« Les travailleurs de l’usine d’Alma de Rio Tinto Alcan sont fiers de joindre leur voix à ce mouvement », a fait savoir Marc Maltais, président de la section locale 9490. « En choisissant de se concentrer sur la notion de bien commun, les organisateurs de cet événement nous rappellent que ce qui appartient à tous n’appartient à personne, que la vie humaine est impensable sans l’eau, l’air et la terre et que le développement et le bien-être de nos collectivités ne vont pas sans éducation, sans démocratie, sans respect du travail d’autrui et surtout, sans justice sociale ».
Le 30 décembre dernier, Rio Tinto Alcan a mis illégalement ses travailleurs en lock-out, en pleine nuit, 24 heures avant d’en obtenir le droit. Depuis, l’entreprise continue pourtant à exploiter ses barrages et Hydro-Québec est tenue d’acheter au tarif grande puissance l’énergie que ces derniers produisent. À 45,30$ du MW, cela représente des revenus bruts mensuels de 14,5 M$. « Non seulement ce conflit se fait-il au détriment des travailleurs, mais aussi avec l’argent des contribuables du Québec, en utilisant de surcroît une ressource qui fait partie de notre bien commun », déclare Daniel Roy, directeur du Syndicat des Métallos. Aussi, dans une entente secrète rendue publique à la fin mars par le quotidien Le Devoir, on peut apprendre que le gouvernement du Québec a accordé à Rio Tinto Alcan un prêt de 400 M$ sur 30 ans, l’équivalent de 50$ par Québécois, et ce… sans intérêt.
Rappelons qu’à Alma, les travailleurs de l’usine de Rio Tinto Alcan luttent pour des emplois de qualité dans leur région, pour aujourd’hui et pour demain. Le conflit ne porte pas sur les conditions salariales, mais sur le recours à la sous-traitance, au fil des départs à la retraite. Sans se déclarer contre toute forme de sous-traitance, le syndicat réclame un mécanisme pour limiter celle-ci afin qu’à travail égal, il y ait salaire égal.
« Si le Québec fournit de l’électricité à Rio Tinto Alcan, cette dernière doit fournir des emplois de qualité », affirme Marc Maltais. « En effet, pourquoi remplacer des travailleurs syndiqués par des emplois payés à la moitié du salaire ? ».
Le 31 mars dernier, pour souligner le troisième mois de lockout, 8000 citoyens (dont plusieurs dirigeants syndicaux de partout à travers le monde) sont venus appuyer dans une Grande Marche, à Alma, les employés de l’usine locale de Rio Tinto Alcan.