Après une analyse des offres reçues hier, la FIPEQ-CSQ se sent bernée par le gouvernement, à la suite des propos prometteurs exprimés par le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, durant les derniers mois. Contrairement aux engagements d’offrir des améliorations des conditions salariales qui correspondent à l’importance du travail des intervenantes en CPE pour la société québécoise, dans les faits, les bonifications de la rémunération sont minces et ne seront pas compétitives sur le marché du travail.
Dans son dépôt, la partie patronale propose une convention collective de 4 ans avec des augmentations de 2 % par année sur les trois premières années pour l’ensemble des salariées en CPE et une clause remorque avec le secteur public pour la dernière année, au moment des prochaines négociations. Les éducatrices qualifiées mériteraient 6 % supplémentaire, applicable uniquement la troisième année de la convention collective (2022-2023), mais pas durant les deux premières années, pendant que les éducatrices non qualifiées recevraient 3 % supplémentaire pour cette même année. La FIPEQ-CSQ rappelle qu’il y a un important exode d’éducatrices depuis plusieurs années et qu’aujourd’hui il ne s’agit plus d’une rareté de main-d’œuvre, mais bel et bien d’une pénurie qui ne cesse de s’accentuer. Elle soutient qu’il y a urgence d’agir, et ce, à court terme. Après calcul, les augmentations totales restent moindres que celles exigées par les membres de la FIPEQ-CSQ : 21.4 % sur trois ans pour une éducatrice au dernier échelon et 27 % pour une éducatrice au premier échelon de la grille salariale.
« Ce qu’on en comprend est que nous devons en faire toujours plus avec moins. Nous demandions de la reconnaissance depuis trop longtemps et ce que nous recevons est décevant pour nos membres. On nous offre du temps supplémentaire obligatoire et on favorise des semaines de travail plus longues, une réduction des congés et moins de sécurité d’emploi pour les remplaçantes. En échange, on nous offre des salaires qui ne reflètent pas nos emplois à leur juste valeur. Nous devons continuer à travailler au rabais, sans être reconnues, pendant que notre réseau continue à porter l’économie du Québec à bout de bras. Il permet aux parents, aux mères surtout, de rester sur le marché du travail et d’être indépendants financièrement. Il est le premier maillon du réseau de l’éducation durant les années les plus cruciales pour le développement des enfants. Nous avions confiance que le ministre de la Famille comprenait l’importance de notre contribution, en disant vouloir réformer le réseau et profiter de cette négociation clé pour améliorer la situation », martèle Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.
La FIPEQ-CSQ souligne que maintenant que chaque partie a déposé ses demandes, il est temps que la vraie négociation commence. Elle condamne notamment le manque d’incitatifs financiers pour l’ensemble des autres corps d’emploi en CPE qui n’obtiennent rien de plus, comparativement aux salaires nettement plus élevés dans d’autres secteurs. La fédération déplore aussi que la plupart de ses autres demandes n’aient pas été retenues, et plus particulièrement celles sur la réévaluation des emplois et de la reconnaissance des nouvelles responsabilités des intervenantes. La partie patronale n’offre rien non plus pour la mise en place d’un plancher d’emploi afin d’offrir plus de soutien aux éducatrices et des interventions de meilleure qualité aux enfants, et toujours rien pour l’augmentation des ressources pour les enfants ayant des besoins particuliers.
Les salariées s’attendent à des solutions concrètes à la pénurie de main-d’œuvre et, selon la fédération, les offres sur la table ne pourront retenir celles qui songeaient à quitter le réseau de la petite enfance. Aucune nouvelle mesure ne pourra offrir des avantages suffisants pour attirer la relève ou donner un répit aux salariées des CPE, victimes d’une surcharge de travail monstre et d’un manque de ressources criant.
« En ce moment, nous avons eu très peu de réponses aux demandes de nos membres qui se sentent dévalorisées. Il faut que le gouvernement comprenne que pour résoudre la crise, causée par une réelle pénurie, les intervenantes doivent vouloir rester dans notre réseau. Il en faudra bien plus que ce qu’il nous offre et nos membres sont mobilisées pour le prouver. Nous rencontrerons les membres de nos syndicats au cours des prochaines semaines et nous continuerons de collaborer avec les parents, qui sont derrière nous et attendent par milliers une résolution positive pour l’automne », conclut Valérie Grenon.
Rappelons que les conventions collectives des membres en CPE de la FIPEQ-CSQ sont échues depuis mars 2020. Depuis plus d’un an, la fédération presse le gouvernement du Québec d’arriver rapidement à une entente et de collaborer pour trouver des solutions communes à la crise dans le réseau de la petite enfance. La FIPEQ-CSQ a aussi sollicité à plusieurs reprises l’appui du ministre de la Famille et ses homologues du gouvernement. En tenant compte du contexte de la pandémie, la FIPEQ-CSQ avait revu à la baisse ses demandes de 2020. Elle continue à réclamer notamment des postes de soutien aux intervenantes en CPE, une réévaluation des emplois, ainsi que des hausses salariales qui varient selon les échelles salariales, composées d’une augmentation en pourcentage et d’une augmentation en dollars, afin de favoriser l’attraction et la rétention du personnel.
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