4 février 2022 | tiré du site du journal The Guardian
Il y a aussi les innombrables récits des employé.e.s selon lesquels l’entreprise est si avare en temps de pause qu’ils et elles n’ont souvent pas assez de temps pour aller et venir aux toilettes sans se faire démériter pour avoir dépassé leur quota quotidien de temps de pause.
Travailler chez Amazon ressemble à travailler dans une usine de transformation de volaille, où les travailleurs et les travailleuses portent souvent des couches pour adultes parce que les patrons peuvent leur dire qu’ils et elles ne peuvent pour le moment faire une pause.
Les travailleurs et travailleuses d’Amazon continuent d’endurer cette douleur et cette tension, même si Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon et l’être humain le plus riche du monde, a déclaré son intention de faire d’Amazon « le meilleur employeur de la Terre et le lieu de travail le plus sécuritaire de la Terre ». De toute évidence, Bezos ne se rend pas compte que toute entreprise dont les travailleurs et les travailleuses partent après huit mois en moyenne est à des années-lumière d’être le meilleur employeur de la Terre.
Quant à être le lieu de travail le plus sûr, Bezos ne devrait pas insulter l’intelligence des travailleurs et des travailleuses ou du public avec une telle affirmation, étant donné que le taux de blessures graves dans les entrepôts d’Amazon en 2020 était près de deux fois plus élevé que dans les autres entrepôts des E-U.
La moyenne de huit mois que les travailleurs et les travailleuses restent à Amazon n’est qu’un sixième de la durée moyenne d’emploi des 155 millions de travailleurs et travailleuses des E-U.
Si les travailleurs et les travailleuses d’Amazon avaient un syndicat, une vraie voix au travail, une voix dans l’élaboration et l’amélioration des conditions de travail - peut-être en déstressant et en ralentissant les cadences - Amazon pourrait faire quelques pas vers l’objectif déclaré de Bezos de devenir le meilleur employeur de la Terre. Il y a des années où Amazon fait plus de 500.000 nouvelles embauches, avant de les mâcher et recracher.
Certain.e.s voient une méthode antisyndicale dans la folie stress-o-matic d’Amazon, qui souhaiterait en effet que ses travailleurs et travailleuses ne restent que peu de temps, parce que cela les amène à considérer que ce n’est pas la peine de se battre pour un syndicat. Avec un tel roulement de personnel, il est extrêmement difficile pour les organisateurs syndicaux, organisatrices syndicales et les travailleurs et les travailleuses qui souhaitent un syndicat de convaincre les autres des bénéfices de la syndicalisation.
La volonté de l’entreprise de violer les lois du travail rend encore plus difficile la syndicalisation chez Amazon. Ayant constaté de nombreuses violations du droit du travail par Amazon dans son entrepôt de Bessemer, en Alabama, le NLRF (Conseil national des relations du travail) a fait pression sur l’entreprise pour la forcer à se conformer aux lois fédérales qui protègent le droit des travailleurs et travailleuses à se syndiquer.
Mais un mois seulement après ce règlement, le NLRB a de nouveau accusé Amazon de graves violations du droit du travail, cette fois dans son entrepôt de Staten Island. Dans une plainte déposée le 27 janvier, le NLRB a déclaré que l’un des principaux consultants antisyndicaux d’Amazon, Bradley Moss, avait qualifié les organisateurs syndicaux de « voyous », un mot que certain.e.s considèrent comme insensible à la race, étant donné que la plupart des organisateurs et organisatrices à Staten Island sont noir.e.s.
Le NLRB a trouvé qu’Amazon avait commis d’autres illégalités : il a confisqué la littérature pro-syndicale et a empêché les travailleurs et travailleuses de distribuer des dépliants dans les salles de repos. La direction a aussi interdit aux travailleurs et aux travailleuses de distribuer la littérature syndicale sans sa permission.
Amazon a remplacé Walmart en tant que l’employeur le plus férocement antisyndical du pays. Cette semaine, plus de 6,000 travailleurs et travailleuses de l’entrepôt d’Amazon à Bessemer ont une seconde chance de voter sur l’opportunité d’avoir un syndicat ; le NLRB a ordonné une nouvelle élection après avoir affirmé que des illégalités d’Amazon ont empêché le premier vote syndical.
Un vote en faveur de la syndicalisation chez Amazon serait un signal énorme et plein d’espoir pour les travailleurs et les travailleuses à travers les États-Unis que même dans entreprise aussi férocement antisyndicale comme Amazon, ils et elles peuvent s’organiser pour améliorer leur conditions de travail et leur vie.
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