Des auditions programmatiques ont été organisées avec des chercheur-e-s, des professionnel-le-s et des militant-e-s afin de préciser les conditions de sa mise en œuvre. Les forces politiques appuyant la candidature de Jean-Luc Mélenchon ont apporté leurs contributions… Tout au long de la campagne à la présidentielle, ce travail collaboratif continuera pour enrichir encore ce programme et affiner les propositions… [1]
Le changement climatique a commencé et s’accélère. Il menace de détruire le seul écosystème compatible avec la vie humaine. Comment empêcher la catastrophe ? La transition énergétique est vitale ! Il s’agit de répondre ici et maintenant à l’intérêt général humain face au dérèglement climatique. Ce grand changement doit modifier tous les compartiments de la vie de notre société par une planification écologique. Nous savons bien que tout cela nécessite des investissements massifs, une abondante main-d’œuvre qualifiée et bien payée. Mais l’exigence écologique ne peut être réduite à des proclamations et des mesures qui épargnent le système. La finance n’en veut pas : elle préfère les grands rendements de la spéculation. La définanciarisation de l’économie est une condition incontournable de la transition écologique. Jean-Luc Mélenchon
38. La transition écologique, enjeu central
Pour les tenants du système, l’écologie est une question à part. C’est tout l’inverse. L’urgence écologique est une question fondamentale. C’est autour et à partir de l’exigence écologique que doit se penser toute la politique de la Nation. Pour cela, la préoccupation écologique doit être inscrite au sommet de la hiérarchie des normes et de l’activité de l’État. Le temps de l’écosystème, c’est le temps long. Le temps court de la finance et du productivisme saccage tout. La reconquête du temps long est la principale exigence. C’est le but de la planification écologique : mettre en cohérence dans le temps et dans l’espace les mesures nécessaires pour faire bifurquer le modèle de production, de consommation et d’échanges. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Constitutionnaliser la règle verte : ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer ni produire plus que ce qu’elle peut supporter
● Adopter une loi-cadre instaurant une planification écologique, démocratique et articulant les niveaux national et local
● Créer une fonction de délégués départementaux à l’écologie chargés d’alerter sur les dysfonctionnements, sur le modèle des délégués départementaux de l’Éducation nationale 69
39. 100 % d’énergies renouvelables en 2050
Le changement climatique impose de sortir des énergies émettrices de gaz à effet de serre. Le nucléaire n’est pas une solution d’avenir. Il ne règle aucune question : ni l’indépendance d’approvisionnement, ni la sûreté des installations, ni la gestion des déchets, ni les coûts financiers. Il faut donc sortir des deux à la fois. C’est un horizon technique et humain enthousiasmant. Plusieurs études (NegaWatt, Ademe…) ont montré que c’est possible d’ici 2050. Ne manque que la volonté politique. Nous l’avons. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Adopter un plan de transition énergétique avec un double axe sobriété/efficacité énergétique et transition vers les énergies renouvelables
- ⊲ Développer l’ensemble des énergies renouvelables
- ⊲ Sortir des énergies carbonées en commençant par l’arrêt des subventions aux énergies fossiles et de toute exploration de gaz et pétrole de schiste et de houille
- ⊲ Stopper la privatisation des barrages hydroélectriques
● Sortir du nucléaire - ⊲ Fermer immédiatement Fessenheim en garantissant l’emploi des salariés et leur formation pour en faire un site pilote du démantèlement
- ⊲ Abandonner l’opération du grand carénage visant à prolonger la vie des centrales nucléaires au-delà de quarante ans
- ⊲ Abandonner les projets d’EPR (Flamanville et Hinkley Point) et d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure
- ⊲ Rendre publiques les données sur l’enfouissement des déchets nucléaires depuis soixante ans et informer sur les dangers sanitaires avérés et/ou éventuels
● Créer un pôle public de l’énergie pour mener une politique cohérente, en renationalisant EDF et Engie (ex-GDF) en lien avec des coopératives locales de production et de consommation d’énergies renouvelables et en favorisant l’autoproduction et le partage des excédents
● Revenir sur la libéralisation du marché de l’électricité et abroger la loi NOME
40. Plan de rénovation écologique de tout le bâti
Le bâti est un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Les logements passoires thermiques restent très nombreux, pénalisant financièrement ceux qui les occupent (propriétaires et locataires). Les dispositifs existants ne sont pas assez efficaces : trop dispersés, trop dépendants de l’action individuelle des propriétaires. Un véritable plan doit être mis en place pour changer d’ampleur et de résultats. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Assurer l’isolation d’au moins 700 000 logements par an
● Renforcer les programmes locaux de détection des passoires énergétiques, avec davantage de moyens humains et financiers
● Mettre fin aux situations de précarité énergétique que vivent les ménages
● Former, labelliser et coordonner les professionnels de la rénovation énergétique afin d’imposer une obligation de résultats
● Mettre en place un « guichet unique » regroupant les demandes de financement, l’évaluation des besoins, la coordination des professionnels nécessaires pour organiser la rénovation par les propriétaires individuels
41. Développer les transports publics écologiques et repenser la mobilité individuelle
Avec le bâti, les transports sont très émetteurs de gaz à effet de serre. Et rien n’est fait pour améliorer cela. Les précédents gouvernements ont abandonné le transport ferroviaire au profit de la route (camions, bus « Macron »…). La libéralisation générale (ferroviaire, portuaire…) empêche une politique volontariste en laissant libre cours au marché. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Développer le transport ferroviaire
- ⊲ Adopter un plan de développement du ferroutage et de report modal pour réduire le transport routier de marchandises
- ⊲ Refuser la mise en concurrence du transport ferroviaire : bloquer l’ouverture à la concurrence des TER d’ici 2023 et des trains de nuit, remettre en cause la libéralisation du transport de marchandises et voyageurs grandes lignes
- ⊲ Revenir sur la loi Macron et l’autorisation du cabotage par autocar : les liaisons par autocar doivent être autorisées seulement là où il n’y a pas de lignes TER et non en concurrence avec elles
● Développer le cabotage maritime entre les ports français et le transport fluvial
● Renationaliser les autoroutes
● Repenser la mobilité individuelle - ⊲ Engager la sortie du diesel en commençant par supprimer progressivement l’avantage fiscal pour les flottes d’entreprise ⊲ Développer les usages partagés de la voiture (auto-partage, covoiturage courte et longue distances) et les mobilités douces (vélo, etc.)
- ⊲ Développer les véhicules électriques pour les flottes captives
42. Pénaliser les transports sur longue distance pour relocaliser les productions
C’est le règne du déménagement permanent des marchandises. Les chaînes de production et les lieux de consommation sont de plus en plus éloignés. Pour relocaliser les productions au plus près des consommateurs, le protectionnisme solidaire doit s’accompagner d’une politique qui pénalise les transports de longue distance, notamment routiers. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Introduire une contribution carbone sur le transport de marchandises
● Instaurer une taxe kilométrique aux frontières de la France pour intégrer le coût écologique dans les produits, qui dépendra de la distance parcourue par les produits importés
● Privilégier systématiquement les circuits courts et les productions locales dans la commande publique (alimentation, fournitures, etc.) et les rendre obligatoires pour les cantines scolaires
43. Consommer autrement
Le système aujourd’hui est absurde : il prive d’eau les personnes qui ne peuvent payer et ne pénalise pas le mésusage. Changeons de logique, imposons la gratuité des quantités nécessaires à une vie digne et sanctionnons les gaspillages. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Instaurer une tarification progressive sur l’eau et l’énergie incluant la gratuité des quantités indispensables à une vie digne et pénalisant les mésusages et gaspillages
● Soutenir la création de coopératives de consommation en lien direct avec les producteurs
● Imposer l’objectif d’une alimentation 100 % biologique locale dans la restauration collective
● Réduire la part des protéines carnées dans l’alimentation au profit des protéines végétales
44. Une France « 0 déchet »
Le tiers des aliments produits est jeté alors que tant de personnes n’arrivent pas à se nourrir correctement. Un nouveau continent s’est formé, fait de déchets plastiques flottants ! L’ère du jetable et des déchets doit cesser. Plusieurs villes du monde sont engagées dans des démarches visant à éliminer les déchets. La France peut montrer l’exemple. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Combattre l’obsolescence programmée des biens de consommation par un allongement des durées de garanties légales des produits
● Lutter contre le suremballage, le gaspillage (notamment alimentaire) et refuser le tout-jetable
● Rendre obligatoires le recyclage, le compostage ou l’incinération avec récupération de l’énergie produite pour tous les déchets, généraliser les consignes dans les commerces
● Soutenir toutes les initiatives s’appuyant sur la réutilisation des matériaux (ressourceries…) et développer les filières scolaires et universitaires professionnelles dans le secteur.
45. Sauver l’écosystème et la biodiversité
L’activité humaine est en train de provoquer une sixième grande extinction d’espèces vivantes. La biodiversité recule sous les coups du changement climatique, des pollutions, du braconnage, etc. La lutte pour la préservation de cette biodiversité passe évidemment par une action vigoureuse au niveau international pour lutter contre ces causes. Mais elle passe aussi par des actes nationaux et locaux. En somme, chacun doit apprendre à protéger la nature et la biodiversité. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Refuser la brevetabilité du vivant à tous les niveaux, lutter contre la biopiraterie
● Refuser les OGM, bannir les pesticides nuisibles en commençant par une interdiction immédiate des plus dangereux (glyphosate, néonicotinoïdes, etc.)
● Gérer durablement l’eau, bien commun essentiel à toute forme de vie ; lancer des programmes de dépollution des cours d’eau et océans, favoriser la création de régies publiques de l’eau au niveau local pour une gestion démocratique
● Sanctuariser le foncier agricole et naturel et lutter contre l’artificialisation des sols
● Généraliser les fermes pédagogiques pour la sensibilisation à l’enjeu écologique et l’éveil à la Nature
● Éradiquer la maltraitance envers les animaux
46. Pour une agriculture écologique et paysanne
L’agro-business détruit tout : l’écosystème, la santé des consommateurs et celle des paysans. Les maux sont connus : pesticides chimiques, gigantisme agricole, ultra-spécialisation et soumission au libre marché. À terme, ce système met à mal notre capacité à nourrir l’humanité. On peut faire autrement : produire mieux pour se nourrir mieux ! Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Engager la réforme agraire pour faciliter l’installation des jeunes agriculteurs en limitant la concentration des terres et la course à l’agrandissement et créer 300 000 emplois agricoles grâce à des prix rémunérateurs et une refonte de la PAC
● Stopper les projets de fermes usines
● Développer l’agriculture biologique, proscrire les pesticides chimiques, instaurer une agriculture diversifiée et écologique (polyculture-élevage, etc.) et promouvoir les arbres fruitiers dans les espaces publics
● Favoriser les circuits courts, la vente directe, la transformation sur place et plafonner les marges de la grande distribution par un coefficient multiplicateur limité pour garantir des prix rémunérateurs aux producteurs et interdire les ventes à perte pour les agriculteurs
47. Organiser et aménager le territoire par la démocratie et les services publics
Quelques métropoles reliées entre elles par le TGV et tant pis pour le reste du pays. C’est la ligne appliquée en matière d’aménagement du territoire depuis des années. Bilan : des territoires ruraux et des petites villes abandonnés, des métropoles explosées entre ghettos de riches et quartiers pauvres. Remettons de l’ordre et de la justice dans l’organisation du pays. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● Arrêter les grands projets inutiles comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
● Inverser la logique des métropoles et des méga-régions, de la compétition entre territoires
● Stopper l’étalement urbain en incitant au rapprochement entre bassins de vie et bassins d’emploi
● Défendre et reconstruire le maillage de transports en commun et de services publics sur tout le territoire, dans les départements ruraux et les quartiers populaires
48. Exploiter durablement la forêt française
La France possède l’une des plus importantes forêts d’Europe. Mais nous importons chaque année du bois pour construire des meubles ou des maisons ! Pire, la forêt française est progressivement abandonnée à la finance. Ce joyau mérite une autre politique, écologiquement soutenable et utile pour construire une filière bois créatrice d’emplois locaux. Nous proposons de réaliser les mesures suivantes :
● S’opposer à la marchandisation de la forêt française, refuser la privatisation de la forêt publique et garantir les moyens de l’Office national des forêts
● Développer la filière bois française pour permettre une exploitation forestière respectueuse du rythme des forêts et de la biodiversité, répondant aux besoins (chauffage, ameublement, construction, etc.) et créatrice d’emplois locaux
● Soutenir par la commande publique le développement des constructions en bois issu des forêts françaises