Dans un sondage publié cette semaine juste à temps pour la fête du Travail, près des deux tiers des répondants ont déclaré se sentir optimistes à propos de leur sécurité d’emploi pour la prochaine année. (Je ne peux m’empêcher de penser que cet optimisme vient sans doute du fait que l’on se compare avec la piètre situation en Europe et avec celle de nos voisins du sud).
Dans ce même sondage, mené par la Banque de Montréal, près du cinquième des répondants ont dit se sentir coincés dans des emplois sans avenir. C’est ce groupe qui m’inquiète le plus. Si ces données sont représentatives de l’ensemble de la population canadienne, alors c’est une preuve supplémentaire que des millions de gens sont pris dans des emplois dont ils ne veulent pas, gagnent moins que ce dont ils ont besoin sans la perspective de pouvoir améliorer leur situation.
Voilà le véritable défi pour les syndicats : approcher les travailleuses et travailleurs précaires, à faible salaire, à temps partiel et temporaires, y compris les nouveaux arrivants et ceux qui participent à des programmes d’emploi pour travailleurs migrants. De vastes légions de travailleuses et travailleurs sont prises dans la même situation, et c’est ce groupe diversifié qui a le plus besoin d’aide. Dans plusieurs années lorsque nous regarderons en arrière, je crois que la valeur des syndicats sera mesurée par rapport au succès que nous aurons eu à syndiquer ces travailleuses et travailleurs précaires et à avoir amélioré leur vie.
Bien que la tâche soit considérable, je sais que nous pouvons y arriver. Il y a beaucoup de raisons d’espérer et d’être enthousiastes. Les TCA et le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP) planifient de combiner leurs forces, une action dramatique, pour relever ce défi et de nombreux autres au sein de l’économie actuelle. Déjà, les TCA ont voté en faveur de la formation d’un nouveau syndicat avec le SCEP. Un dernier vote est nécessaire ; ce sera au tour des déléguées et des délégués au congrès du SCEP en octobre de se prononcer sur le projet.
Une partie de cette nouvelle initiative consistera à déployer des efforts sans précédent pour approcher des travailleuses et des travailleurs non syndiqués, par le biais de sections locales au niveau communautaire et avec l’aide d’un fonds de recrutement de 50 millions de dollars. Les sections locales seront un carrefour d’activités pour la sensibilisation et la promotion des droits des travailleurs, et pour fournir des services aux membres ainsi qu’aux membres des communautés affiliées. Un nouveau modèle d’adhésion va permettre à l’organisation d’être un véritable syndicat national généraliste et inclusif pour tous les travailleurs, un véritable lieu d’appartenance pour tous les types de travailleurs, peu importe leur profession, leur emploi ou leur statut d’emploi.
À titre de syndicats, nous devons innover. Des organisations comme les syndicats sont des entités vivantes qui évoluent au rythme des besoins. Le virage que nous nous apprêtons à prendre est profond, dramatique et stimulant. Les travailleuses et les travailleurs, peu importe leur origine ou leur statut, auront bientôt le choix sans entrave de se joindre à un syndicat. J’ai confiance que plusieurs vont le faire.