En fait, il disait que « la CSQ et son chef Réjean Parent sont beaucoup plus réceptifs en privé qu’en public, parce que c’est le gros bon sens », selon ses propos rapportés par le journaliste Régys Caron, de l’Agence QMI (l’empire Quebecor).
Une pratique journalistique douteuse
Je vous avoue que j’ai été renversé et profondément choqué quand j’ai lu cette nouvelle. Choqué tout d’abord à l’égard d’un journaliste qui se fait la simple courroie de transmission des propos de François Legault sans même vérifier à la source. Pour ce qui est de l’éthique professionnelle, on repassera. Ensuite, je me suis aussi dit que cette façon de faire, si peu orthodoxe, répondait sans nul doute au modèle d’affaire de son employeur pour qui le souci de rechercher et de dire TOUTE la vérité n’est pas toujours nécessaire.
Des idées qui ne tiennent pas la route
Mais ma réaction à l’égard de François Legault est d’un tout autre ordre. Je savais l’homme ambitieux. Aujourd’hui, je découvre un individu qui n’hésite pas à mentir et à dire n’importe quoi pour arriver à ses fins. Ce qui est très inquiétant.
Le dossier de l’éducation est au cœur du programme de François Legault et de sa Coalition pour l’avenir du Québec (CAQ). Malheureusement pour eux, leurs idées ne tiennent tout simplement pas la route et la CSQ ainsi que son président ne se sont pas gênés pour le faire savoir publiquement dès le 21 février dernier, jour où Legault et sa Coalition ont rendu publiques leurs idées.
Je disais alors que « cette vision basée sur la performance est en ligne directe avec la gestion axée sur les résultats et les dérives du système d’éducation que nous dénonçons ». Et je précisais que les plans de réussite mis de l’avant par nul autre que François Legault à l’époque où il était ministre de l’Éducation n’avaient alors donné aucun résultat sur la diplomation. Et pourtant, il nous propose aujourd’hui de poursuivre sur cette même voie qui ne fonctionne pas !
Une même position en public et en privé
C’était ma position et celle de la CSQ le 21 février dernier et elle n’a jamais changé d’un iota. Et c’est exactement la position que j’ai fait connaître à François Legault, tant publiquement que privément. Cette rencontre privée s’est d’ailleurs déroulée dans les bureaux mêmes de la CSQ et j’étais accompagné de la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Mme Manon Bernard, et du président de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), M. Mario Beauchemin. Ces deux personnes peuvent témoigner que la supposée ouverture manifestée en privé par la CSQ et son président est une pure invention de François Legault.
Autres fabulations de Legault
L’homme fabule également quand il s’improvise le nouveau porte-parole des enseignants au Québec et prétend avoir l’appui de la majorité d’entre eux concernant ses idées. Cela ne repose sur rien de sérieux, mais ça n’arrête pas François Legault pour autant. Il est prêt à dire n’importe quoi et sait qu’il peut dire n’importe quoi dans une société où il y aura toujours un journaliste qui ne demande pas mieux que de faire la nouvelle avec ses propos sans rien vérifier. Legault expérimente la recette depuis plusieurs mois déjà et ça marche. Ces journalistes-là sont bien contents de donner écho à ses supposées solutions miracles, ce qui le fait grimper dans les sondages. Et comme on dit : « On ne change pas une recette gagnante. »
L’importance de la crédibilité pour un chef syndical
Mais en fin de semaine dernière, François Legault a poussé l’audace un peu trop loin en me prêtant à la fois des propos que je n’ai jamais tenus et une attitude hypocrite indigne d’un vrai syndicaliste. Peut-être qu’un politicien réussit à bâtir une longue carrière sur le mensonge et le double discours, mais c’est plus difficile pour un chef syndical. Un négociateur qui mentirait ou qui tiendrait un double discours, selon qu’il est en public ou en privé, perdrait rapidement la confiance tant de ses membres que de ses vis-à-vis. Cela n’a jamais été mon cas.
Ce que nous détestons le plus en politique
L’éducation est un pan majeur du programme de François Legault et il a tenté bien malhabilement de semer la confusion en fin de semaine pour essayer de faire croire qu’il a l’appui de la CSQ et de son président, espérant ainsi gagner le soutien des enseignants à des idées nuisibles et dangereuses pour notre système public d’éducation. La manœuvre est pitoyable.
Et dire que ce mensonge et ses fabulations sortent de la bouche d’un individu qui aspire à devenir premier ministre et à réformer les mœurs politiques au Québec… François Legault n’a même pas encore de parti politique qu’il nous montre déjà ce que nous détestons justement le plus en politique : un politicien capable de mentir tout en continuant de nous regarder droit dans les yeux.