C’est un discours important qu’a fait à New York le 5 septembre dernier, le président sortant de la 77e session de l’assemblée générale des Nations unies qui se terminait. Fort de l’expérience qu’il avait acquise durant toute cette session, Csaba Kőrösi a utilisé la passation des pouvoirs à Dennis Francis de Trinidad et Tobago qui préside la 78e session de cette assemblée générale pour présenter les principales choses qu’il a retenues de son mandat.
Le hongrois a affirmé au début de son intervention que malgré les rivalités géopolitiques des pays, la survie de l’Humanité dépend de la coopération de tous. Nous sommes actuellement dans une course contre la montre pour y arriver. Les seules solutions qui seront applicables seront celles qui sont intégrées. Pour y arriver, les pays doivent cesser d’agir à courte vue pour des gains locaux et plutôt s’engager dans des actions qui seront bénéfiques pour tous les habitants de la planète. Le multilatéralisme est actuellement la seule manière de pouvoir régler les crises multiples qui affectent les habitants de la planète.
Selon Csaba Kőrösi, nous nous éloignons de l’atteinte des objectifs de développement durable (OOD) qui ont été fixés pour 2030. Ces objectifs devraient donc être de toute urgence transformés en objectifs budgétaires. Les dix prochaines années seront cruciales pour améliorer le futur prévisible. Nous devrions tous considérer nos responsabilités comme étant aussi importantes que nos droits, et ce, plus particulièrement en ce qui concerne les trois piliers de l’action de l’ONU, soit la paix et la sécurité, le développement et les droits humains.
Cinquante-deux conflits armés sur la planète
Créée par 51 États en 1945, par la Charte des Nations unies, l’Assemblée générale en rassemble aujourd’hui 193. En décembre, il y aura 75 ans que la Déclaration universelle des droits de l’homme a été adoptée par les Nations unies et il y a seulement une année de cela, l’Assemblée générale adoptait une résolution historique qui y rajoutait l’accès à un environnement sain et pérenne. Ces droits doivent être respectés par tous les pays. Malheureusement, en incluant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a actuellement 52 conflits armés sur la planète. L’existence de ces conflits rappelle l’urgence de mieux contrôler les armements nucléaires.
Le président sortant s’est demandé si nous sommes prêts à financer la survie de l’Humanité. Chaque pays devrait prioriser des dépenses qui renforceront une coopération internationale pérenne. Pour y arriver, il est urgent de réformer les Nations unies et son conseil de sécurité pour qu’ils puissent prendre en charge correctement les défis actuels. Csaba Kőrösi est conscient que la Charte de l’ONU, qui est figée dans les besoins de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ne rend pas cette réforme facile. Mais, continue-t-il, ce conseil de sécurité sera plus un problème qu’une solution pour résoudre les conflits présents et futurs si cela n’est pas fait.
La finance internationale nuit
Un organisme comme l’ONU qui a 180 priorités n’a, de ce fait, aucune direction stratégique et d’inlassables débats qui se répètent occupent trop de temps de ses membres. Il n’y a pas de doute, dans l’esprit de Csaba Kőrösi, que ce sont toujours les pays les plus pauvres qui souffrent le plus de cette situation. Les dirigeants des pays doivent se rappeler qu’il y aura toujours des rivalités politiques, mais les gains de certains pays ne doivent pas se faire au détriment de d’autres.
Pour le président sortant, les pays doivent prendre des décisions basées sur les consensus clés permettant de gérer les défis confrontant la planète d’une manière qui profitera à tous. Il a aussi remarqué qu’actuellement, la finance internationale ne travaille pas pour régler les changements climatiques ni pour en protéger les gens les plus vulnérables. C’est pourquoi il considère qu’il faut agir de toute urgence pour protéger notre survie commune. Nos actions entraînent nos responsabilités touchant la planète et les autres humains. C’est cela être responsable. Quand un droit international ou la charte des Nations unies est violé, nous ne prenons pas nos responsabilités et le système multilatéral s’érode un peu. C’est pourquoi l’ONU doit se réformer et cela doit se faire par la science, conclut-il. C’est le point central du message qu’il voulait livrer. La science permet de mieux comprendre notre réalité et les décisions à prendre. Elle n’est pas infaillible, mais trouve la plupart du temps les meilleures solutions.
Les dirigeants de la planète auraient avantage à prendre en considération les propos qu’a tenus Csaba Kőrösi le 5 septembre dernier.
Michel Gourd
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