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Le référendum grec et après

Publié le 9 juillet 2015 par philoscegep

Le référendum grec du 5 juillet 2015 a montré que presque les deux-tiers de la population grecque rejettent les mesures d’austérité qui, depuis cinq ans, ont littéralement mis le pays à genoux. On aurait pu croire que les grands journaux se précipiteraient aussitôt pour publier là-dessus analyses et prospectives. Hélas, en ce jeudi 9 juillet, il faut bien constater qu’il n’en est rien. Une importante exception, cependant : The Guardian, de Londres, a publié sur le sujet plusieurs articles importants mercredi, le 8 juillet.

Dans l’un de ces articles, l’auteur revendique pour la Grèce le droit de faire faillite, comme c’est le cas pour les entreprises depuis le 19e siècle. Faire faillite, dit-il, cela consiste à effacer l’ardoise et à recommencer sur de nouvelles bases. Ainsi, dans le cas grec, cela signifierait une réduction substantielle de la dette et la possibilité de remettre l’économie en marche.

L’analyste affirme aussi que la Grèce doit absolument sortir de la zone euro et reprendre le contrôle de sa politique monétaire. Cela signifierait qu’une monnaie nationale grecque, avec une dévaluation d’environ 30%, pourrait stimuler les exportations et augmenter le tourisme, importante source de revenus en Grèce.

Évidemment, il y aurait avantage à réaliser une telle transition de façon planifiée, en collaboration avec l’Union européenne.

(Voir le texte lui-même à : http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jul/08/greece-catastrophe-eurozone-grexit-default)

Les leaders européens chantent un tout autre refrain. On a nettement l’impression qu’ils se contentent de relayer les préoccupations des grandes institutions financières, en particulier celles des banques allemandes, visiblement peu intéressées à effacer des créances. Ces vues étroites, centrées sur des intérêts purement financiers à court terme, font courir de graves dangers à la réalité politique qu’est l’Union européenne : si des membres puissants étranglent sans état d’âme des États plus faibles au lieu de leur venir en aide, ceux-ci pourraient choisir de s’en aller, tout simplement.

Quant aux États-Unis, ils semblent redouter que la Grèce se jette dans les bras de la Russie, pays avec lequel elle a des liens culturels très anciens. Mais l’élite économique américaine pourrait aussi penser tirer profit d’un affaiblissement important de l’Union européenne. D’où, peut-être, des actions en sous-main auprès de l’allié allemand pour l’encourager à l’intransigeance. De leur côté, les Grecs, qui ont beaucoup souffert de l’occupation allemande pendant la guerre de 1939-1945, ne sont pas loin de penser qu’ils sont aux prises avec un troisième Reich bis, où les banques ont pris le relais de la force armée.

À tout prendre, la crise grecque sert de révélateur à ce qui était déjà clair : l’Europe, c’est surtout l’Allemagne, qui doit décider si elle se contente d’exploiter ses voisins comme de simples colonies ou si elle veut construire avec eux un bloc supra-national où les intérêts de chacun sont pris en compte. Dans la première hypothèse, il y a fort à parier que les jours de l’Union européenne soient comptés, sauf peut-être dans les anciens pays du bloc soviétique, pour qui la protection contre les ambitions russes l’emporte sur beaucoup d’autres considérations.

Mais il se peut qu’après tout, les responsables politiques, en Allemagne, finissent par en avoir assez d’agir comme de simples commis de banques et décident de prendre leurs propres responsabilités au sérieux. Les pressions en ce sens ne manquent pas : même le journal allemand Der Spiegel croit qu’un échec grec serait un échec d’Angela Merkel !

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