Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Autochtones

La révolte des autochtones du Canada

L’émergence du mouvement « Idle No More » (que l’on peut traduire par « Finie l’apathie ! »), combinée à la grève de la faim observée par la cheffe du conseil de bande de la réserve indienne d’Attawapiskat, Theresa Spence – une communauté située sur la côte ouest de la Baie James dans le nord de l’Ontario – a remis la lutte de résistance des nations autochtones au premier plan sur la scène politique canadienne.

Partout à travers le Canada des actions de révolte se sont multipliées : « flash mobs », manifestations, occupations, blocages de routes, de ponts et de chemins de fer. Ces actions témoignent de la forte présence des peuples autochtones partout sur le territoire canadien (un million deux cent mille indiens, inuit et métis reconnus - 2006) (1).

La révolte amérindienne rappelle de manière spectaculaire que l’État canadien et ses différentes composantes – telles que les gouvernements provinciaux dont le gouvernement du Québec – a été édifié sur la base de l’expropriation des terres des Premières nations, sur la base de la spoliation de leurs ressources naturelles et sur la négation de leurs droits ancestraux.

Officiellement, le mouvement amérindien « Idle No More » a été créé au mois d’octobre 2012, à la suite du dépôt au Parlement d’Ottawa du projet de loi C-45 (« Mammouth II ») par le gouvernement fédéral de Stephen Harper. Ce projet de loi propose notamment de modifier unilatéralement le processus de consultation des conseils de bande (autochtones) mis sur pied en vertu de l’infâme Loi sur les Indiens de 1985, prolongement de l’Acte sur les Sauvages de 1876 (2). Ces modifications au processus de consultation visent en réalité à faciliter l’intrusion sur les réserves, la spoliation des ressources, la dégradation environnementale, et le saccage des terres sur les « Réserves indiennes » à l’encontre des intérêts des peuples autochtones.

Les instigatrices amérindiennes du récent mouvement dénoncent les modifications à la Loi sur la protection des eaux navigables et de manière plus générale, l’affaiblissement de la réglementation fédérale en matière de protection de l’environnement et des ressources naturelles, ce qui aura un impact évident sur l’avenir des communautés autochtones. Par ces mesures législatives le gouvernement fédéral s’autorise et autorise les gouvernements provinciaux canadiens – y compris le gouvernement québécois – à brader les terres autochtones. Le gouvernement Harper mène cette charge pour le profit des monopoles miniers et énergétiques canadiens et étrangers (Entreprises de l’oléoduc de la Mackenzie ; multinationales minières chinoises au Nunavut ; pétrolières américaines des sables bitumineux de l’Alberta ; minières étrangères du Nord de la Colombie Britannique ; monopoles miniers indiens (Arcelor Mital) et chinois et hydro-électriques québécois (Hydro-Québec) du Plan Nord au Québec ; etc.) (3).

Depuis un mois, le mouvement « Idle No More » s’est répandu dans à peu près toutes les communautés autochtones du pays. Il met désormais en présence à la fois des membres des diverses communautés, ainsi que les leaders reconnus et appointés par l’État canadien à la tête des conseils de bande et de leurs grands regroupements nationaux comme l’Assemblée des premières nations. Le mouvement de contestation est donc marqué par toutes les contradictions qui caractérisent les relations entre les Premières nations autochtones – l’État impérialiste canadien – la classes capitaliste monopoliste qui le dirige en sous-main – et le peuple canadien.

Ainsi, l’impérative exigence de certains chefs de bande de tenir des discussions entre les chefs des Premières nations et le « Chef » Stephen Harper d’Ottawa, en présente du futile gouverneur général du Canada – puéril représentant de la Couronne d’Angleterre – loufoque reliquat d’une époque coloniale Britannique révolue, n’est nullement endossée par les ouvriers autochtones, les chômeurs, les désœuvrés vivant de l’aide sociale sur leurs terres dévastées, spoliées et saccagées par les monopoles miniers, énergétiques et forestiers multinationaux et canadiens.

La classe ouvrière autochtone participe à ces luttes et à ces révoltes contre la Loi sur les indiens, et contre toutes celles qui l’ont précédée et par lesquelles les gouvernements canadiens – y compris le gouvernement québécois – se sont autorisés à parquer les amérindiens dans le « tiers monde » des « Réserves indiennes » – structure juridique semblable à des bantoustans – après avoir kidnappé leurs enfants, les avoir endoctrinés dans des collèges et des couvents chrétiens, loin de leurs parents, les violant et les dépouillant de leur héritage ethnique, culturel et linguistique. Depuis ce temps l’État bourgeois fédéral canadien et les gouvernements bourgeois provinciaux – y compris le gouvernement québécois – sont coupables de génocide culturel contre les Premières nations autochtones (4).

Aujourd’hui, la section amérindienne de la classe ouvrière canadienne – nos frères de classe issus des Premières nations – vivant dans les Réserves et hors des Réserves, est toujours soumise à l’oppression nationale contre sa culture, ses langues et son mode de vie ancestral, mais aussi et surtout ces prolétaires amérindiens, inuit et métis sont victimes de l’oppression de classe fondement de toutes les formes d’oppression en société impérialiste.

Les ouvrières et les ouvriers canadiens issus des Premières nations soutiennent le mouvement de révolte contre la Loi sur les indiens et contre toute les mesures contenues dans les iniques Loi C-45 et C-38. Le gouvernement Fédéral et les gouvernements provinciaux au Canada – y compris le gouvernement québécois – ne doivent plus intervenir sur les territoires des « Réserves indiennes » et ils doivent cesser d’autoriser quiconque à s’activer sur les territoires autochtones sans l’accord officiel des bandes autochtones et de leurs représentants dûment choisis selon les modes de représentation autochtones ancestraux.

Les luttes de résistance de la classe ouvrière autochtone sur le front économique de la lutte des classes – contre l’exploitation du travail salarié – tout comme leurs révoltes contre l’oppression nationale de classe (langue, culture, droits ancestraux, propriété et exploitation écologique de la Terre-mère et de ses ressources naturelles), sont partie intégrante de la lutte de l’ensemble de la classe ouvrière canadienne – comprenant sa section québécoise – contre le système d’exploitation impérialiste canadien.

Le prolétariat canadien salue la résistance et les luttes de sa section ouvrière autochtone.


Notes

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9rindiens_au_Canada
(2) http://lois-laws.justice.gc.ca/fra/lois/I-5/index.html et http://www.amnistie.ca/site/index.php?option=com_content&view=article&id=12967&Itemid=171
(3) Plan Nord (Québec-Canada) Méfiez-vous de cet homme venu du Sud. Robert Bibeau. 15.05.2011. http://www.mondialisation.ca/plan-nord-qu-bec-canada-m-fiez-vous-de-cet-homme-venus-du-sud/24778
(4) Idle No More et revendications autochtones. 8.01.2013. http://www.pressegauche.org/spip.php?article12760

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