Notre première réaction, à ce moment-ci, est la suivante : un tel geste unitaire, dans un contexte où il n’y a aucun front commun intersyndical, indique clairement qu’il y a des pourparlers qui se déroulent derrière des portes closes et nous sommes véritablement au moment où « ça passe ou ça casse ». Ce texte collectif montre qu’il y a minimalement des convergences entre les organisations syndicales autour de certains enjeux qu’ils identifient comme leur étant communs. Il faut donc accueillir très favorablement ce « plaidoyer » intersyndical en faveur d’une demande d’investissement gouvernemental dans les services publics et parapublic. Cet investissement réclamé à l’unisson n’est cependant pas chiffré. Les présidentEs des organisations syndicales indiquent tout au plus que « le gouvernement doit donner un solide coup de barre, tant sur le plan des conditions de travail que sur celui du salaire ». La lecture de ce passage du texte n’est pas inintéressante en soi, mais, il n’y a aucune indication précise suggérant au gouvernement par où au juste passe la voie du redressement salarial des personnes oeuvrant dans les secteurs public et parapublic qui, mentionnons-le, se font dire, année après année, par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), que leur rémunération globale enregistre un retard avec la grande majorité des autres salariéEs. Les données de l’étude publiée en 2019 par l’ISQ nous apprenaient entre autres choses ce qui suit :
« les employéEs de l’administration québécoise gagnent un salaire moyen (51 030$) inférieur à celui de l’ensemble des ASQ (Autres SalariéEs du Québec) et à celui des salariés du secteur privé. Ces retards sont respectivement de 13,2% et de 10,2%.
Les salariés de l’administration québécoise montrent un retard salarial supérieur à 17,0 % par rapport aux syndiqués et aux salariés du secteur « autre public » et de trois de ses composantes (administrations municipale et fédérale, et entreprises publiques). L’écart le plus marqué est observé par rapport à l’administration municipale (–23,5%). C’est en comparaison avec les non-syndiqués (ASQ et secteur privé) que les retards sont les moins importants (respectivement –6,5% et –6,0%). »
https://www.pressegauche.org/Etude-comparative-annuelle-sur-la-remuneration-de-l-Institut-de-la-statistique . Consulté le 11 octobre 2020.
Le retard de la rémunération dans le secteur public est bien réel. Ce sont les ententes négociées depuis les années quatre-vingt-dix jusqu’à aujourd’hui (et le décret de 2005), qui ont contribué à créer et à maintenir cet écart désavantageux pour les salariéEs syndiquées de l’administration québécoise.
Le texte publié dans Le Devoir ne nous spécifie pas jusqu’à quel point les signataires de la lettre adhèrent à une revendication commune au sujet des conditions de travail et de rémunération. Tout au plus, pouvons-nous inférer que cette fois-ci, les présidentEs des dix organisations syndicales signataires du texte collectif font des conditions de travail et du salaire deux enjeux incontournables. Nous pouvons aussi anticiper qu’elles et ils s’attendent à conclure une entente qui s’accompagnera de pourcentages supérieurs à ceux accordés ou convenus ces « 20 dernières années ».
En parallèle…
Presse-toi à gauche ! a été informé, mardi le 6 octobre 2020, de l’existence d’une lettre signée par le directeur de l’Institut de la statistique du Québec concernant des modifications qui seront apportées, en raison de la présente période marquée par la pandémie de la COVID-19, à la méthodologie de l’enquête annuelle sur la rémunération globale au Québec. Nous reviendrons, si la situation l’exige, sur cette lettre. Pour le moment, les « parties » intéressées par la chose (du côté syndical comme du côté gouvernemental) attendent le résultat de l’enquête avant de commenter plus à fond. Nous ferons de même.
Yvan Perrier
11 octobre 2020
11h45
yvan_perrier@hotmail.com
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