Tiré du blogue de l’auteure.
A ceux qui lèvent le sourcil et s’inquiètent de cette curieuse façon de concevoir des élections, le responsable en charge de l’organisation répond : « il n’y a pas de système de démocratie ou de gouvernement unique, un système qui convienne à tous. Ce système est parfait pour ESwatini (le pays des Swazis) parce que ce pays est un pays moderne qui veut préserver ses traditions et sa culture ». La célèbre danse des roseaux fait partie de cette culture, quand des filles vierges danse, vêtues d’un léger pagne, devant le roi chaque année pour qu’il choisisse une nouvelle épouse. Il en a déjà 14, mais une plus jeune rejoint la couche royale chaque année.
Tous les cinq ans donc une parodie d’élections à lieu. Aucun parti ne peut présenter une liste de candidats, seuls des individus peuvent se présenter à titre individuel selon la Constitution promulguée en 2006. En 2009, la Cour suprême avait confirmé que l’exclusion des partis politiques du processus électoral ne constituait pas une violation du droit d’association puisque les élus peuvent se regrouper selon leurs affinités pour former une association. Elle a rendu le même jugement le 20 juillet 2018 contre le Parti démocratique du Swaziland (SWADEPA) qui avait demandé l’autorisation de se présenter aux élections en tant que parti politique.
Aux dernières élections en 2013, La Commission internationale des juristes avait sévèrement critiqué la décision de la Cour suprême « qui viole le droit d’association et restreint le droit d’expression et le droit de participer aux affaires publiques ». La mission des observateurs du Commonwealth avait aussi émis de sérieux doutes sur la démocratie royale et demandait la réduction des pouvoirs du roi Mswati III, qui intervient dans tous les aspects de la vie politique du pays. L’Union africaine (UA) avait émis le même jugement en 2012 en demandant au gouvernement de Sa Majesté « de respecter, de protéger et d’appliquer la liberté d’expression, la liberté d’association et la liberté de rassemblement ».
Le peuple swazi n’a aucun droit dans le choix de ses dirigeants, le roi nomme 10 représentants sur les 65 que compte l’Assemblée nationale et 20 membres du Sénat sur 30, les dix autres étant nommées par l’Assemblée nationale. Le roi choisit son premier ministre qui ne peut être qu’un homme dont le nom de famille est Dlamini. Le roi aussi est un Dlamini.
On estime la fortune du roi à quelques 1,6 millions de dollars ; pour son 50éme anniversaire il portait un costume orné de diamants et il s’est offert un Airbus340 rénové à son goût ; il possède une flotte imposante de Mercedes et BMW pour lui et ses femmes qui vont faire leur shopping dans le monde entier. Le pays compte un peu plus d’un million d’habitants et sept sujets de sa majesté sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour. Le taux de prévalence du sida est le plus élevé du monde avec 27,2 % de la population adulte.
Pour les partis d’opposition comme le Pudemo, qui est qualifié d’organisation terroriste et qui a appelé au boycott, tout cela est une farce. La campagne électorale a été relativement discrète, mais de violentes manifestations pour des augmentations de salaires ont eu lieu ces derniers jours. Les sujets de Mswati III commencent à s’impatienter et réclament le droit de se mêler de leurs affaires.
Les résultats de la mascarade seront connus dès le lendemain du vote. Si l’Union africaine et l’organisation régionale SADC ont envoyé des observateurs, ni le Commonwealth, dont eSwatini fait partie, ni l’Union européenne n’ont jugé utile d’envoyer des observateurs. Longue vie au roi !
Source Swazinewsletter
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