Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Europe

Le retour de la peste brune

Les raisons de la colère

Depuis la mort du jeune Nahel, 17 ans, abattu par un policier lors d’un délit de fuite, la France est en ébullition. Mais avant toute analyse, il nous faut revenir sur le contexte social et politique qui a entouré ce drame.

Nous sommes à deux semaines de la fin des « cent jours d’apaisement » décrétés par notre président pour mettre en terme définitif aux révoltes contre la réforme des retraites. Depuis 6 mois, les français sont insultés par leurs dirigeants, leur citoyenneté est niée par 11 procédures de l’article 49,3, qui permet au gouvernement d’imposer un texte contre l’avis du parlement. L’ambiance est tendue … Nous voyons des tendances à l’autoritarisme fleurir un peu partout, de plus en plus de manifestations sont interdites (alors qu’il s’agit d’un droit constitutionnel), les casseroles que les citoyens utilisent pour faire entendre leur mécontentement sont qualifiées de « dispositif sonore portatif » et interdites lors des déplacements officiels du gouvernement, et bien sûr, dans chacun de ces actes de répression, la police se fait le bras armé de la Macronie.

Cela a sauté aux yeux à Sainte Soline, où des militants écolos mobilisés contre les mega-bassines agricoles se sont heurtés à des robocops en armures, tirant au LBD depuis des quads. Plus de 5000 grenades lancées sur quelques 7000 manifestants !!! (selon le ministère, les associations annoncent 30000 personnes sur place). Des images de guerre et des rapports accablants des observateurs de la ligue des droits de l’homme, qui font état de policiers empêchant les secours d’entrer sur la zone.

Le 21 juin, Gerald Darmanin, notre détesté ministre de l’intérieur, annonce la dissolution des Soulèvements de la Terre, regroupement d’associations écologistes, qu’il qualifie de « terroristes ». Bien sûr, les Soulèvement de la Terre n’ont jamais tué ni projeté de tuer qui que ce soit … comme le veut la définition de ce terme extrême. Mais la réalité, Darmanin s’en est affranchi depuis belle lurette, aujourd’hui il a décidé de se débarrasser de la mouvance écologiste dans son ensemble, qu’il a toujours détestée. Il lance une vague d’arrestations sauvages contre des militants de divers mouvements qui sont privés de leurs droits grâce à la qualification « d ’association terroriste » puis jugés et condamnés avec une rapidité inédite. Leurs crimes ? Dégradation de biens privés. Bien plus grave que la dégradation de notre bien public, notre planète, par ceux la même que l’état protège. Triste constat … D’ailleurs les condamnés avaient attaqué un site du constructeur Lafarge, condamné aux USA pour avoir financé Dahesh, une enquête du parquet anti terroriste étant toujours en cours en France. Mais aujourd’hui, les terroristes, ce sont les gens qui ont dégradé une cimenterie.

Deux jours plus tard, c’est l’association Anticor (lutte anticorruption) qui se voit retirer son agrément sur un vice de procédure. Ils n’auront désormais plus le droit de demander l’ouverture d’une enquête judiciaire sur tel ou tel ministre soupçonné de piocher dans la caisse, ou de se vendre aux multinationales. Sans commentaire.

Dans ce contexte tendu, alors que lors de leurs rares sorties publiques les membres du gouvernement rasent les murs, dans les médias, ils agitent des chiffons rouges pour empoisonner le débat. Ainsi, alors qu’il tente d’éviter de parler de la question bouillante de l’évasion fiscale, Bruno Lemaire, ministre de l’économie, déclame sur une des principales chaînes télé :

«  Nos compatriotes en ont ras le bol de la fraude [sociale]. Ils n’ont aucune envie de voir que des personnes peuvent bénéficier d’aides, les renvoyer au Maghreb ou ailleurs, alors qu’ils n’y ont pas droit. Ce n’est pas fait pour ça, le modèle social. »
Les nouveaux coupables sont officiellement désignés. Ce sera, pour changer, les maghrébins, accusés de nouveau sur la foi de vulgaires préjugés par un représentant de l’état. Tout ça pour détourner l’attention …

C’est donc dans ce contexte que le jeune Nahel est tragiquement tué. Les faits brièvement résumés : Le 27 juin au matin, deux policiers à moto engagent une course poursuite avec une Mercedes, ayant à son bord 3 mineurs de 15 et 17 ans, qui enchaîne plusieurs infractions au code de la route. Suite au refus d’obtempérer, le conducteur, Nahel 17 ans, est abattu d’une balle dans la poitrine. Quand ils nous annoncent la nouvelle, les médias reprennent sans retenue la version des policiers : la voiture aurait refusé un contrôle et foncé droit sur un des policiers qui n’aurait eu d’autre choix que de tirer. Légitime défense.
Seulement voilà, quelques heures après les premières déclarations, une vidéo filmée par un témoin sort sur le net et dément complètement la version officielle. 2,5 millions de vue en quelques heures. Il est trop tard pour inventer un nouveau mensonge. Dans la foulée une autre vidéo sort, filmée par un conducteur proche. Les deux sont limpides, on y voit les policiers s’approcher du véhicule à l’arrêt et se placer sur le coté, et non en face comme ils l’ont prétendu. « Tu vas te prendre une balle dans la tête » semble dire le premier, « shoote le » l’encourage son collègue. (Les paroles entendues sur la vidéos ont été mises en doute par plusieurs médias d’opinion mais l’IGPN n’a pas souhaité les démentir). La voiture redémarre à peine, très lentement, quand le coup part … à bout portant.
Même Darmanin n’a pas le cran de nier ces preuves vidéos et il fait une déclaration rare, dans laquelle il déplore un geste « injustifiable
 ».

Un mort de plus qui vient s’ajouter aux 26 victimes des forces de l’ordre cette année, me direz vous. Sauf que cette fois, le pays a vu … grâce à cette vidéo, nous avons tous vu la réalité de ces morts. Nous avons tous été témoins du mensonge flagrant du policier qui a tiré et de son collègue, soutenus par leur hiérarchie... nous avons vu ce qu’était « la légitime défense » en réalité. Et cette mort de trop, ce mensonge de plus, vont mettre le feu aux poudres.

Dans la soirée, des émeutes éclatent à Nanterre, le quartier où vivait le jeune Nahel, puis dans d’autres quartiers dits « sensibles » et se propagent bientôt vers la capitale et dans plusieurs autres villes de France. Le chaos va durer environ dix jours ; saccages, pillages, la majorité des émeutiers sont des mineurs qui laissent déborder leur frustration sans but ni cohérence, le mouvement est incontrôlable et l’opinion publique ne peut qu’observer les dégâts qu’on lui présente au JT. Dans les médias c’est à qui en fera le plus, ici on déclare que le jeune homme tué avait « un casier long comme le bras » (donc il l’a bien mérité) … raté, Nahel, bien que connu des services de police, n’avait pas de casier … c’est pas grave, l’info est passée quand même ! Ici on suggère que sa mère, qui parle publiquement, n’a pas l’air si triste que ça et semble apprécier sa nouvelle célébrité.

Coté gouvernement, le seul message est la répression, brutale, aveugle et rapide. Plus de 3500 personnes arrêtées et déférées en comparution immédiate, souvent condamnées à des peines « pour l’exemple ». Notre grand leader exige le retour au calme sans jamais que soient évoquées les origines de cette colère. Fidèle à lui même, il prend la parole pour jeter de l’huile sur le feu, décrétant que ces jeunes « Vivent dans la rue les jeux vidéos qui les ont intoxiqués  »... oui, le problème ce n’est pas la mort d’un gamin, les violences policières, le racisme … non ce sont les jeux vidéos ! Ce serait hilarant si ça n’était pas si grave ...
Il envisage de « responsabiliser » les parents de ces jeunes émeutiers, une amende serait appliquée pour les punir des actions de leurs rejetons. Et puis cette idée qui revient en boucle dans la bouche des ministres ; «  il faut supprimer les aides sociales aux parents de délinquants  », enfonçant le clou dans le préjugé qui voudrait que seuls les pauvres puissent commettre des délits … (pourtant le fils de notre ministre de la justice a lui aussi été mis en examen pour des faits de violences- conjugales).

Et enfin, l’occasion semble parfaite pour qu’Emmanuel Macron puisse en revenir à une vieille obsession, qu’il avait dû abandonner car contré par le conseil constitutionnel : contrôler les réseaux sociaux. Ça fait longtemps qu’il en rêvait et voilà que ces jeunes, qui s’organisent sur Snapchat, lui offrent une excuse en or. On voit alors se dérouler dans les médias une armada d’éléments de langage pour dire que les réseaux sociaux empoisonnent la jeunesse, on utilise des demis vérités pour justifier le grand mensonge et … une chose en entraînant une autre, on nous annonce qu’à partir du 25 aout, grâce à la commission européenne, les contenus jugés « problématiques » seront supprimés des réseaux sociaux. Parmi ces contenus, « les appels à la révolte ». Vous la sentez l’arnaque ??? Nous rejoignons ainsi la Chine, la Russie, l’Iran, le Turkmenistan et toutes ces glorieuses ’’démocraties’’ où l’état peut décider de couper un réseau social si des appels à la rébellion y circulent.

Par contre l’état n’estime pas judicieux d’exercer un contrôle sur la cagnotte ouverte par Jean Messiha, polémiste d’extrême droite, en faveur du policier qui a tué Nahel et qui a été placé en détention le temps que l’enquête se fasse. Cette cagnotte a atteint 1,6 millions d’euros … un million … pour avoir tué un enfant maghrébin.

Car ne nous y trompons pas, le véritable sujet ici c’est encore et toujours le racisme ! Les violences et les dégradations ne font pas tant polémique quand elles sont commises par des groupuscules d’extrême droite ou part des supporters de foot.

Petit à petit, le nerf de cette guerre civile apparaît dans les médias, de plus en plus décomplexés. On parle de « Ces gens là », on fait l’amalgame entre émeutiers et étrangers, alors que la grande majorité de ceux qui ont été arrêtés sont français … oui mais pas « franco-français », remarque-t-on sur les plateaux télé.

Et puis finalement, comme souvent, ce sont les syndicats de police qui ouvrent le feu … Dans un communiqué de presse tellement choquant que je vous le retranscrit ici dans sa totalité, les deux syndicats majoritaires policiers semblent menacer le pays d’un coup d’état.

«  Face à ces hordes de sauvages, demander le calme ne suffit plus, il faut l’imposer.
Rétablir l’ordre républicain et mettre les interpellés hors d’état de nuire doivent être les seuls signaux politiques à donner.
Face à de telles exactions, la famille police doit être solidaire.
Nos collègues, comme la majorité des citoyens, n’en peuvent plus de subir le diktats de ces minorités violentes.
L’heure n’est pas à l’action syndicale mais au combat contre ces « nuisibles ». Se soumettre, capituler et leur faire plaisir en déposant les armes ne sont pas des solutions au regard de la gravité de la situation.
Tous les moyens doivent être mis en place pour réinstaurer au plus vite l’état de droit.
Une fois rétabli, nous savons déjà que nous revivrons cette chienlit que nous subissons depuis des décennies.
Pour ces raisons, Alliance Police Nationale et UNSA police prendront leurs responsabilités et préviennent dès à présent le gouvernement qu’à l’issue, nous serons dans l’action et sans mesures concrètes de protections juridiques du policier, de réponses pénales adaptées, de moyens conséquents apportés, les policiers jugeront de la hauteur de la considération portée.

Aujourd’hui les policiers sont au combat car nous sommes en guerre.
Demain nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience. 
 »

Je vous laisse là dessus, le temps de prendre la mesure d’une telle déclaration et d’y déceler tous les sous entendus brunâtres. Dans la suite, nous parlerons plus en détails du vrai sujet qui devrait tous nous préoccuper : la montée du racisme et de l’extrême droite en France et en Europe.

Orgueil national et préjugés

Moi qui vit relativement isolée de la folie des villes, entourée de gens choisis pour leur ouverture d’esprit, si je m’en tiens à ma simple expérience personnelle, le pays va très bien. Mais ça n’est qu’un point de vue subjectif … alors quand je veux prendre le pouls national, je m’oblige à regarder les médias dominants et surtout je vais me balader sur les réseaux sociaux. Ne nous trompons pas, c’est bien là que se fabrique l’opinion aujourd’hui, dans notre société du chacun pour soi devant son ordinateur.

Après la mort de Nahel, au plus fort des émeutes, j’ai été très mal à l’aise en lisant la foule de commentaires racistes et haineux. Mais comment s’en étonner ? Les médias étaient hystériques, nous gavant d’images à grand spectacle de voitures en feu et de jeunes gens pillant des magasins. Et quels arguments avions nous pour défendre les émeutiers ? Leurs actions n’avaient aucun sens, aucun message politique, aucun meneur à qui s’adresser … Nous, la gauche humaniste, ne pouvions que rappeler les causes de ce chaos (la mort d’un jeune mineur) et appeler à ne pas faire d’amalgames. Mais ce fut peine perdue …
Partout je lisais les mêmes arguments, les mêmes éléments de langage répétés en boucle sur tous les plateaux télés ; «  seuls les délinquants sont victimes de violences policières » … « si ce jeune homme n’avait pas enfreint la loi il serait encore en vie  » … «  si ces jeunes émeutiers ne vandalisaient rien ils ne seraient pas maltraités par la police et la justice française » … « c’est la faute des parents qui ne tiennent pas leurs adolescents ». Comme si c’était simple de contrôler un adolescent de 17 ans quand on se lève aux aurores pour faire deux heures de métro pour une journée de travail qui nous rapportera tout juste de quoi payer le loyer ! Comme s’il était normal que la peine de mort soit appliquée sans jugement, sur le trottoir, à l’ancienne !

Mais, excités par les médias et les politiques, les gens étaient devenus irraisonnables, impossible d’avoir un débat serein.

Et puis, petit à petit, un discours s’est insinué, distillé par les chaînes de Vincent Bolloré, milliardaire connu pour sa proximité avec les chrétiens radicaux d’extrême droite ; les émeutiers seraient Anti France. D’où vient cette affirmation ? Sûrement du fait que beaucoup se sont plaints d’être maltraités par la France et ses institutions racistes. Et ce terme s’est répandu comme une traînée de poudre, comme s’il s’agissait d’une vérité incontestable : les émeutiers SONT anti France, puis très vite ce sont les habitants des cités qui sont anti France, et puis finalement d’amalgame en amalgame, ce sont les étrangers qui, chacun le sait de source sûre, haïssent notre pays. Sous chaque publication traitant de près ou de loin de l’immigration, je retrouvais systématiquement ce même préjugé, utilisé pour justifier à peu près n’importe quelle situation. Les conditions de vie dans les camps de réfugiés sont pitoyables ? Oui mais s’ils n’aiment pas la France, la France n’a pas à les bichonner ! L’état a abandonné le plan de ré-urbanisation des quartiers au privé ? Oui mais pas d’argent public pour ceux qui n’aiment pas la France ! Le racisme systémique en France est dénoncé par l’ONU ? Normal, si « ces gens là » n’aiment pas la France, la France ne les aime pas non plus !

Une fois cette fausse vérité implantée dans la tête des gens, la suite est logique : « qu’ils rentrent chez eux ». Ce fut le dernier clou enfoncé dans le cercueil préparé sur mesure par l’extrême droite et ses médias dominants.
Et voilà que, d’un coup, tout le monde veut renvoyer « chez eux » une masse indéfinie nommée « ils », visiblement hostile et coûteuse. On a entendu les pires inventions sur les sommes astroooonomiques que nous coûteraient ces « ils » … cette obsession venant habilement faire oublier les débats sur l’évasion fiscale et la corruption de nos chers élus. Évidemment, aucun membre du gouvernement n’a jamais pris la peine de démentir toutes ces fausses informations.

Et bien sûr, la décomplexion du racisme ne s’est pas limitée aux réseaux sociaux. Il devient désormais coutumier que la vieille dame qui fait la queue à la caisse s’exclame à haute voix « les étrangers, ça suffit ! », ou que la pharmacienne, en vous prenant votre carte de sécurité sociale, vous explique tranquillement qu’elle attend avec impatience l’arrivée de Marine Lepen au pouvoir. J’ai entendu ou lu nombre de témoignages glaçants de personnes racisées s’étant fait cracher dessus dans la rue ou insulter au travail sans que personne ne lève le petit doigt.

Entre extrême droite et extrême gauche, où se situe le pouvoir ?

Selon certains, c’est simplement la société qui s’extrémise. Il y a du vrai, mais cela sous entend que ces excès vont dans les deux sens … et surtout que le traitement accordé à ces deux extrêmes est le même. Hors, coté gauche, il me semble que les militants (qu’ils ou elles soient anti capitalistes, féministes ou écologistes) sont bien moins virulents qu’il y a quelques décennies ! Et surtout, le traitement qui leur est réservé n’est pas du tout le même …

Prenons un petit exemple : je vous avez parlé, il y a quelques temps, du maire de la commune de St Brévin, forcé de démissionner après que sa maison ait été incendiée durant la nuit par des militants d’extrême droite réclamant la fermeture d’un centre d’accueil pour migrants. Il avait au préalable reçu de nombreuses menaces très sérieuses et avait demandé l’aide de la police. La réponse qui lui a été donnée était « liberté d’expression » … Il fit alors appel à la préfecture et au procureur de la république, mais ses courriers restèrent sans réponse. C’est donc seul que ce maire a dû faire face aux menaces de mort et finalement a une tentative d’assassinat sur toute sa famille.

L’affaire défraie la chronique mais les politiques, s’ils assurent de leur soutient, ne s’étendent pas sur le sujet … en tous cas ils s’étendent moins que quand leurs permanences sont vandalisées à coup d’autocollants anticapitalistes ! A l’assemblée nationale, la gauche rend hommage au courage de ce maire et appelle les élus à se lever … mais à l’extrême droite de l’hémicycle, les élus du rassemblement national refusent et restent assis. Pas un mot de la part de la majorité présidentielle sur cette attitude provocatrice.

Quelques temps plus tard, ils seront plus bavards pour réclamer une punition à l’encontre des élus de la France Insoumise, pour avoir été présents à une manifestation anti raciste dans laquelle était scandés des slogans anti police. « Ils doivent être sanctionnés pour leur comportement irrespectueux et indigne de la République !  » s’indigne une élue macroniste.
Deux poids, deux mesures …

Mais revenons en au maire de St Brévin qui, un mois à peine après avoir survécu à l’incendie de son domicile, alerte les autorités qu’une manifestation de l’ultra droite est prévue pour réclamer de nouveau la fermeture du foyer d’accueil. Le préfet lui répond que «  juridiquement, il ne peut pas interdire cette manifestation. » Il a osé … il a osé dire ça alors que des interdictions de manifester étaient brandies tous les deux jours pour interdire pèle mêle manifs contre la réforme des retraites, contre le racisme, pour l’écologie, pour l’égalité des chances.

Bien sûr, cette manifestation a donné lieu à des dégradations sur les commerces, des voitures incendiées, des propos haineux et racistes … mais aucune arrestation.
Pas plus que le 9 mai, quand les bottes néo-nazies ont de nouveau foulées le pavé parisien. Tous les ans, un comité réunissant plusieurs groupes d’extrême droite connus pour leur violence et leur goût des armes, célèbre en manifestation la mort d’un des leurs, tombé d’un toit lors d’un délit de fuite. Plus de 500 hommes cagoulés (c’est interdit par la loi, le gauchiste qui ferait ça serait aussitôt éborgné pour l’exemple), vêtus de noir et arborant des drapeaux tristement célèbres comme la croix celtique ou le soleil noir, ont défilé avec l’autorisation de la préfecture. Les policiers qui les encadraient avec une touchante bienveillance n’ont pas semblé gênés par les saluts nazis et les slogans haineux … «  Tout le monde déteste la République  » scandaient une semaine plus tard leurs amis monarchistes de l’Action Française dans une autre manifestation d’extrême droite. Retenez bien ces mots … Parmi ces deux manifestations, plusieurs proches de Marine Lepen, mais les macronistes n’en feront aucun cas.

Qu’elle a été l’excuse des autorités pour autoriser de telles manifestations à l’heure ou tant d’autres étaient interdites ??? Tenez vous bien … « il n’y avait aucun risque apparent de troubles à l’ordre public » car ces manifestations se tiennent tous les ans et, hormis qu’elles aient tendance à finir en ratonnades, hormis les appels à la haine, hormis les visages masqués et les saluts nazis, il n’y a jamais eu de troubles à signaler. Et puis ça aurait été, selon le tribunal administratif, «  une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester. » Je vous jure que c’est vrai … aussi incroyable que cela puisse paraître.

À titre de comparaison, la marche en mémoire d’Adama Traore, lui aussi mort suite à une interpellation policière, a été doublement interdite par le préfet de Paris et par le préfet du Val d’Oise. Cette marche, elle aussi, se déroule normalement chaque année … Malgré l’interdiction, plus de 2000 personnes se sont rassemblées à Paris pour réclamer la fin des violences policières. Parmi eux plusieurs élus de la France Insoumise qui seront accusés à grands cris par les macronistes de « sortir de l’arc républicain » en assistant à un rassemblement où est scandé le slogan « Tout le monde déteste la police ».
Deux poids, deux mesures …

La fin de cette marche sera marquée par l’arrestation brutale de Youssouf Traore, le frère d’Adama. Sur les vidéos de plusieurs témoins, on voit des policiers de la Brav-M lui faire un plaquage ventral (la prise qui a coûté la vie à son frère) alors qu’il ne représente aucun danger sur l’instant. Les policiers l’accusent d’avoir porté un coup à une des leurs plus tôt dans la journée. Malgré toutes les caméras braquées sur lui, aucune vidéo de ce prétendu délit. Par contre son arrestation violente a été filmée par beaucoup de monde, dont certains journalistes qui ont été eux aussi jetés au sol par ces mêmes policiers. Youssouf ressortira de sa garde à vue avec une fracture nasale, un trauma cranien, de multiples contusions et un œil au beurre noir.

Je pense que vous devinez par vous même de quel coté de l’arc républicain penche le sceptre du pouvoir français.

Mais s’il vous faut plus de preuves, en voici :

Lors des émeutes, il semble que l’ultra droite se soit donnée pour mission de rétablir l’ordre. Ainsi, nous avons vu à Lyon, Chambery, Lorient et d’autres villes de France des groupes cagoulés envahir les rues en hurlant « la France aux français », au milieu de saluts nazis et d’appels au meurtre. Ils se présentent eux même comme des « para-policiers » et prétendent assister les forces de l’ordre face aux émeutiers. Ainsi, ils pratiquent des interpellations sauvages qui finissent en passage à tabac à coup de battes de baseball. « On se concertait avec la BAC (brigade anti criminelle) » dit l’un deux en expliquant que la plupart sont d’anciens (ou d’actuels) militaires. «  On a laissé faire en début de soirée car ça nous a soulagé », confie au journal Le Monde une source policière anonyme, avant de préciser que « certains d’entre eux » ont fini par trouver la situation gênante et ont interpellé les éléments les plus violents. La préfecture dira dans un communiqué que ces braves mais maladroits patriotes ont « tenté une opération de communication ». Peu concluant …

Les néonazis ont ils infiltré nos forces armées ?

En voyant la complaisance de la police envers ces groupuscules racistes et violents, en constatant que nombre d’entre eux font ou ont fait partie de l’armée, on est en droit de se poser la question. Le chemin par lequel je suis passée pour obtenir une réponse m’a causé quelques cauchemars.

En 2020, puis en 2021 … et en 2022 … Mediapart avait révélé l’existence d’une filière néonazie au sein même de l’armée française. L’enquête montrait des photos d’hommes s’affichant sur les réseaux sociaux en uniforme devant des drapeaux du troisième Reich, certains portaient même des croix gammées tatouées en évidence, d’autres ce filment en mission, incitant des enfants africains à faire le salut nazi. Devant ces preuves accablantes, le ministère des armées parle de « dérives individuelles », de « cas isolés » et promet des enquêtes. Pourtant, aucune des sanctions promises n’a été connue du grand public. Huit mois après les révélations de Mediapart, l’un des incriminés est arrêté, non pas par sa hiérarchie qui ne l’avait punie que de 20 jours d’arrêts pour ses indiscrétions, mais par des douaniers qui découvrent chez lui pas moins de cent trente armes (dont des fusils d’assaut AR-15 et AK-47, au moins deux pistolets-mitrailleurs, des armes de poing, deux fusils à pompe à canon et crosse sciés, 200 kilos de munitions, des grenades et cinq cartouches de 20 mm pour mitrailleuse d’avion). Voilà voilà …

De très nombreuses enquêtes menées par différents médias ont toutes amené à des conclusions accablantes sur la porosité entre nos forces de sécurité et l’extrême droite, jusqu’à une note interne de la direction générale des renseignements qui s’inquiète déjà en 2017 qu’une cinquantaine de profils suivis pour leurs liens avec l’extrême droite violente soient policiers, gendarmes ou militaires.

En février, des députés déposent une proposition de loi pour « dresser un état des lieux exhaustif de la menace terroriste d’extrême droite ». Un texte retiré après que des amendements de la majorité présidentielle en ont changé l’orientation.
En avril, le ministre délégué des Outre-mer, Jean-François Carenco, reconnaissait « la présence d’un nombre significatif d’individus connus au titre de leur proximité avec l’ultradroite parmi les forces armées et de sécurité (...) L’infiltration d’institutions sensibles entraîne des vulnérabilités susceptibles de mettre en péril des opérations ou d’attenter directement à la sûreté de l’État. » Impossible cependant de connaître l’ampleur du phénomène. Le ministre avait promis à Hubert Julien-Laferrière, député écologiste qui l’a questionné à l’Assemblée nationale, de lui transmettre des éléments chiffrés. Plus de trois mois après, rien.

Que ce soit dans l’armée, la gendarmerie ou la police, les sanctions sont à la discrétion de la hiérarchie. Ainsi, au sujet de l’affaire ’’Recolonisation France’’, groupuscule d’extrême droite piloté par des militaires qui appelaient à prendre les armes, la gendarmerie refuse de communiquer sur l’instruction et les mesures disciplinaires qu’ils auraient pu prendre contre les 13 accusés, dont un colonel. De même, le ministère des armées refuse de donner une estimation du nombre de personnes concernées par ces dérives. Mais nous savons que plus de la moitié des effectifs de la police et de l’armée votent à l’extrême droite, ce qui devrait déjà nous alerter, car notre gouvernement à tort de vouloir différencier l’extrême droite politique et ceux qu’ils appellent l’ultra-droite (et ne sont finalement que les petites mains des premiers).

Mais l’affaire qui en dit sans doute le plus long sur l’implication des forces armées dans la mouvance d’ultra droite, c’est le procès Waffenkraft dont le verdict vient d’être rendu dans une étrange indifférence médiatique.

Alexandre Gilet, ancien gendarme volontaire vient d’être condamné à 18 ans de prison lors du premier procès aux assises pour terrorisme d’extrême droite. Les faits datent de 2017, l’époque où les renseignements intérieurs commencent à s’inquiéter de la présence de néonazis au sein des forces armées. À seulement 22 ans, Gilet rédige déjà de sombres manifestes dans lesquels il détaille les méthodes pour faire « un maximum de morts ». Dans l’un d’eux, sous une photo représentant un groupe de jeunes de banlieues il écrit « Allez de rue en rue et fusillez les cafards là où vous les trouverez. » Cette rhétorique ne vous rappelle pas étrangement celle du communiqué de syndicats policiers qui parlaient de « nuisibles » ?
Comment un jeune homme assumant aussi frontalement une idéologie toxique peut-il entrer dans l’armée ? Me demanderez vous. Je ne sais pas … il semble qu’entrer soit plus difficile que d’en sortir. Pendant ses deux ans de service, les évaluations de ses adjoints sont très positives, sa hiérarchie le décrit comme un bon élément et il a été médaillé. Seul petit hic, un jour il refuse d’obéir à un supérieur au prétexte de son origine maghrébine, mais son lieutenant estime que « ce détail n’était pas déterminant ». Un détail … voilà qui répond peut-être à nos questions ! Pourtant au bout de deux ans de bons et loyaux services, son contrat n’est pas renouvelé car « sa manière de servir n’était plus en adéquations avec les valeurs de l’institution. » Aucun signalement ne sera fait néanmoins.

Son principal acolyte, enrôlé sur internet, a 17 ans au moment des faits et il a tenté, l’année précédente d’entrer dans l’armée lui aussi : « Je ne voulais pas faire l’armée mais la guerre », précise-t-il à la barre. Un autre comparse avait 21 ans, fils d’un lieutenant colonel de l’armée de l’air qui n’assiste pas au procès de son fils, malgré une citation à comparaître. Le père a manifestement transmis son idéologie à son rejeton qui déclare : « Il a une haine institutionnelle et une haine de l’étranger  ». Le jeune homme a fini par s’habituer aux propos racistes et à les trouver normaux.

Un autre des accusés a 14 ans au moment des faits. Lui aussi recruté sur internet, grâce à des groupes de discussion prônant l’idéologie néonazie. Pourtant, après leur arrestation, aucun ministre ne dira qu’il faut contrôler les réseaux sociaux pour endiguer ce genre de menaces là …

Le groupe de jeunes gens se procure facilement des armes, leurs modes d’actions sont précisément définis et leurs cibles clairement identifiées : le Crif, une mosquée, le parlement européen et Jean Luc Mélenchon.

Le journal engagé Politis a largement documenté l’affaire et ce qu’on lit fait froid dans le dos. Pourtant la majorité des citoyens français n’ont jamais entendu parlé du groupe Waffenkraft, car les médias dominants se sont contentés de quelques lignes timides et l’issue de ce procès, pourtant historique, n’a fait l’objet d’aucun débat télévisé, d’aucune déclaration grandiloquente à l’assemblée nationale, d’aucune sortie de notre leader suprême, pourtant si prompt à nous donner son avis.

Et l’Europe dans tout ça ?

Une des premières questions qu’on se pose devant ce triste constat, c’est est-ce que la France est un cas isolé en Europe, un précurseur ou un suiveur ? Selon un rapport d’Europol datant de 2021, 45% des interpellations liées au terrorisme d’extrême droite ont eu lieu en France. Voilà qui répond à une partie de la question …

Mais quand on y regarde de plus près, des groupes néo-nazis, des chrétiens radicaux, des nationalistes enragés, il y en a partout, dans toute l’Europe, répartis en petits groupes qui restent en contact, s’échangent des informations, des armes et se retrouvent lors des manifestations. Et pourtant ils restent très peu nombreux en terme d’effectifs … car c’est sur un autre terrain que se joue leur bataille idéologique, le combat se tient en effet sur la scène politique européenne.

Depuis quelques années, le fascisme (masqué ou assumé) gagne du terrain autant dans l’opinion publique que dans les institutions politiques. Pour certains, c’est par le parlement qu’il s’infiltre (France, Autriche, Estonie, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Grèce etc …) mais pour d’autres la peste brune est d’ores et déjà au gouvernement (Italie, Finlande, Lettonie, Suède, Pologne …).

Comment en est on arrivés là, seulement 70 ans après le traumatisme européen que fut la seconde guerre mondiale ? Et bien ce qui a permis l’accession au pouvoir ou au parlement dans chacun de ces pays c’est à chaque fois l’union des droites.

En Grèce, c’est le parti conservateur du premier ministre Mitsotakis qui, par une coalition opportuniste, fait entrer trois groupes nationalistes au parlement. Parmi eux ’’Les spartiates’’ un groupe ouvertement néo-nazis soutenu par Ilias Kassidiaris, ancien dirigeant de la formation jumelle des spartiates, Aube Dorée, qui est actuellement en prison pour meurtre. Mais ni lui ni le président du groupe ne cachent le fait que c’est Kassidiaris qui dirige en réalité les Spartiates depuis sa cellule.

En Finlande, le premier ministre Peterri Orpo, à la tête de la coalition de centre droit, vient d’élargir son alliance (et son gouvernement) au parti d’extrême droite. Dix jours après sa nomination, le ministre de l’économie, issu de cette mouvance radicale, est obligé de démissionner pour avoir tenu des propos assimilés au néonazisme. Rien que ça …
Et évidemment, à l’heure où j’écris ces lignes, nos regards sont tournés vers l’Espagne qui s’apprête à voter des législatives d’urgence où le parti de droite s’allie à Vox, clone du parti nationaliste de Giorgia Melloni en Italie … elle aussi arrivée au pouvoir grâce à une alliance avec la droite conservatrice.

Pourquoi les conservateurs font ils la courte échelle à leurs principaux concurrents ? Cela semble absurde à première vue, n’est-ce pas ?

La triste vérité, c’est que la polarisation du débat public a anéanti les partis se disant ’’modérés’’ et que les électeurs se tournent désormais vers les extrêmes. Des décennies de règne néolibéral ont dégoûté les citoyens qui veulent mettre un terme à ce système délétère. La classe dirigeante est mise au pied du mur. Essayons de nous glisser dans la peau d’un Emmanuel Macron, ou de n’importe quel dominant européen …

Le monde qu’il dirige est en ruine, tous les stratagèmes utilisés par ces prédécesseurs ont été dévoilés, les effets néfaste du néolibéralisme ne peuvent plus être dissimulés, une odeur de révolte flotte dans l’air. Quel choix lui reste-t-il ? Fuir … mais ça n’est pas un choix acceptable pour quelqu’un qui a toujours régné sur son prochain. Et ce serait un aveu de culpabilité. Non, il doit à tous prix garder le pouvoir, quitte à durcir sa politique répressive et se cacher derrière les forces armées. Mais les corps armés, nous l’avons constaté, sont les cibles prioritaires de l’ultra droite, autant à cause du piètre niveau d’exigence lors des recrutements que pour leur savoir faire opérationnel et l’accès aux armes de ses membres. Alors pour s’attacher la fidélités de ces derniers protecteurs, le dirigeant doit se montrer complaisant avec leur idéologie. Un bon chien de garde, ça a besoin de se sentir en sécurité, ça se nourrit, ça se caresse, ça se dresse avec fermeté et bienveillance …

Et puis, les polémiques qui accompagnent l’extrême droite sont très utiles pour masquer les dérapages du pouvoir et monopoliser l’attention médiatique sur autre chose que ses propres combines !

Mais il y a un effet pervers à cela, plus on laisse l’extrême droite s’exprimer, plus on confie l’espace médiatique à des radicaux, plus on élargit la fenêtre d’Overton et plus ils montent dans les sondages … forcément. Ils prennent de plus en plus de poids politique et grignotent progressivement l’électorat du dirigeant. Alors, s’il veut gagner les élections, le dominant doit faire une alliance. Il a deux choix, cette droite dure qui gangrène les institutions et rêve d’un djihad blanc, ou la gauche radicale qui prépare la révolution. Soit une guerre civile où les citoyens s’entre-tuent, soit une révolution où les citoyens tuent le roi. Le choix est vite fait.
Et, personnellement, je crois qu’il y a une autre raison pour laquelle les libéraux « préfèrent Hitler que le Front Populaire » (un des slogans de la droite française dans les années 30) ; l’écologie. Je m’explique … le réchauffement climatique et ses conséquences écologiques, sociales, migratoires ne peut plus être nié. De plus en plus de scientifiques et de citoyens appellent à ce que le système capitaliste cède la place à une nouvelle forme de gestion globale, moins énergivore, moins consommatrice, préférant les gens à l’argent. Et ça, pour les libéraux, c’est l’anéantissement de leur monde. Si l’humanité choisit cette voie, ils disparaîtront aussi vite que les ours polaires. Leur seul espoir de survie c’est de retarder au maximum les mesures écologiques afin que nous franchissions au plus vite le point de non retour. Quand les solutions décroissantes ne seront plus envisageables, il ne restera alors qu’un unique chemin, leur chemin, la fameuse solution technologique. Le sauvetage de l’humanité par l’hyper technologie permettra au libéraux de relancer leur machine et de garder le pouvoir. Ils feront tout pour que cette option soit la seule en lice.

C’est ce qui me fait le plus peur, et j’aurai voulu terminer ce triste tableau sur une note positive, mais la gauche doit regarder les choses en face : la situation est dramatique. En France, et dans bien d’autres pays européens, si la gauche arrive à accéder au pouvoir, elle risque de ne pas le garder longtemps. Les corps militaires et policiers, gangrenés par l’ultra droite et nourris par le pouvoir d’une haine des gauchistes, ne se laisseront pas réformer si facilement. La plupart d’entre eux n’attendent qu’une excuse pour utiliser les armes qu’ils amassent en secret depuis plusieurs années. La droite conservatrice, incapable de remettre en question ses vieilles idéologies, préférera le bon vieux fascisme au changement. Et ce sont eux qui dirigent les institutions, ce sont eux les hauts fonctionnaires, les sénateurs, les propriétaires de médias et les dirigeants des pôles industriels. Et évidemment les libéraux n’hésiteront pas à lâcher les chiens sur ceux qu’ils ont toujours considérés comme leurs véritables ennemis.
La gauche doit se préparer sérieusement au choc qui s’annonce et semble de plus en plus inévitable.

*Sources sur le procès Waffencraft et la présence du fascisme dans nos institutions : Politis et Médiapart.

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