Édition du 17 décembre 2024

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Syndicalisme

Noir : une identité qui colle à la peau !

Mois de l’Histoire des Noirs

C’est sur le thème Noir : une identité qui colle à la peau que le comité immigration et relations ethnoculturelles du Conseil central du Montréal métropolitain– CSN a souligné, le 26 février 2013, le Mois de l’Histoire des Noirs.

(tiré du journal Unité du CCMM-CSN, avril 2013)

Montrer la couleur pour faire oublier l’être

La soirée a débuté par l’exposé de Mbépongo Dédy Bilamba, militant au conseil central et auteur d’un livre intitulé À nous de le faire. Dans ce livre, il se demande comment aller de l’avant quand on pense qu’on appartient au groupe de ceux qui ne gagnent pas. C’est à travers une quête identitaire faite de découvertes aussi douloureuses que passionnantes, qu’il a partagé ses doutes et ses convictions sur la question de « l’identité noire ». Sa thèse s’appuie sur la maxime voulant qu’ « on ne naît pas Noir-e, on le devient ».

Il a expliqué que les réalités culturelles démontrent que « Noir » n’est pas une identité mais un statut codifié par des gens détenant le pouvoir de réglementer la couleur de la peau pour la qualifier d’une valeur inférieure à la blanche afin d’en tirer profit. Le « Noir » devient alors un concept créé avec un but très précis, celui de répondre à un impératif économique : on a conçu une catégorie de sous-hommes, une maind’œuvre bon marché, des esclaves.

À l’appui de sa thèse, il rappelle quelques faits, dont le Code noir, rédigé en France et réduisant les Noir-es à des biens meubles. Ce statut se rapprochait de celui d’une personne mineure, mais possédant moins de pouvoir et de reconnaissance que ceux accordés aux enfants et aux domestiques ! Être Noir est donc le résultat d’un rapport social, rapport dans lequel plus on a la peau claire, plus on est socialement favorisé. Il a conclu son allocution par une phrase de James Baldwin, auteur noir américain, figure de proue du mouvement des droits civiques dans son pays : « On mesure le progrès des Noirs à leur capacité à devenir Blancs ».

Le noir au féminin

Pour sa part, Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti, nommée Personnalité de la semaine en mai 2012, par La Presse et Radio-Canada, a abordé le sujet par la question de genre. Les Haïtiens sont issus de l’esclavage et s’en sont libéré en 1904. Les femmes se sont battu ardemment, côte à côte avec les hommes pour s’en délivrer. Cela ne les a pas empêchées d’être occultées par ces derniers, lesquels ne considèrent que leur fonction reproductrice et maternelle. Elle est revenue sur le Code noir qui reconnaissait que les esclaves pouvaient porter plainte s’ils étaient maltraités, mais pas si un viol était commis. Dans pareilles circonstances, comment se forger une identité relative au statut de femme ? Les femmes haïtiennes sont alors devenues très fortes et se sont donné pour mot d’ordre de ne jamais flancher.

Être Noire se conjugue alors avec l’état d’inébranlabilité. C’est le fruit de l’esclavage et il est transmis aux filles.

Ma couleur ne me détermine pas

Carla Beauvais, fondatrice du Groupe Style Communications, est reconnue pour son implication citoyenne dans plusieurs causes et débats sociaux. Elle n’a pas pu se joindre à nous. Nous vous présentons donc des extraits d’un texte qu’elle nous a offert pour l’occasion.

Ma couleur ne me détermine pas. Je suis une femme, un être humain, une Québécoise, une Haïtienne. Je revendique une justice pour tous, une ouverture sur le monde. Ma couleur ne me détermine pas, mais elle fait partie de moi. Elle influence ma perception de notre système, elle me fait réaliser les travers de notre société, elle me fait comprendre la complexité de notre histoire. Si quelqu’un m’enferme dans une couleur de peau, ce n’est pas moi. Car je suis fière de TOUT ce que je suis, y compris de mon histoire et de mon bagage culturel et historique. »

Les deux intervenantes et l’intervenant s’entendent donc, la couleur de la peau ne définit pas la personne, elle n’est pas synonyme d’identité. Être Noir, c’est appartenir à l’espèce humaine, au même titre qu’être Blanc, et le bagage culturel n’est pas collé à la peau, mais bien à l’Histoire.

Priscilla Bittar Conseillère syndicale

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