Le déficit zéro... et politique d’austérité
Nicolas Marceau, le ministre des Finances du gouvernement Marois, n’a pas hésité à maintenir le cap sur le déficit zéro pour 2013-2014. Il a même affirmé que cet engagement n’était pas négociable. Il a rappelé que l’adoption de la loi sur l’équilibre budgétaire et l’atteinte du déficit zéro sont deux réalisations du gouvernement du Parti québécois. Il a souligné que les ministères et organismes ont été informés qu’ils devront respecter la cible d’augmentation des dépenses de 2%
Il a oublié de rappeler que l’atteinte du déficit zéro sous la conduite de Bouchard et de Landry avait signifié des mises à la retraite massives dans le secteur de la santé, des réductions importantes en éducation et dans les services publics, la précarisation de la main-d’oeuvre de ce secteur et la détérioration de leurs conditions de travail. Peu lui importe que la croissance économique soit moins forte que prévu et qu’il estime qu’il disposera de 500 millions de revenus de moins, il garde le cap.
Comme le disait Jacques Parizeau, l’absence de déficit n’est pas un absolu et en période de ralentissement économique et de crise, il est normal de faire un déficit, il sera comblé lorsque la prospérité reviendra. On oublie cette leçon que la dette peut être une très bonne chose quand elle peut permettre de financer des écoles, des hôpitaux, la transition écologique vers les transports publics et l’énergie propre et favoriser ainsi la relance de l’économie. Il faut donc faire la différence entre la bonne dette, cette partie de la dette qui est nécessaire et qui doit augmenter lors d’un ralentissement de l’économie, de la dette illégitime qui a pour origine la défiscalisation des hauts revenus. Nicolas Marceau et les autres apôtres du déficit zéro ne semblent pas conscients que l’atteinte de cet objectif réduirait encore plus radicalement les revenus et alourdirait encore le fardeau de la dette. Les exemples européens sont nombreux à cet égard.
La dénonciation de cette reprise d’un objectif central du budget Bachand doit se renforcer, car elle est un gage d’une politique d’austérité. Il ne s’agit pas seulement de questionner l’échéancier proposé, mais de remettre radicalement en question la religion du déficit.
L’ouverture du gouvernement Marois à l’exploitation des énergies fossiles se confirme...
La ministre Martine Ouellet s’est expliquée. Elle n’a pas fermé la porte à l’exploitation du pétrole de schiste. Plus, le gouvernement est très favorable, a-t-elle ajouté, à l’exploitation du pétrole de la structure géologique d’Old Harry dans le golfe St-Laurent à quelques kilomètres d’Îles-de-la-Madeleine. Pour ce qui est de l’exploitation du gaz de schiste, la première ministre affirme, pour sa part, ne pas fermer la porte, si on trouve des moyens sécuritaires de faire cette exploitation. Et elle rappelle que la décision finale lui revient : .« Je suis la chef du gouvernement. »
Le Parti québécois ne planifie pas une transition vers l’élimination de l’exploitation des énergies fossiles. Il ne manifeste aucune volonté d’empêcher le secteur privé de développer cette filière énergétique et même de centrer cette exploitation d’énergies fossiles vers l’exportation. Il ne manifeste aucune volonté de reprendre en mains ce secteur pour organiser sa décroissance. Encore, une fois, le PQ parle des deux côtés de la bouche. Le virage vert annoncé alors qu’il était dans l’opposition va rapidement se transformer en nécessité d’un développement réaliste des énergies fossiles du Québec et dans la nécessité de profiter de la manne pétrolière pour développer les services publics, nous dira-t-on.
Le ralliement précipité à l’accord du libre-échange Canada-Europe
Le gouvernement péquiste, après quelques hésitations sur le caractère secret des négociations, a fait son lit et a accordé son appui à l’Accord de libre-échange Canada-Europe. Il dit faire confiance à Pierre-Marc Johnson pour défendre les intérêts du Québec. Sous l’initiative de Jean-François Lisée, il s’est même livré à un petit exercice de transparence qui ne renforce aucunement le pouvoir citoyen sur ces négociations.
Le gouvernement péquiste ne sait pas comment il protégera les services publics dans le cadre de cette nouvelle entente. Il ne prévoit pas comment il pourrait empêcher les grandes entreprises européennes de s’approprier nos richesses minérales ou énergétiques. Il ne s’assure pas que les entreprises privées ne puissent poursuivre le Québec pour ses règlements environnementaux. Le gouvernement semble se montrer tout à fait indifférent aux pressions à la privatisation des services publics qu’une telle entente pourrait induire.
Le gouvernement Marois accepte de légitimer une entente qui affaiblira l’autonomie politique du Québec et notre souveraineté populaire sur nos décisions économiques au profit de règles fixées, dans des instances technocratiques internationales, et ce, en dehors des décisions du peuple québécois. Rappelons que les premiers accords du libre-échange avec les États-Unis avaient été l’objet d’un vaste débat public et l’enjeu d’élections au niveau fédéral. Le gouvernement péquiste se situe bien en deçà des exigences démocratiques élémentaires où le peuple du Québec serait appelé à se prononcer par un référendum sur une entente qui va transformer le fonctionnement de pans entiers de la société québécoise et menacer des acquis arrachés de hautes luttes.
Non seulement le gouvernement cède aux pressions patronales et promet de transformer le Québec en un milieu où les affairistes pourront prospérer, mais en faisant cela, il se heurtera à la base électorale qu’il avait créée et qui croyait que ce parti pouvait être un véritable porteur de changement. Il crée ainsi les conditions de son affaiblissement et de son renversement.