C’est pourquoi, avec des groupes comme Conscience Canada et Nos impôts pour la paix, nous demandons au gouvernement canadien, depuis les années 80, de mettre sur pied un mécanisme nous permettant d’obéir à la fois aux exigences de notre conscience et à celles des lois sur l’impôt. Ces mécanismes existent et nous en avons même proposé quelques-uns aux autorités canadiennes que nous avons rencontrées à plusieurs reprises depuis les années 90.
Bien des Canadiens, dont vous faites partie, croient indispensables l’existence et le renforcement de l’armée canadienne comme on la connaît. Ma conscience m’interdit d’en faire partie directement ou d’y participer indirectement par le biais de mes impôts. Même si ma responsabilité de citoyen et d’objecteur de conscience m’oblige, bien évidemment, à faire ma juste part pour l’établissement et le maintien de l’indispensable sécurité humaine et sociale, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.
C’est pourquoi, avec beaucoup d’autres, nous avons proposé (et sommes prêts à financer) l’établissement de mécanismes structurés de défense, de prévention, de médiation et de maintien de la paix axés sur la nonviolence, cette force active et exigeante qui combat l’injustice sans recourir à la force des armes. Ces moyens alternatifs d’assurer la paix et la sécurité sont à la fois plus prometteurs et moins coûteux (en argent et en vies humaines) à long terme que les moyens militaires traditionnels actuellement utilisés par le Canada et la plupart des pays du monde.
C’est d’ailleurs pourquoi il serait si urgent et important que le Canada décide d’exercer son leadership international pour développer de tels moyens nouveaux qui font cruellement défaut à notre monde, comme il l’a déjà fait dans un certain nombre de dossiers comme celui des mines antipersonnel.
Agir ainsi n’est aucunement un désaveu ou un manque de respect pour les milliers de Canadiens et Canadiennes qui ont servi dans l’armée par le passé ou qui ont donné leur vie à Vimy, en Afghanistan ou ailleurs. C’est au contraire honorer la mémoire de tous ces anciens combattants qui nous rappellent « Plus jamais ! » comme tous ceux et celles qui ont connu les horreurs de la violence et de la guerre.
Notre monde a un urgent besoin de paix et de sécurité. Mais celles-ci ne peuvent jamais être assurées véritablement et durablement, comme l’Histoire nous le montre à répétition, par la force ou la victoire des armes. Les exemples tragiquement actuels de l’Irak et de l’Afghanistan, bien que différents, montrent bien qu’il est beaucoup plus facile de « gagner la guerre » que de « gagner la paix ». Car la paix et la sécurité ne peuvent se construire vraiment que sur la justice, le respect et le dialogue. Et nos armées traditionnelles ne sont pas les mieux équipées pour atteindre ces objectifs indispensables.
C’est pourquoi, si j’avais eu des revenus suffisants pour devoir payer des impôts au gouvernement fédéral en 2006, j’aurais à nouveau, comme par les années passées, retenu la partie militaire de mes impôts (7.9% cette année) et je l’aurais versée au Fonds pour la paix du groupe québécois Nos impôts pour la paix. Mais comme je n’ai aucun impôt fédéral à payer cette année, je vous envoie néanmoins la Déclaration d’impôts pour la paix 2006 en annexe à mon rapport d’impôt et vous redemande de bien vouloir mettre sur pied, le plus tôt possible, un tel Fonds ou mécanisme officiel afin de nous permettre de payer dorénavant la totalité de nos impôts fédéraux avec l’assurance qu’aucune partie de ceux-ci n’ira au financement de l’armée ou d’autres activités militaires.