Nous sommes pour le moins choqué.e.s que pareils propos puissent être tenus par un éducateur en 2017 dans un collège situé dans une ville comme Montréal où la multiethnicité des écoles est désormais une donnée incontournable. Notre consternation est d’autant plus grande que cet éducateur est doublé d’un politicien, un faiseur d’opinion.

Mais, au-delà du manque de jugement flagrant de M. Paquette et de ses excuses, dont nous prenons acte, ses paroles renvoient à un questionnement d’ordre sociétal, pédagogique et tout simplement humain. Cette déclaration non anodine, à notre sens, met en lumière des problèmes profonds, occultés, que vit tout un pan de la jeunesse québécoise. Nous sommes en droit de nous demander comment le professeur Paquette savait que les étudiant.e.s retardataires étaient tous et toutes des « Noir.e.s ». S’agit-il d’un profilage ? De plus, alors même que cela s’avèrerait juste, au lieu de stigmatiser des étudiant.e.s, en tant qu’éducateur, cette situation ne devrait-elle pas au contraire l’interpeler ?

Nous osons imaginer que M. Paquette ne pense pas que les problèmes académiques des « Noirs » se trouvent dans leurs chromosomes. Néanmoins, nos soucis sont très grands quand nous apprenons, selon les dires de M. Paquette lui-même, qu’il n’a pas jugé bon d’intervenir sur le champ auprès des étudiant.e.s, faisant ainsi fi des impacts psychologiques dévastateurs que ses paroles peuvent avoir sur des étudiant.e.s « noir.e.s » déjà fragilisé.e.s dans sa classe. Car, faut-il le rappeler : les stéréotypes, le profilage racial, en tant qu’éléments de racialisation, structurent les expériences vécues par les jeunes issus de minorités ethniques. Le fait d’être victime de la discrimination raciale engendre une perception négative chez ces jeunes de leur propre groupe ethnique, ce qui peut entrainer un manque d’assurance, le développement d’une faible estime de soi allant jusqu’à la dépression.

Oui, nous du RPRJ, sommes inquiet.ète.s étant donné que nous travaillons justement avec des jeunes du groupe ciblé par les propos discriminatoires de M. Paquette et que nous sommes témoins des nombreux défis auxquels ils ont à faire face dans leurs activités éducatives, sociales et culturelles. Nous souhaitons que cet incident, au-delà de la personne, serve de levier pour une réflexion sérieuse au sein des Cégep tant sur la déontologie du corps professoral que sur les besoins spécifiques de certain.es étudiant.e.s.

Rappelons que nous intervenons auprès des jeunes des communautés ethniques minoritaires de la région de Montréal et ses environs pour les accompagner dans leurs démarches de réussite scolaire et sociale. Aussi, nous les invitons à cette occasion, particulièrement les jeunes qui composent avec cette dure réalité sociale, à venir en discuter avec nous, au sein du regroupement et ils/elles trouveront à la fois une oreille attentive et des mécanismes qui leur permettront de poursuivre leurs études, cultiver le sentiment d’appartenance à la société dans laquelle ils/elles vivent et progresser harmonieusement dans leur démarche de réussite. Vous pouvez nous écrire à l’adresse courriel : regroupement.rprj.2015@gmail.com