Août 1939. Sylvanie Penn s’entasse avec ses deux sœurs et son petit frère dans un wagon de train. C’est au pensionnat d’Eremo qu’ils sont envoyés, loin, très loin de la maison de l’Anneau d’hier. Là-bas, il faut cacher son corps et retenir son amour ; les religieuses leur enseignent la peur, la honte et le sacrifice de soi. Heureusement il y a les livres et les jeux de l’enfance qui permettent de supporter toute cette cruauté, et de la dire ensuite.
Depuis son petit lit austère, Sylvanie Penn a soif d’humanité, de justice et de sensualité. Elle décrit dans une langue inventive un monde en guerre, un clergé censeur et ridicule, et surtout un amour indomptable pour sa famille, pour les mots, pour la belle Alix et le boitillant Clovis. Dans le désert d’Eremo, les enfants plantes poussent comme ils peuvent, et en Sylvanie s’éveille une révolte profonde, prête à tout renverser.
Louky Bersianik est une écrivaine visionnaire née à Montréal en 1930 et emportée par la maladie en 2011. C’est en publiant le roman triptyque L’Euguélionne (1976) qu’elle entame l’une des œuvres féministes les plus savantes et épiques du siècle dernier. Poète, romancière et essayiste, on lui doit aussi Le pique-nique sur l’Acropole (VLB, 1979) et La main tranchante du symbole (Remue-ménage, 1990).
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