Édition du 18 juin 2024

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Économie

ONU : Contribution du CADTM Sur l’endettement privé et les droits humains

Les dettes étudiantes

Les dettes privées des ménages, des étudiants, des femmes, des paysans peuvent plonger ces derniers dans des conditions d’extrême pauvreté, de violence, de marginalisation sociale.

photo et articles tirées de NPA 29

Les dettes étudiantes

Le problème des dettes étudiantes occupe une place importante dans certains pays tels que les États-Unis ou le Chili. Les frais d’inscription de l’enseignement supérieur y étant élevés, de nombreux étudiants se voient obligés d’emprunter auprès des banques ou autres établissements de crédit. Les prêts étudiants constituent d’ailleurs la dette la plus importante après celle des crédits hypothécaires, crédits hypothécaires, représentant en 2018, 1,5 trillion de dollars US [2]. Deux tiers des étudiants états-uniens vivent aujourd’hui avec un fardeau moyen de 27 000 $US, et le nombre de défauts de paiement augmente au rythme d’un million supplémentaire par an.

Au Chili, les intérêts des prêts étudiants sont montés jusqu’à 6% à certains moments, assujettis-sant ainsi des milliers d’étudiants à des décennies de remboursement et d’endettement. En 2018, 40 % des personnes ayant souscrit un crédit étudiant étaient en retard dans leurs paiements [3].

Aux États-Unis aujourd’hui, quatre emprunteurs sur dix sont en risque de défaut de paiement [4], 63 % ne font que payer les intérêts et les frais qui s’accumulent. La possibilité de faillite person-nelle pour les débiteurs de prêts fédéraux (dont les prêts étudiants) accorde des pouvoirs inédits aux créanciers : saisies sur les salaires, sur les prestations de sécurité sociale ou encore sur les pensions d’invalidité.

L’exclusion économique et sociale qui s’en suit, sont donc des risques réels pour les étudiants aux États-Unis. Bien que les prêts les plus importants soient contractés par les familles à reve-nus moyens, les familles à bas revenus restent les plus impactées. Natifs, Noirs et Latinos Amé-ricains sont les plus impactés, avec 81 % des Noirs qui continuent de payer après l’obtention de leur diplôme, et 67 % des Latinos, contre 64 % des Blancs [5].

Rappelons que l’article 26 de la Déclaration des Droits Humains du 10 décembre 1948 garantit à toute personne le droit à l’éducation et la pleine égalité d’accès aux études supérieures pour tous en fonction du mérite.

Nous constatons que le désengagement des pouvoirs publics dans le financement de l’éduca-tion entraîne une situation d’inégalité et d’asymétrie entre les personnes, qui va à l’encontre de la Déclaration universelle des Droits Humains. Ainsi, loin d’être un problème individuel, il s’agit d’un problème d’ampleur sociale qui touche presque 15 % de la société américaine et qui sera déterminant dans le développement des inégalités dans ce pays ces prochaines décennies.

Enfin, le montant de ces dettes étudiantes pose aussi des problèmes pour l’ensemble des éco-nomies puisque, dans un contexte de forte financiarisation, cette dette est la cible de logiques spéculatives, qui aggravent les risques d’une nouvelle crise financière [6] et constituent des facteurs déstabilisateurs pour l’économie dans son ensemble.

15 novembre Chiara Filoni , Eva Betavatzi , Mats Lucia Bayer

http://cadtm.org

Chiara Filoni

Permanente au CADTM Belgique.

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