Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

22 avril Jour de la Terre

Charest, ça suffit !

Manifeste pour un printemps érable

2011 fut l’année de l’indignation et de la révolte. Le printemps arabe a fait vaciller des autocraties, emporté des dictateurs, déstabilisé des régimes et poussé de nombreux autres à concéder des réformes. Les images de ces peuples arabes détrônant leurs oligarchies ont fait le tour du monde et donné l’exemple.

S’inspirant des occupations spontanées des places publiques dans le monde arabe, les premiers Indignés sont apparus en Espagne, alors que le pays s’était vu imposer de profondes mesures d’austérité. Les Espagnols mettaient en évidence les limites réelles de la démocratie dans ce pays fortement touché par la crise économique, subissant les diktats des marchés financiers et où 46% des jeunes sont au chômage. L’initiative a fait des émules et le mouvement s’est répandu en Europe et au-delà.

Le mouvement s’est prolongé en Amérique du Nord, à partir de New York, autour de l’initiative Occupy Wall Street. Le mouvement entend s’attaquer au 1% des personnes les plus riches (grandes banques et des entreprises multinationales) qui dictent les lois d’une économie mondiale injuste qui hypothèque notre avenir à tous. Le mouvement s’est ensuite propagé à plus de 100 villes américaines, mais aussi au Canada (Vancouver, Toronto, Ottawa, Montréal).

Révoltés arabes, indignés européens ou occupants américains, tous se sont rassemblés derrière le même message d’espoir : Un autre monde est possible !

Ce vent de contestation mondial contre des élites économiques et politiques déconnectées des préoccupations légitimes de peuples précarisés à qui on demande de toujours payer plus, de toujours travailler plus, et de ne surtout rien demander en retour, souffle aujourd’hui sur le Québec. Le courageux combat des étudiant(e)s pour le droit à l’éducation constitue aujourd’hui le fer de lance d’un profond mouvement d’indignation et de mobilisation populaire qui remue le Québec depuis plusieurs années. La manifestation monstre du 22 mars a lancé le printemps érable !

Inscrivons-nous dans ce courant mondial de révolte et prenons en exemple les Islandais(e)s qui, en janvier 2009, ont poussé à la démission le gouvernement néolibéral de Geir Haarde qui avait participé à la genèse de la crise économique et sociale dans lesquelles a plongé ce pays en 2008.

C’est au tour du Québec de mettre à bas sa clique corrompue !

Charest, ça suffit ! exigeons la démission du gouvernement !

Si la jeunesse est l’avenir d’une société, l’éducation est sa force pour construire une société juste, durable et solidaire. Pourtant, dans un monde aux prises avec une crise économique et écologique causée par des politiques à courte vue dictées par une oligarchie financière qui ne se préoccupe que de son profit à court terme, le Québec ne conçoit sa jeunesse que comme une simple ressource exploitable. La recherche du profit à tout prix, la corruption et la collusion avec le monde des affaires sont devenus la marque de commerce du gouvernement Charest. Cela fait des années que cela dure. Les PPP, le « Mont-Orford, le Suroît, les gaz de schistes, Malartic, le plan Nord, le financement occulte du parti libéral, le scandale de la construction, la corruption dans la nomination des juges… autant d’affaires et de projets témoignant d’un usage éhonté du pouvoir, d’une avidité du profit tiré de l’exploitation de nos ressources collectives par des intérêts privés. Nous voilà revenus à l’ère Duplessis.

Si la terre ne dit mot lorsqu’on l’éventre pour en tirer les minerais tant convoités par les marchés mondiaux, la jeunesse étudiante elle, sait s’indigner et faire entendre sa voix. Ce n’est pas aux jeunes étudiants de payer la dette du Québec. Plutôt que de distribuer des millions à des entreprises multinationales qui délocaliseront leurs activités dès qu’elle flaireront de meilleurs profits ailleurs, le gouvernement québécois devrait investir dans sa jeunesse, seule garante de notre avenir commun. Un débat de société est plus que jamais nécessaire, et le mutisme du gouvernement ne l’encourage pas. Dans quelle société voulons-nous vivre ? Comment souhaitons-nous partager les savoirs et les ressources au Québec ? Quelle avenir souhaitons-nous pour nos enfants et quelle société allons-nous leur léguer en héritage ?

L’obstination bornée du gouvernement à ne pas vouloir entendre sa jeunesse a fait naître au Québec une profonde aspiration au changement. La grève étudiante est devenue le catalyseur d’un mouvement social plus global, nourri d’indignation envers nos élites politiques arrogantes qui ont, après près de 10 années passées au pouvoir, visiblement perdu tout sens de l’intérêt général. Nous sommes mûrs pour un printemps québécois ! Nous avons besoin d’une nouvelle Révolution tranquille afin de construire un projet de société novateur et porté vers l’avenir.

Ainsi, nous revendiquons :

Le droit à l’éducation pour tous, sans discrimination liée à l’argent.

Le droit à un environnement sain et à la préservation de nos ressources naturelles, pour protéger notre eau, nos rivières, nos forêts, nos régions, et ne pas céder à l’appétit vorace des compagnies minières, pétrolières et gazières.

Les droits des peuples autochtones sur leurs terres ancestrales, et nous sommes solidaires des femmes Innues de la Côte-Nord en marche vers Montréal.

Le droit de jouir d’un État responsable et démocratique au service de sa population et non des intérêts financiers, soit un État qui livre des services publics de qualité, qui refuse les privatisations, et qui légifère contre la hausse illégitime des tarifs de toutes sortes.

Le droit au pacifisme et à la solidarité internationale en affichant clairement la dissidence du Québec par rapport aux politiques militaristes et commerciales du gouvernement conservateur fédéral.

Le droit à une économie locale, durable, solidaire et sociale qui mette l’humain au centre de ses préoccupations, qui permette un vrai développement du Québec et qui mette fin aux les délocalisations abusives et ravageuses.

À l’instar des slogans entendus dans les rues arabes, il est temps de dire au gouvernement Charest "envoye à maison" ! et de construire ensemble le Québec de demain. Nous sommes tous collectivement responsables de notre avenir. Il est temps de se lever et d’agir ensemble. C’est un geste à la fois que nous changerons le monde, et nous pouvons commencer de plusieurs manières :

Affichons nos couleurs et portons fièrement le carré rouge sur la poitrine, dans nos fenêtres, à nos balcons !

Mobilisons-nous lors des grandes manifestations à venir, notamment celle du 14 avril pour un printemps québécois et celle du 22 avril pour le Jour de la Terre

Partageons ce manifeste autour de nous, discutons-le, suscitons un véritable débat de société

Reprenons sans cesse ce slogan : Charest ça suffit ! nous voulons la démission du gouvernement Charest !

FAISONS ENTENDRE NOTRE VOIX,

IL EST TEMPS DE CONSTRUIRE LE QUÉBEC DONT NOUS RÊVONS

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