Le ciel était gris. Les médias annonçaient des alertes d’orages accompagnées de vents violents mais ce ne fut pas un facteur de dissuasion pour des centaines de citoyenNEs de Limoilou et des autres quartiers qui sont soumis aux nuages de poussières du Port de Québec. Accompagnés de la musique de la fanfare Tint-anar, les centaines de citoyenNEs, jeunes et plus vieux ont déambulé de l’école de la Grande-Hermine vers les Jardins St-Roch en passant au-dessus de la rivière St-Charles, à proximité des installations du Port de Québec.
Aux cris de “Pas d’nickel dans ma ruelle, Pas d’charbon sur mon balcon “, les manifestantEs ont renouvelé leur message qu’ils et elles tiennent à un milieu où il est possible de concilier activités industrielles et résidentielles. Que l’économie doit être soumise aux impératifs de mieux vivre avant de se soucier des critères de rentabilité et de performance.
Au terme de la marche, un rassemblement a eu lieu aux Jardins St-Roch où des intervenantEs ont prononcé des discours. Raymond Côté, député NPD de Limoilou-Beauport a encouragé les citoyenNEs à demeurer mobiliséEs pour forcer les ministres conservateurs à intervenir, que c’est la seule façon de faire entendre raison au ministres Lebel (transport), Paradis (responsable du Québec) et Blaney. Jean-Yves Desgagnés, ancien candidat pour Québec solidaire dans Jean-Lesage (qui correspond grosso modo aux frontières du quartier Limoilou) a rappelé les mobilisations citoyennes passées dans le quartier et les gains obtenus grâce à ces mobilisations.
Véronique Lalande de Vigilance Port de Québec a rappelé que même si le Port de Québec, Arrimage Québec et la Ville de Québec ont traversé la tempête médiatique récente, le problème demeure et qu’il est hors de question de baisser les bras tant que Limoilou comme tout autre quartier, doit être d’abord et avant tout un milieu qui ne met la santé de quiconque en danger. L’épisode de nuage de poussière de charbon qui s’est produit vendredi vient montrer que rien n’est joué même si les autorités du Port ont exigé un rapport sur l’événement dimanche. Qu’il faut demeurer mobiliséEs et vigilantEs et que la bataille est loin d’être terminée.
Agnès Maltais absente…
La députée de Tachereau, comté voisin de Limoilou était bizarrement absente de la manifestation, elle qui se faisait une spécialité de se donner l’air d’être une interlocutrice crédible dans cette bataille. Elle a préféré déléguer un attaché politique. S’attendait-elle à recevoir une volée de bois vert pour sa politique en matière d’aide sociale et pour les multiples reculs de son partis en matière d’environnement ?
Le Port et Arrimage de Québec banalisent
Arrimage Québec évoque des conditions climatiques exceptionnelles qui se sont produites vendredi,une micro-rafale (Johanne Lapointe, vp Affaires publiques pour Arrimage Québec à TVA - 31mai) et prétend que des mesures périphériques comme l’installation de quelques canons à eau suffiront à régler le problème. Vigilance Port de Québec réclame que toutes les opérations de transbordement se fassent via des installations étanches comme il en existe déjà au Port. Véronique Lalande parle d’aveuglement volontaire des autorités du Port dans ce dossier.
Depuis l’adoption de la nouvelle loi canadienne sur l’évaluation environnementale, le Port de Québec n’est plus tenu de “réaliser d’examen préalable sauf pour les projets « désignés », de gros projets susceptibles d’avoir des effets importants sur l’environnement.” (Port de Québec : processus d’évaluation environnementale relaxé par le fédéral, Le Soleil, 3 juin 2013). Un comité restreint de 3 personnes juge si tel ou tel projet doit être soumis à l’évaluation et, éventuellement, à la consultation. Trois comités de surveillance ont été mis sur pied suite aux recommandations de la Direction de la santé publique mais, pour l’instant, ces comités n’ont que peu de poids en matière de prévention comme l’a révélé l’épisode de charbon de vendredi dernier.
Scruté par le quotidien Le Soleil, le travail du comité d’évaluation environnementale du Port semble d’une diligence exemplaire : “Selon le registre canadien d’évaluation environnementale, il s’est écoulé 15 jours ou moins (incluant les fins de semaine) entre le moment où l’APQ a exigé une évaluation environnementale et le moment où une décision - toujours favorable - a été rendue dans 6 des 12 dossiers complétés depuis 2008.” (Port de Québec : des évaluations environnementales produites en 15 jours ou moins, Le Soleil, 3 juin 2013), D’une efficacité sans égal lorsqu’il est question de services aux entreprises, d’une lenteur inacceptable pour la préoccupation citoyenne…