhension des citoyens. Une question d’autant plus cruciale que les enjeux écologiques sont caractérisés par leur technicité, mais aussi leur transversalité, qui se heurte aux organisations et aux politiques traditionnelles, qui sont sectorielles. »
Nous sommes appelés, si nous voulons préserver notre survie en temps qu’espèce, à une révolution de notre façon de penser, d’agir et de vivre. Ces changements fondamentaux passent nécessairement par une réflexion inclusive, politique et populaire pour aborder de front les enjeux écologiques et sociaux et permettre la transformation radicale de notre monde.
C’est en poursuivant cette vision holistique que la Convergence populaire, qui regroupe des militantes et de militants consternés et révoltés de l’inaction des pouvoirs publics face à l’écocide et à l’explosion des problèmes sociaux, lançait le 27 mars dernier une démarche de réflexion et de mobilisation collective sur ses trois axes : la crise écologique, la crise sociale et la crise démocratique. Cette démarche a pris la forme d’activités locales et régionales qui culmineront le 11 juin prochain lors de la tenue d’une Assemblée populaire d’envergure nationale visant l’amorce d’un changement de paradigme dans nos relations à l’égard du vivant, de l’économie et de la démocratie.
Cette Assemblée populaire sera précédée par une discussion portant sur la démocratie avec Alain Deneault et Micheline Lanctôt. Un duo de choc pour alimenter les réflexions du lendemain !
Une Invitation à nous rejoindre à cette réflexion citoyenne.
Pour plus de détails : www.convergence-populaire.info
Jacques Bouchard
Pour : La Convergence Populaire
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