Tiré du blogue de l’auteur.
Le G7 est né du choc pétrolier de 1973 et de la crise économique. Il a grandi pour « stabiliser » l’économie mondiale et a (mal) vieilli pour essayer d’assurer la domination de ses pays membres. C’est peu dire que la protection de l’environnement et la lutte contre les dérèglements climatiques ne sont pas vraiment dans son ADN.
Par la force des choses, le G7 a pourtant été contraint de s’y intéresser. Réuni à Tokyo début mai 1986 quelques jours à peine après le début de la catastrophe de Tchernobyl – comme aujourd’hui dans le cas de l’Amazonie – le G7 s’est attaché à garantir (sic) au reste du monde la sureté nucléaire civile. « L’énergie nucléaire est et restera une source d’énergie de plus en plus largement utilisée » affirma-t-il néanmoins pour sauver l’industrie nucléaire de l’opprobre mondial.
Dès l’année suivante, le G7 de Venise se félicitait « des progrès importants accomplis » en matière de « sûreté dans la gestion de l’énergie nucléaire » (re-sic). Lorsque le G7 devint G8 – intégration de la Russie – il prit également l’engagement d’oeuvrer contre la prolifération nucléaire militaire (Moscou 1996). On connait le résultat, tant sur le plan du nucléaire civil que militaire.
Il faudra ainsi attendre le G7 de L’Aquila (Italie), en 2009, pour trouver un engagement chiffré en matière de lutte contre le dérèglement climatique : le G8 engageait les pays riches à réduire leurs émissions d’au moins 80% d’ici 2050. Oui, vous avez bien lu : au moins 80 % d’ici à 2050. Un engagement que le G7-G8 n’osa plus renouveler. Ni avant la COP21, ni après. Un engagement que ses pays-membres refusent de tenir.
Depuis, le G7 fait, au mieux, du surplace : la présence et la longueur d’un paragraphe sur le climat dans son communiqué final varie en fonction des priorités des pays hôte, et non en raison de l’aggravation de la crise climatique. Hors de question pour le G7 de remettre en cause son orientation néolibérale, productivistes et croissantiste : les trois moteurs de la globalisation économique ont toujours été, sont et resteront les trois piliers inamovibles des communiqués et de l’action du G7. Désinvestissement des énergies fossiles et régulation des activités climaticides n’y ont jamais eu droit de cité.
Quand Emmanuel Macron appelle le G7 à « lever des financements pour pouvoir reboiser le plus vite possible », « développer des mécanismes de prévention » et « stopper le processus de déforestation industrialisée », ce sont donc au mieux des vœux pieux. Des promesses qui n’engagent que celles et ceux qui y croient, comme celles prises au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl. Celles et ceux qui y croient sont de moins en moins nombreux.
Le G7 a en effet un bilan : à force d’avoir promis de sauver le monde à plusieurs reprises, ses promesses ont été démonétisées : n’a-t-il pas, en plus d’avoir « assuré la sécurité du nucléaire civil et militaire » et fait du climat sa priorité, supprimé la dette des pays pauvres en 1999 à Cologne et mis fin à la pauvreté en 2005 à Gleneagles (Ecosse) ?
Le G7 lui-même n’y croit plus. Aucun communiqué commun ne sera publié à l’issue de celui-ci. Machine à fabriquer des promesses, le G7 de Biarritz va admettres aux yeux du monde entier sa pleine et entière impuissance. le G7 est désarmé : il ne dispose d’aucun outil, d’aucune force propulsive, d’aucune réponse adaptée aux défis qui sont devant nous. Ni en Amazonie, ni ailleurs.
Qui peut en effet croire qu’Emmanuel Macron va convaincre Donald et Boris de faire de l’Amazonie – et plus largement du climat – la priorité de leurs actions ? Personne.
Le G7 et son monde
Le G7 et son monde, c’est celui
– de ceux qui prétendent résoudre les problèmes qu’ils contribuent à générer et amplifier.
– de cette diplomatie de connivence où les poignées de main comptent plus que les actes, où la photo remplace la substance, où les promesses ne sont jamais suivies d’effet.
– de l’hégémonie occidentale d’hier qui n’a plus aucun fondement et n’a plus lieu d’être.
Le G7 et son monde est celui d’un monde dépassé que nous héritons du siècle passé. Le G7 est une scorie, une relique, qu’on nous a léguée et qu’il serait bon d’enfermer au grenier et de reléguer aux seuls livres d’histoire.
On ne confie pas à celles et ceux qui ont allumé et nourri l’incendie planétaire la charge de l’éteindre.
Au mieux exige-t-on d’eux qu’ils mettent en cohérence leurs actes avec leurs propos : Emmanuel Macron est-il prêt à protéger les 360 000 hectares de forêts en Guyane menacés par les permis d’exploitation minière alors que son gouvernement n’a cessé depuis 2017 de délivrer de nouveaux permis d’exploration ? Est-il prêt à suspendre TOUS les projets d’infrastructure en France qui contribuent à détruire des forêts et des terres (GCO, Europacity, etc) ? Est-il prêt à agir avec détermination pour ne plus importer et consommer en France des produits des contribuent à la déforestation à l’autre bout de la planète ? Est-il prêt à renoncer à tous les accords de commerce et d’investissement qui contribuent à amplifier "cette déforestation importée" (l’Amazonie n’est pas la seule région du monde à brûler) ?
Sa politique du quotidien, celle qui est menée quand les caméras de CNN ne sont plus là, répondent par la négative à toutes ces questions.
Dès lors, Non, ni Emmanuel Macron ni le G7 ne vont sauver l’Amazonie à Biarritz.
Maxime Combes, économiste, porte-parole d’Attac France, et auteur de Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, Anthropocène, 2015.
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