« La CSDM est dans la mire du gouvernement depuis des années et souffre d’un sous-financement chronique. Ce sont les employé-es et les élèves qui font les frais des compressions successives auxquelles elle est confrontée et ce n’est certes pas la mise en tutelle envisagée par le ministre de l’Éducation qui va arranger les choses » estime Charles Allen, de l’Association professionnelle du personnel administratif (APPA-CSN), qui représente les employé-es de soutien administratif, technique, des services de garde et de l’adaptation scolaire.
La CSDM envisage de supprimer des postes de techniciennes et de techniciens en travaux pratiques, en documentation, en loisirs et en travail social, et des surveillants d’élèves, entre autres. Monsieur Allen s’oppose aux quelque 65 abolitions de postes proposées, qui s’ajoutent aux 142 abolitions des trois dernières années dans ces secteurs. Il estime qu’elles auront des effets sur la persévérance scolaire. « Ces coupes toucheront particulièrement les élèves du secteur régulier », explique le président de l’APPA-CSN. « Depuis plusieurs années, nous devons faire plus avec moins, mais là, c’est trop ! Ces nouvelles suppressions auront une incidence certaine sur la réussite scolaire, tout cela alors qu’une mobilisation générale est engagée au Québec pour lutter contre le décrochage et pour promouvoir la persévérance scolaire », s’insurge le représentant syndical.
Juste répartition des ressources ?
Plusieurs préoccupations sont aussi soulevées quant au partage des ressources pour les services spécialisés dans les écoles. La CSDM veut se lancer dans un projet de grande réorganisation de ses services en adaptation scolaire et semble se diriger vers une vision de gestion locale, école par école. Par exemple, des équipes de techniciens en éducation spécialisée seront appelées à se promener d’école en école, selon les besoins des quartiers. « En soi, cela semble positif, mais la CSDM a pour mission de garantir une juste répartition des ressources à travers toutes ses écoles. Qui déterminera les besoins les plus urgents ? » questionne monsieur Allen. « Est-ce que ce sont les directions d’école les plus revendicatrices qui auront le plus de services ? » s’inquiète le porte-parole syndical.
Avec ces nouvelles compressions, on craint également l’instabilité qui résultera des mouvements massifs de personnel. « L’école montréalaise doit composer avec des enjeux particuliers et spécifiques, notamment le fait qu’elle doive répondre à des clientèles variées. Cela demande du personnel stable, constant et compétent » poursuit le représentant syndical.
Même constat du côté du Syndicat national des employé-es (SNEE) de la CSDM qui devra composer avec une diminution importante de ses effectifs. Par exemple, en services alimentaires, 22 postes seront touchés tandis que 18 postes seront supprimés chez les ouvriers spécialisés. « La CSDM coupe directement dans les mesures alimentaires, un service direct à des milliers d’enfants dont les plus démunis » soutient Rémi Desrosiers, porte-parole du SNEE, qui s’inquiète également de l’entretien des écoles. À cet égard, les directions d’une cinquantaine d’écoles ont décidé d’amputer des heures d’entretien. « L’état de vétusté de dizaines d’écoles montréalaises fait les manchettes depuis des années et toutes ces nouvelles coupes nous empêchent d’améliorer les conditions de salubrité des écoles et ajoutent au retard des travaux de réparation et de rénovation urgents. » En outre, le représentant du SNEE estime que la CSDM n’aura d’autres choix que d’aller en sous-traitance, se privant ainsi d’une expertise importante qu’elle a développée. « Cela risque d’engendrer des coûts plutôt que de produire des économies », termine monsieur Desrosiers.
Pour sa part, l’Association des concierges des écoles du district de Montréal (ACEDM-CSN) estime que les 6 postes de concierge qui seront éliminés vont alourdir le fardeau des employés qui, déjà, font face à plusieurs obstacles. « Il est clair que les problèmes de surcharge de travail vont s’aggraver », proteste Sylvain Paré, président de l’ACEDM. « Ça fait 20 ans qu’on nous coupe et on nous demande de faire un effort de plus. Trop, c’est trop ! », fulmine le représentant syndical qui rappelle le rapport du vérificateur général du Québec, à l’automne 2012, qui pointait du doigt la piètre qualité de l’air dans certaines écoles de la CSDM.
À l’époque, le vérificateur général avait notamment observé la présence de moisissures et des problèmes chroniques d’infiltration d’eau, pouvant « nuire à la santé des occupants, particulièrement celle des enfants, ainsi qu’à leur productivité ». Selon monsieur Paré, les coupes de postes de concierge auront un impact direct sur la propreté et la qualité de l’air des écoles.
À l’instar du comité de parents de la CSDM qui dénonce les compressions imposées par Québec à la commission scolaire, les trois syndicats entendent poursuivre la défense de l’école publique montréalaise.
À propos de l’APPA, du SNEE et de l’ACEDM
L’Association professionnelle du personnel administratif (APPA-CSN) compte environ 5200 employé-es de soutien administratif, technique, des services de garde et de l’adaptation scolaire, dont 3200 travaillant à la CSDM. Le Syndicat national des employé-es de la CSDM (SNEE-CSN) compte environ 800 membres, soit des travailleuses et des travailleurs aux cafétérias, des ouvriers d’entretien et des ouvriers spécialisés. L’Association des concierges des écoles du district de Montréal (ACEDM-CSN) représente environ 200 concierges à la CSDM.
FEESP-CSN et CCMM-CSN
La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) compte environ 55 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Son secteur scolaire représente environ 30 000 employés-es de soutien. Le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) regroupe plus de 100 000 membres des secteurs public et privé, répartis au sein de près de 400 syndicats à Montréal, à Laval et dans le Grand Nord du Québec.