Au Canada, aux États-Unis et en Europe, c’est pareil. Même que le président des États-Unis en fait son cheval de bataille : « Faisons payer les riches, insiste Barack Obama ». (Le Devoir, 20 septembre 2011).
Obama a augmenté l’impôt sur le revenu fédéral des compagnies et des nantis. Le taux d’imposition marginal fédéral américain des plus riches est maintenant de 40% contre 23% au Canada.
Pour les compagnies, l’impôt fédéral américain est de 33% contre 15% ici au pays. De plus, aux États-Unis, les Américains doivent payer une grosse somme en impôts fonciers, en frais d’assurance santé et en droits de scolarité.
Nicolas Marceau et le Parti Québécois : un tandem d’humoristes
Pour se faire élire, le PQ a promis hypocritement un paquet de choses souhaitées par la population, telle la hausse des impôts des riches, comme cela se fait partout dans le monde occidental. « Hausse des impôts des nantis. Pas négociable, dit Marceau » (La Presse, 27 septembre 2012) et « Marceau tient au principe d’imposer les plus riches » (Le Devoir, 26 septembre 2012).
Comme tous les autres partis, une fois élus, les gouvernements gouvernent pour satisfaire les intérêts supérieurs de la classe dominante, ce qui fait que, moins d’un mois après avoir été porté au pouvoir, on apprend sans véritable surprise que le gouvernement Marois exauce les vœux du gratin et se rétracte (au diable les promesse faites aux électeurs) : « Marceau recule sur les gains en capital » (3 octobre 2012).
Et le PQ « n’abolira pas la taxe santé » (10 octobre 2012) comme il l’avait pourtant promis, ce qui fait qu’en fin de compte et comme toujours, « la classe moyenne écope » (Journal de Montréal, 11 octobre 2012). Beau petit gouvernement péquiste progressiste !
Les gens d’affaires, échaudés par le PQ, qui voulait relever minimalement leurs impôts afin d’en arriver à une meilleure répartition de la richesse et financer nos services publics délabrés, sont « rassurés mais critiques » [11 octobre 2012). On les plaint et on compatit avec eux. Nos pensées les plus sincères les accompagnent.
Chantage du patronat : faut se soumettre aimablement aux lois « naturelles » du marché
Quelques exemples pour illustrer ce point : « Frustration à la pompe. Le prix de l’essence augmente malgré la baisse du brut. Et les automobilistes devront prendre leur mal en patience » (12 mai 2011) et puis ce titre : « Le pétrole est toujours plus cher, et il va falloir s’y habituer » (Le Devoir, 23 août 2004).
Quant au prix des aliments : « Le temps est venu de passer à la caisse » (4 avril 2009) et aussi « La fin de la nourriture bon marché » (8 juin 2011).
Enfin, même si les compagnies canadiennes et québécoises n’ont jamais été aussi riches, on prévient les travailleurs ordinaires que : « Les caisses de retraite devront s’adapter » (Le Devoir, 9 octobre 2012).
Commando patronal contre les hausses des impôts des riches et des compagnies
Quand on hausse la TVQ et les tarifs des services publics du monde ordinaire, le patronat applaudit le « courage » et « l’originalité » des gouvernements. Mais pas touche aux impôts des puissants qui, dans les faits, dirigent le Québec et le Canada.
Face à une petite hausse d’impôts des pachas, voilà que la milice patronale se met en marche et passe à l’attaque avec des campagnes de mensonges, de peur et de chantage, comme celle des chambres de commerce et de sa présidente Françoise Bertrand : « Québec ne comprend pas l’impact économique de ses décisions » (Le Devoir, 1er octobre 2012).
L’ONU, l’OCDE, François Hollande et Barack Obama ne doivent rien comprendre, puisqu’ils veulent et ont augmenté les impôts des riches et des compagnies ! Vous devriez peut-être les éduquer, Mme Bertrand !
L’institut patronal C.D. Howe Institute veut corriger Mme Marois. « Les erreurs de calcul de Marois, selon C.D. Howe » (Le Devoir, 3 octobre 2012). L’institut C.D. Howe a fait, comme à son habitude, les bons calculs et prétend « scientifiquement » que « Québec perdrait 800 millions en haussant l’impôt des riches selon une étude du C.D. Howe » (La Presse, 3 octobre 2012). Prendre les gens pour des imbéciles à ce point relève du mépris !
Et faut-il se surprendre de cette courageuse prise de position de l’Institut économique de Montréal : « Piger dans la poche des riches n’est pas la solution, selon l’IEDM » (6 décembre 2011).
Pour l’IEDM, la solution est de piger dans les poches de la classe moyenne et des pauvres et de couper, et couper encore, dans les services publics délabrés jusqu’à leur privatisation éventuelle, ce qui est déjà enclenché en grandes pompes depuis plusieurs années.
Rapporter fidèlement la complainte des prima donna
Puis-je enchaîner par une courte liste de certains articles de La Presse publiés dans le but d’appuyer le nécessaire combat des grosses légumes contre toute hausse d’impôt et de taxes, aussi minimes soient-elles ? Ça relève carrément du délire et de l’hystérie.
Pourquoi ne pas débuter par cet article : « L’oppression fiscale des entrepreneurs » (2 octobre 2012). Hmmm ? « Angoisses fiscales » (25 septembre 2012). Chanceux que le ridicule ne tue pas.
« Des contribuables inquiets évaluent leurs options » (25 septembre 2012). Des options comme : « L’appel fiscal de l’Ontario. L’effet PQ ». Mes amis, vaut mieux en rire. Ils font vraiment pitié.
Taux d’imposition marginal, légal, effectif et réel
Mon ami Jean-Philippe Décarie, maintenant chroniqueur à La Presse, est toujours sur le podium des âneries olympiques. Il a pondu sur la répression et la confiscation fiscale des nantis des perles d’insignifiance.
Dans « La frontière à ne pas franchir » (27 septembre 2012), il nous dit que des PDG d’entreprises et des démarcheurs d’investissements internationaux lui ont montré le danger à franchir le seuil d’un taux marginal d’imposition de 50%.
Pourrais-je mentionner à monsieur Décarie et aux autres propagandistes qu’il est carrément malhonnête de signaler que personne, je dis bien personne, ne paie le taux marginal ou le taux réel d’impôt.
Le taux d’imposition marginal est une légende. Faut plutôt parler, pour être honnête, du taux effectif réel d’impôts payés et non du taux théorique officiel.
Monsieur Décarie, puis-je vous référer à votre propre journal La Presse qui, le 1er septembre 2012, a publié le taux « effectif » d’impôts payés par Pauline Marois et François Legault en 2011, soit 16,1% et de 12,6% respectivement.
Le 21 septembre 2012, le candidat républicain défait à la présidence des États-Unis, Milt Romney, affichait un taux d’imposition réel et effectivement payé de 14,1% sur des revenus de 13,7 millions $ en 2011. On est très loin du taux marginal, n’est pas monsieur Décarie ?
Parlant de taux d’imposition marginal, légal ou réel, il y a la troisième fortune mondiale, l’homme d’affaires américain Warren Bufffet, qui, faisant preuve d’honnêteté intellectuelle, a affirmé : « avoir été l’individu proportionnellement le moins imposé au sein de son propre bureau, mieux placé que sa secrétaire et sa femme de ménage. Je paye un plus bas taux d’imposition que la femme de ménage ». Il en a conclu que « les riches Américains devraient payer plus d’impôts » (Le Devoir, 6 octobre 2010).
À cause du déluge d’abris fiscaux et des paradis fiscaux réservés aux riches, ces derniers affichent régulièrement un taux d’imposition effectif moins élevé que leurs employés ordinaires, ce qui ne représente qu’une faction du taux d’imposition marginal ou légal.
Dns le Wall Street Journal 25 septembre 2012, on pouvait s’étonner du titre de cet article : « Les patrons des grandes entreprises américains demandent une hausse d’impôts ». Ayoye ! On ne parle pas de pays communistes et de fanatiques intégristes. On parle des plus grandes compagnies et des plus riches Américains au monde.
Les poules vont avoir des dents et il va me pousser des cheveux avant que nos affairistes du Québec tiennent un pareil discours par esprit et souci de solidarité et de patriotisme.
Continuez à vous plaindre le ventre très plein. Il y a toujours des chroniqueurs comme Jean-Philippe Décarie qui seront là pour vous défendre contre la répression fiscale.