Le gouvernement de Philippe Couillard motive son plan d’austérité par l’urgence d’en finir avec les déficits et la dette, et la nécessité de revenir à l’équilibre budgétaire. À entendre le ministre des finances Leitao, la dette serait plus élevée qu’ailleurs et elle serait le résultat d’une accumulation de mauvaises décisions. Le déficit, dans un tel contexte, serait urgent à régler si l’on veut favoriser le développement de l’économie. Les arguments ne manquent pas pour justifier l’opération de démolition de nos services publics et la vente de nos actifs par la privatisation des sociétés d’État.
Heureusement, nombreux sont ceux et celles qui prennent la parole pour démystifier les notions liées aux enjeux des finances publiques. En 2013, l’ex-premier ministre Jacques Parizeau, a pris part au débat, particulièrement sur la question de la dette qui occupait le premier plan. À la lecture de ses critiques, on se rend bien compte que la taille de la dette du Québec se situe dans la moyenne de celles des pays de l’OCDE. Les méthodes comptables et l’interprétation des chiffres peuvent laisser croire que nos finances ne se portent pas bien alors que la réalité est toute autre. La surévaluation de l’endettement sert de prétexte pour justifier des mesures radicales et urgentes, avec pour effet, soutient M. Parizeau, que la morosité s’installe et que l’austérité prend le pas sur le projet d’affirmation nationale.
Malgré les critiques et les mises en garde, le gouvernement libéral persiste et signe. Les annonces se succèdent et confirment nos appréhensions quant à la transformation du rôle de l’État à son expression la plus minimale possible et asservi aux diktats de l’économie. Cette vision laisse peu de place à tout projet politique et social, quel qu’il soit.
Un portrait différent
Tout récemment, la CSN présentait un mémoire intitulé Plaidoyer pour la solidarité devant la commission d’examen sur la fiscalité québécoise. Elle y présentait une lecture différente du portrait-catastrophe de la situation financière du Québec. Pour la Confédération, il est faux de prétendre que l’équilibre budgétaire doit absolument être atteint à court terme en raison de l’endettement trop élevé de l’État et du poids que cela représente pour les générations futures. La CSN rappelle que de 2000 à 2008, le gouvernement a respecté la loi sur l’équilibre budgétaire et a même eu de légers surplus. Les déficits budgétaires des dernières années ont surtout été causés par la crise financière de 2008 et par la faible croissance qui en a résulté. Accepter de réaliser de tels déficits a contribué à soutenir l’économie alors que le secteur privé en était incapable, soutient la CSN. Aujourd’hui, le déficit budgétaire prévu pour 2014 - 2015 n’est que de 2,35 milliards de dollars, soit seulement 0,62 % du PIB et il n’y a donc pas de péril en la demeure.
Depuis le début de l’automne, les groupes sociaux et le mouvement syndical se font entendre. De plus en plus, on comprend que le plan d’austérité n’est pas dans l’intérêt de l’avenir de la population et ne répond pas aux aspirations d’une société juste et équitable.
Plusieurs solutions s’offrent à nous pour réduire les problèmes de la dette et du déficit : aller chercher des revenus supplémentaires par le rétablissement d’une fiscalité progressive et équitable pour tous, augmenter l’impôt des sociétés qui s’élèvent seulement à 11,9 %, revoir certains avantages fiscaux dans les déductions pour les gains en capital liés à la spéculation, etc.
Comme société, ce ne sont pas les choix qui manquent et même si nous ne sommes que des fiscalistes-économistes en herbe, nous avons raison et leur gouvernement se trompe !
Déjà, le 31 octobre dernier, nous étions des dizaines de milliers de personnes à prendre la rue pour refuser l’austérité. Le 29 novembre, soyons encore plus nombreux. Ayons la force d’avoir raison !
