La loi 21 est l’illustration la plus manifeste que la laïcité constitue un principe fondamental pour François Legault et son gouvernement. Elle traduit sa conception d’une société où les institutions publiques jouissent d’une indépendance totale de toute emprise religieuse. Cette mesure, qui prohibe le port de signes religieux ostentatoires pour les fonctionnaires en position d’autorité, suscite des débats passionnés, mais elle témoigne d’une volonté farouche de préserver la neutralité religieuse de l’État. Pour François Legault, la défense de notre laïcité requiert une vigilance constante contre toutes les influences et sollicitations externes.
Du moins c’est ce que l’on croyait, car force est de constater que François Legault a une conception pour le moins élastique de la laïcité. En effet, lorsqu’il s’agit de l’Église catholique, le Premier ministre se montre nettement moins intransigeant. Il y a là une contradiction flagrante, voir un leurre, qui en dit long sur l’idée que se fait François Legault d’un État laïc. Pour lui, il semble que la laïcité soit un principe à géométrie variable, applicable selon les circonstances et les intérêts politiques du moment. On peut dès lors se demander si la laïcité est réellement au cœur de ses préoccupations, ou si elle n’est qu’un prétexte commode pour stigmatiser une communauté religieuse particulière. Il est vrai que le Québec est une société profondément marquée par l’Église Catholique, toutefois cette empreinte religieuse ne doit pas servir de motif pour se dérober à ses obligations de neutralité, encore moins lorsque l’on se positionne aussi ardemment en faveur d’une laïcité fermée.
En somme, la laïcité à géométrie variable de François Legault est révélatrice d’un malaise profond, complexe et multifacette : celui d’une société qui peine à concilier ses idéaux de modernité avec son héritage religieux. D’un côté, il y a la volonté de préserver les principes laïcs nous garantissant une liberté de conscience. De l’autre, la réalité culturelle et historique, accordant à la religion une place importante dans le patrimoine québécois. Il est donc légitime de se poser la question, de savoir comment concilier ces deux dimensions apparemment contradictoires. La réponse ne peut être que complexe, et doit impérativement passer par un dialogue approfondi entre intellectuels et politiques.
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