Une offre qui ne fait qu’un seul gagnant
L’offre portant spécifiquement sur les « paramètres salariaux » passe d’un très modeste 9% sur 5 ans à un insatisfaisant 10,3% pour la même période. Dans le communiqué émis par le Conseil du trésor il est précisé ceci : « cette négociation doit mener à des gains, de part et d’autre ». Nous pouvons donc nous demander qui profitera principalement de cette augmentation salariale paramétrique de 10,3% pour 5 ans. Les salarié.e.s syndiqué.e.s ou l’État employeur ?
Dans un contexte où l’inflation prévue et anticipée pour ces mêmes cinq années de durée du contrat de travail serait de 18%, il s’agit là d’une proposition d’augmentation salariale qui profitera principalement et uniquement à l’État employeur. Cette « offre globale » ne fait par conséquent qu’un seul gagnant : le gouvernement et lui seul.
D’autres journées de grève sont à prévoir
Manifestement, cette offre gouvernementale aura pour effet de susciter du mécontentement du côté des travailleuses et des travailleurs et des huit organisations syndicales qui les représentent. Le calendrier stratégique devrait être révisé et inclure de nouvelles journées de grève et pas uniquement du côté du Front commun intersyndical ou de la FIQ.
« Offre globale » et non « Offre globale et finale »
Retenons de l’exercice effectué ce matin par la présidente du Conseil du trésor qu’elle n’a pas parlé d’une « Offre globale et finale ». Nous pouvons donc nous attendre à une nouvelle proposition salariale patronale d’ici le 22 décembre 2023. De combien de pourcentage additionnel cette offre sera-t-elle bonifiée ? Là est la question comme dirait l’Autre.
Un contrat de trois ou de cinq ans ?
Lors de la ronde de négociation 2020-2022, la ministre Sonia Lebel avait accepté de conclure un contrat de travail d’une durée de trois ans à la demande, précisait-elle, des organisations syndicales. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Les huit organisations syndicales demandent toujours une convention collective de 3 ans. La ministre caquiste va-t-elle répondre positivement à la demande syndicale ou est-elle la seule à souhaiter un contrat de travail d’une très longue durée ? C’est à surveiller.
Les salarié.e.s syndiqué.e.s sont aussi des contribuables
Nous avons démontré dans un article précédent qu’un pour cent d’augmentation salariale dans les secteurs public et parapublic n’équivalait pas à 600 millions, mais bien plutôt à environ 467 millions[1]. Il faut toujours se rappeler aussi que les salarié.e.s syndiqué.e.s sont également des contribuables. Ces personnes doivent chaque année acquitter leur impôt et payer des taxes sur plusieurs transactions. Sur le salaire accordé aux salarié.e.s syndiqué.e.s il y en a une bonne partie qui sert à garnir et à renflouer les coffres de l’État en impôt et autres cotisations ou ponctions diverses impératives et incontournables. Combien au fait coûte au gouvernement 1% d’augmentation salariale paramétrique une fois l’impôt retenu à la source, les cotisations diverses déduites et les autres taxes provinciales payées ? À une ou à un comptable qui sait mieux compter que François Legault de nous le dévoiler. Une chose est certaine, toute augmentation salariale dans les secteurs public et parapublic est une source de revenus très intéressante pour le trésor public.
Conclusion
À la lecture des différents communiqués syndicaux publiés par les organisations syndicales (voir plus bas) vous serez à même de constater que cette deuxième offre salariale - et non quatrième - a plutôt été reçue froidement… Tellement froidement que le climat social devrait se mettre à chauffer au cours des prochaines semaines. À ce moment-ci, nous pouvons prévoir qu’il y aura fort probablement, tout au long du mois de novembre, de nouvelles journées de grève dans les secteurs public et parapublic. Reste à savoir si la présente ronde se conclura dans un cadre négocié ou imposé unilatéralement.
Le gouvernement Legault arrivera-t-il enfin avec une offre qui reconnaît la valeur de la force de travail de ses salarié.e.s syndiqué.e.s ou va-t-il continuer à les traiter comme une main-d’œuvre à exploiter en les sous-rémunérant ? Est-il nécessaire de mentionner que tout contrat de travail qui ne prévoit pas une clause automatique de pleine indexation des salaires entraîne, pour les travailleuses et les travailleurs concerné.e.s, une dévalorisation de leur prestation de travail et une réelle érosion de leur pouvoir d’achat.
Il ne reste que quelques semaines à François Legault pour qu’il nous démontre si son gouvernement se comporte en employeur qui traite dignement et équitablement ses salarié.e.s syndiqué.e.s ou s’il agit en État employeur Séraphin, c’est-à-dire en employeur qui voit ses employé.e.s comme des subordonné.e.s qu’il peut sous-rémunérer.
Décidément, la lenteur avec laquelle le gouvernement Legault négocie et modifie sa position de départ correspond à un authentique et un insupportable supplice de la goutte d’eau…
Yvan Perrier
29 octobre 2023
17h30
Communiqué du Front commun (CSN-CSQ-FTQ-APTS)
Négociation dans le secteur public - Un dépôt insultant, une fois de plus
QUÉBEC, le 29 oct. 2023 /CNW/ - « Beaucoup de bruit pour rien : une bonification pitoyable de seulement 1,3 % sur une durée de cinq ans. » C’est avec une vive déception, mais peu d’étonnement, que les porte-paroles du Front commun ont pris connaissance du dépôt effectué ce matin par le Conseil du trésor, lequel est reçu comme un affront. Encore une fois, le gouvernement démontre son incapacité à comprendre les difficultés vécues dans les services publics et à réaliser l’urgence de sauver le bateau qui est en train de couler. Il prouve de plus sa déconnexion complète face à la colère des travailleuses et des travailleurs qui, épuisés, portent sur leurs épaules des services publics plus que jamais fragilisés.
« Ce dépôt est une nouvelle claque au visage des 420 000 travailleuses et travailleurs du Front commun. C’est une insulte. C’est trop peu trop tard. Pour nos gens, tendre l’autre joue, c’est terminé », ont tonné d’une seule voix les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.
Malgré le fait que 100 000 personnes sont venues appuyer le Front commun dans les rues le 23 septembre, malgré un mandat de grève générale illimitée adopté à 95 % et l’annonce d’une première journée de grève, l’éléphant a encore accouché d’une souris. Le gouvernement continue de vouloir tout décider seul, de tout imposer, habitué à manœuvrer ainsi depuis sa première élection, en 2018.
« Nous ne voyons rien dans ce dépôt qui permettrait de lever la grève. Nous devons nous rendre à l’évidence. La grève est la seule solution pour que le gouvernement comprenne. Puisqu’il le souhaite, on va l’exercer haut et fort le 6 novembre prochain », ont renchéri les porte-paroles. Ces derniers ont aussi précisé qu’ils prendront le temps d’analyser le dépôt en détail et en feront la présentation à leurs instances respectives, mais il ne fait déjà aucun doute qu’il n’est pas à la hauteur des attentes de leurs membres.
Offre salariale
L’offre salariale, qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période, ne réglera en rien l’immense retard que subissent les 420 000 travailleuses et travailleurs regroupés en Front commun par rapport aux autres Québécoises et Québécois.
« La nouvelle offre salariale ne réussira pas à nous sortir de l’appauvrissement proposé par le gouvernement. Nous jouons toujours dans le même mauvais film, un film catastrophe. »
Rappelons que le gouvernement a choisi de donner aux parlementaires 30 % d’enrichissement et de rattrapage auxquels viendront s’additionner d’autres augmentations annuelles et qu’il a offert 21 % aux policiers de la Sûreté du Québec. L’entente salariale à convenir avec le Front commun devra le considérer.
« Nous constatons que ces offres substantielles ont été offertes à des emplois à majorité masculine, alors que les services publics, composés à 78 % de femmes, ne se font offrir que des miettes. On est encore devant une discrimination inacceptable envers les femmes. »
Primes
En reconduisant certaines primes jusqu’au renouvellement de la convention collective, la ministre LeBel a posé le seul geste sensé dans le contexte, mais il ne s’agit pas d’un gain, c’était déjà acquis. S’attaquer aux conditions de travail et de pratique des travailleuses et des travailleurs œuvrant dans des secteurs en difficulté, de la part d’un gouvernement qui prétend vouloir être un employeur de choix, aurait été une grave erreur. Cependant, en mettant fin à des mesures administratives prévues dans le cadre de la COVID-19, le gouvernement met le feu aux poudres.
Retraite
Le recul du gouvernement sur une mesure de « détention » qu’il voulait imposer au Régime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) - soit le fait de faire passer la retraite sans pénalité de 55 à 57 ans pour les personnes ayant 35 ans de service - constitue une bonne nouvelle, certes, mais l’attaque majeure demeure alors que le régime est pourtant en excellente santé financière, dont la réduction des rentes exigées sous prétexte d’une bonification du régime de rentes du Québec (RRQ).
Tables sectorielles
Le règlement de cette négociation passe certes par une entente à la table centrale, mais également aux tables sectorielles. « Malgré tous les signaux envoyés à ces tables, dont l’élagage mené récemment, nos vis-à-vis patronaux répondent qu’ils n’ont aucun mandat pour parler même de leurs propres demandes. Nous sommes rendus à nous questionner sur la volonté et la capacité du gouvernement à convenir d’ententes satisfaisantes prochainement. »
Comme toujours, le Front commun sera disponible pour négocier afin de faire avancer cette négociation rapidement, à la satisfaction de ses membres.
Communiqué du SPGQ
Négociations dans le secteur public - Sonia Lebel se moque du personnel de l’État
QUÉBEC, le 29 oct. 2023 /CNW/ - Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) est outré par la bonification ridicule de l’offre salariale faite par la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel.
« La ministre dit que sa nouvelle offre tient compte de l’inflation, mais sur quelle planète vit-elle ? Ce qu’on retient, c’est qu’elle se moque du personnel de l’État. On passe de 9 % sur 5 ans à 10,3 % sur 5 ans, ça ne tient compte de rien du tout. Comment peut-elle nous faire une offre pareille alors qu’elle vient de recevoir une augmentation de 30 % et qu’elle a offert 21 % sur cinq ans aux policiers de la Sûreté du Québec ? », s’indigne Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
Cette nouvelle offre ne permet en aucun cas le rattrapage nécessaire avec les travailleuses et travailleurs des autres secteurs publics. Rappelons que selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les écarts de rémunération sont de près de 15 % avec les autres services publics (gouvernement fédéral, entreprises publiques, municipalités et universités) et de 9 % avec le secteur privé.
Contrairement à la croyance populaire, les avantages sociaux ne compensent pas. À ce chapitre, le personnel professionnel de l’État se retrouve à peine au même niveau que le secteur privé. « Il faut arrêter de s’imaginer que le personnel de l’État québécois bénéficie de conditions en or, ce n’est pas du tout le cas, insiste M. Bouvrette. La contribution de l’employeur aux assurances collectives ne représente même pas l’équivalent des taxes alors que bien souvent, c’est lui qui rend son personnel malade. C’est insultant ! »
Le SPGQ salue le recul de la ministre quant aux modifications du régime de retraite demandées par le gouvernement, mais c’est loin d’être suffisant pour en venir à une entente.
Dès jeudi, le SPGQ va consulter ses instances en vue d’une intensification des moyens de pression. Déjà, le personnel professionnel des collèges représenté par le SPGQ a voté vendredi en faveur de moyens de pression pouvant mener jusqu’à une grève générale illimitée.
Communiqué de la FAE
Négociation nationale - Nouveau dépôt gouvernemental : consternation pour la FAE
MONTRÉAL, le 29 oct. 2023 /CNW/ - Ce matin, le Conseil du trésor a présenté un nouveau dépôt gouvernemental en vue d’une entente de principe dans le cadre de la négociation avec les enseignantes et enseignants. La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) est consternée de constater le peu de mouvement que génère ce nouveau dépôt afin d’éviter une grève générale illimitée (GGI). La FAE déplore grandement, à ce stade-ci de la négociation, le manque de compréhension flagrant du gouvernement envers les besoins criants du personnel enseignant.
Le gouvernement dit vouloir faire avancer les choses avec ce dépôt, mais c’est un rendez-vous raté. Depuis des mois, la FAE négocie de bonne foi dans l’espoir de trouver un accord qui permettrait enfin de répondre aux préoccupations des enseignantes et enseignants. Après presque un an de négociation, la FAE s’attendait à quelque chose de moins insultant ! Les élèves du Québec ainsi que leurs enseignantes et enseignants méritent beaucoup mieux.
Depuis plusieurs années, la FAE déplore que les salaires de ses membres traînent de la patte en regard avec la moyenne canadienne et demande un rattrapage pour rejoindre cette moyenne. Les demandes faites par la FAE au cours de la négociation actuelle incluent également un mécanisme de maintien du pouvoir d’achat, rattachant les hausses salariales à l’indice des prix à la consommation (IPC) afin d’éviter un appauvrissement du personnel enseignant. L’offre reçue ce matin ne prend aucunement en considération ces deux demandes, offrant une maigre bonification de moins d’un pourcent et demi.
La FAE rappelle que c’est le jeudi 2 novembre qu’elle présentera une analyse approfondie de cette offre, à la suite de laquelle les membres pourraient voter une date de grève générale illimitée. Ils devront décider si l’offre de ce matin est un effort suffisant ou l’insulte qui fera en sorte que Mme LeBel ne pourra pas éviter une grève générale illimitée de 66 500 professeurs dans les écoles des plus grandes villes du Québec.
« Mme LeBel ne peut pas espérer un règlement rapide avec ce qui est proposé ce matin. Il sera difficile d’expliquer aux membres les intentions du gouvernement et que le Conseil du trésor a tout fait pour éviter un affrontement avec la Fédération », déclare Mélanie Hubert, présidente de la FAE.
Dès le mois de septembre, avant même que Mme Lebel n’en fasse la demande, la FAE a déposé une version élaguée de ses demandes syndicales. « Nous avons déjà démontré notre volonté de régler rapidement et avons tout tenté pour faire débloquer l’impasse dans laquelle s’est retrouvée notre négociation. Nous sommes toujours prêts à discuter, mais notre confiance s’effrite de plus en plus et il sera difficile pour nos membres de garder leur calme devant les offres actuelles, qui ressemblent davantage à des offres de départ. L’écart entre la nouvelle proposition du gouvernement et les besoins de nos membres est encore très grand », conclut Daniel Gauthier, vice-président à la négociation à la FAE.
Le SFPQ amèrement déçu du dépôt patronal
Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) est amèrement déçu des dernières offres du gouvernement Legault qui continueront de creuser le fossé salarial qui sépare la fonction publique du reste du Québec. Le gouvernement, qui semblait préparer une grande annonce en ce dimanche matin, offre finalement une mince bonification de 1,3 % de plus sur 5 ans. Rien pour combler le retard salarial dont sont victimes les ouvriers et les fonctionnaires de la fonction publique québécoise, déplore le SFPQ.
« En proposant des augmentations de salaire de 10,3 % sur 5 ans, le premier ministre Legault revient sur son intention d’offrir le coût de la vie à ses travailleuses et travailleurs. Le gouvernement semble ignorer que nous vivons toujours dans un contexte marqué par la rareté de la main-d’œuvre et l’importance de l’inflation. Le gouvernement du Québec sous-paie son personnel comparativement aux autres employeurs du secteur public. Nos membres en ont assez d’être les bons derniers au Québec lorsqu’il est question de salaire », souligne madame Karine Dextras-Paquette, vice-présidente responsable de la négociation de l’accréditation des fonctionnaires du SFPQ.
Rappelons que l’écart salarial qui sépare l’ensemble du personnel de l’État québécois des autres salariés québécois se situe toujours à 11,9 %, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
« Nous sommes déçus de ce nouveau dépôt de l’employeur alors qu’il avait l’occasion d’améliorer de façon substantielle ses offres. Les seuls points positifs : le gouvernement retire les principaux reculs liés au régime de retraite, notamment le critère d’un âge minimal à 57 ans. Par ailleurs, il s’engage à maintenir l’ensemble des primes jusqu’à la signature des prochaines conventions collectives. », indique Natalie Garvin vice-présente responsable de la négociation de l’accréditation des ouvriers.
« Nous lançons le message suivant à madame Sonia Lebel : nous sommes prêts à négocier, mais faites-nous des offres raisonnables et équitables. Quand le gouvernement force l’adoption d’une hausse de 30 % des salaires des députés, il ne peut refuser de reconnaître le rattrapage salarial pour les travailleuses et travailleurs de l’État. C’est injuste et insultant. Les nouvelles offres représentent un recul de la qualité de vie de milliers d’employés de la fonction publique, ces mêmes personnes qui permettent aux citoyens d’obtenir des services publics de qualité tous les jours. Avec les augmentations de salaire proposées, le personnel de la fonction publique commencera certainement à se chercher un emploi ailleurs », s’insurge Christian Daigle, président général du SFPQ.
Cette nouvelle offre patronale ainsi que celle déposée le 12 octobre dernier seront soumises aux personnes déléguées lors des conseils de négociations Fonctionnaires et Ouvriers qui se tiendront le 1er et 2 novembre prochain. Les personnes représentantes auront l’occasion de débattre des suites à donner aux propositions patronales.
La négociation porte sur le renouvellement des conventions collectives visant près de 26 000 employés de bureau et techniciens ainsi que plus de 4 000 ouvriers travaillant au sein de divers ministères et organismes.
[1] https://www.pressegauche.org/Negociation-dans-les-secteurs-public-et-parapublic-58499. Consulté le 29 octobre 2023.
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