Après l’échec de la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) en février, on s’était demandé si les grands projets protéiformes avaient encore une chance de convaincre une majorité des citoyens. Fort heureusement, la réponse est oui. L’acceptation de la nouvelle loi sur l’énergie est une bonne nouvelle, car elle ouvre la porte à la réorientation d’un mix énergétique qui aura fait son temps dans quelques années. Comme le charbon fut naguère remplacé par le nucléaire, ce dernier cédera progressivement la place à de nouvelles ressources.
La raison l’a emporté sur la peur. Il aurait été dommage que cette loi soit refusée à cause de craintes très ciblées – celles exprimées par les ennemis jurés des éoliennes – ou totalement exagérées – les sottes menaces, proférées par l’UDC, de devoir payer 3200 francs de plus par année, se doucher à l’eau froide ou rationner sa consommation de bananes. La population suisse ne s’est pas laissé duper.
Elle est consciente que la production d’énergie atomique est entrée dans sa dernière phase de vie. Dans la logique du vote de novembre 2016 sur l’initiative « Sortir du nucléaire », qui voulait arrêter tous les réacteurs dans un délai de douze ans mais a été rejetée, elle opte pour l’abandon progressif de cette ressource et se dote des instruments qui favoriseront les énergies de substitution. On garde les centrales nucléaires tant qu’elles sont sûres, peut-être pendant encore une vingtaine d’années, on prépare le terrain pour une production décentralisée combinant du photovoltaïque, de l’éolien, peut-être de la géothermie, et on continue de s’appuyer sur l’électricité hydraulique.
Ce principe posé, tout reste à faire. Au terme d’une campagne extraordinairement hargneuse, on aimerait tourner la page et passer à autre chose. Mais ce n’est pas possible. D’une part, la Stratégie énergétique 2050, raisonnable, fixe un cadre global pour l’approvisionnement énergétique futur du pays. Mais elle n’est pas parfaite. Ni complète. Tout (ou presque) est à construire.
D’autre part, il faut se mettre sans tarder au chevet du secteur de l’hydroélectricité, malmené depuis que les prix se sont effondrés sur le marché européen. Il doit être impérativement consolidé, et ce sera forcément la prochaine étape. C’est une affaire complexe et urgente. Dans la nouvelle loi, le modèle de subventionnement des nouvelles énergies renouvelables sera étendu aux propriétaires de barrages en difficulté. Ce mécanisme est transitoire et limité dans le temps.
A moyen terme, des solutions moins administrées devront être trouvées, sans que les consommateurs, qui ont accepté dimanche de payer leur kilowattheure 0,8 centime plus cher, doivent en faire les frais. Différents soutiens sont à l’étude. Mais aucun n’est mûr. Pour sortir de l’impasse, il faudra que tous les acteurs jouent le jeu en toute transparence. De ce point de vue, il y a encore des efforts à faire.
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