Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique québécoise

La performance lamentable de Québec Inc.

Québec Inc. coûte très et beaucoup trop cher en fonds publics pour des résultats absolument désastreux. Va falloir arrêter de se péter les bretelles et clancher. Pour stimuler supposément l’économie et aider nos entreprises, le gouvernement du Québec y met le gros paquet depuis plusieurs années. Eh oui, c’est le Québec qui subventionne le plus les entreprises au pays, soit 9 milliards$ l’an en incluant les alumineries, contre 3 G$ pour l’Ontario, et c’est la province qui a les impôts corporatifs les plus bas en Amérique du Nord et pour les minières, c’est au monde. La moitié des 300 000 compagnies au Québec ne paient aucun impôt sur des profits milliardaires….

Faut arrêter drette-là l’hémorragie en fonds publics versés à chaque année à nos B.S. corporatifs de luxe. Le fameux modèle québécois avec ses monumentales vaches sacrées consenties aux affairistes, loin de créer de la richesse collective, est en train d’emporter nos services sociaux dans un état encore plus pitoyable. Faut que nos élus mettent fin à cet immobilisme pernicieux qui favorise Québec Inc. Ça va prendre beaucoup d’audace, de courage et d’indépendance pour tenir tête aux puissants lobbies patronaux, mais les intérêts supérieurs de la collectivité doivent primer. Trop longtemps les compagnies québécoises ont été branchées aux mamelles de l’État qui s’est transformé pour elles en guichet automatique. Faut les responsabiliser en mettant fin au bar ouvert des subventions et des cadeaux fiscaux, comme le font avec succès d’autres pays. Même les États-Unis. Eh oui, les States !

Il y a beaucoup trop d’arrivistes au Québec qui se prennent pour de véritables entrepreneurs et qui font plein d’argent uniquement grâce au délestage en leur faveur de machines à fabriquer de l’argent et qui nécessitent aucune expertise et ne présentent aucun risque. Où est le mérite ? Prenons comme exemples Boralex de la famille Lemaire, propriétaire de la papetière Cascades qui a fait papate en France, et Gaz Métro, qui ont reçu de leurs amis politiciens des petits barrages hydroélectriques et beaucoup d’éolien. Allô entrepreneur qui aime et adore supposément prendre des risques. Qui aime plutôt faire prendre des risques à la population devrions nous dire. Il y a eu récemment les bineries Gastem, Pétrolia et Junex qui ont reçu gratos les lucratifs droits d’exploration pétroliers et gaziers au Québec qui nous appartenaient. Puis, il y a ceux qui investissent pépèrement dans la santé privée, comme Charles Sirois de la CAQ, Marcel Côté de Secor, l’ex ministre péquiste Michel Clair et l’ex ministre libéral Philippe Couillard, etc. La liste est très longue de ces profiteurs de première classe.

Il y a en a plusieurs autres qui sont carrément des « homers » et qui fouèrent aussitôt qu’ils sortent de leur confort québécois, maternés qu’ils sont par l’État. Ce ne sont pas des gros « sorteux ». Comme disent les anglais « Home sweet home ». On est si bien au chaud subventionné à la maison. Par exemple, citons les cas suivants :

* « Le Groupe Jean Coutu reconnaît son échec américain ». Le Devoir, 8 juillet 2009 ;
* « Cogeco radie son investissement au Portugal ». La Presse, 8 juillet 2011 ;
* « Tembec : important plan de recapitalisation ». Journal de Montréal, 20 décembre 2007 ;
* « Canam abandonne ses activités au Mexique ». La Presse, 30 avril 2009 et
* « Canam vend sept usines aux Etats-Unis et au Mexique ». Le Devoir, 10 juillet 2003 ;
* « Metro souffre en Ontario ». La Presse, 30 janvier 2008 ;
* « Transcontinental. Le marché américain devient difficile ». La Presse, 21 février 2008 ;
* « Shermag frappe un nœud aux Etats-Unis ». La Presse, 10 août 2007 ;
* « Saputo miné par sa division américaine ». Le Devoir, 3 août 2006 ;
* « Le patron de Garda se fait humble et admet ses erreurs ». Le Devoir, 14 juin 2009.

Dire que ce sont eux qui nous parlent de mondialisation. Mondialisation du cheap labor, s’entend. Et le très subtil ministre libéral des finances Raymond Bachand qui lance : « Les fonctionnaires doivent accroître leur productivité dit le ministre Bachand » (La Presse, 4 septembre 2009). Accroître leur rendement en prenant Québec Inc. comme modèle, je suppose. Vraiment les libéraux ont fait leur temps. Monsieur Bachand est le même qui a dit que les Québécois devront être solidaires en acceptant de payer sans chialer les échecs, les fraudes et la corruption entre élus et opportunistes rattachés à la crise financière, aux PPP, aux privatisations, à la sous-traitance, etc. Monsieur Bachand, avez-vous pensé vous exiler aux États-Unis et de vous recycler en preacher type évangéliste économique. Vous feriez un carton.

Il y a eu également le fiasco de Quebecor avec Quebecor World et ses imprimeries à l’étranger, la déconfiture de Nortel, de Téléglobe et de Télésat, deux sociétés très rentables lorsqu’elles étaient détenues par l’État, tout comme le retentissant succès collectif IAF-Biochem Pharma que Québec a, par idéologie et par intérêt, privatisée, puis vendue à l’anglaise Shire par l’opportuniste Francesco Bellini et dont il ne reste plus rien. Ajoutons à cette « prestigieuse » liste de flops, le plus gros assisté social au pays, Bombardier (avec SNC-Lavalin) qui a coulé à pic avec ses motoneiges vendues à des investisseurs américains et qui vivote grâce à la société d’État Canadair qu’elle a obtenue pour pas cher. Que dire de ces titres d’articles de journaux : « Les avions (CRJ) de Bombardier coûtent cher à EDC (Exportation et Développement Canada) » (La Presse, 2 août 2011) ; « Avions d’affaires : Bombardier glisse derrière Gulfstream » (Le Devoir, 5 août 2011), « Avions régionaux : Bombardier se fait solidement doubler par Embraer et ATR » (Le Devoir, 29 juillet 2011) et Bombardier largué de toutes parts » (La Presse, 31 décembre 2011). Hum, hum !

Oh, oh, il y a l’ancienne entreprise de François Legault de la CAQ, Air Transat, qui en arrache et qui « présente un plan de redressement » (La Presse, 16 décembre 2011) sans compter tous les majestueux échecs en affaires de son associé, Charles Sirois dit le « conquérant », comprenant Fido, Look et Télésystème international. Moi je dis CAQ pour « Chambre des affairistes du Québec ».

Même après les échecs ou le peu de résultats concluants, les Charles Sirois, Jean Coutu, les frères Lemaire et d’autres continuent, avec leurs grosses têtes enflées, à nous dire comment gérer l’État pour leurs propres intérêts et pour ce faire, couper et tarifier les services sociaux ; privatiser aux copains les services publics et les ressources naturelles ; augmenter l’aide gouvernementale aux compagnies ; détaxer les nantis et les entreprises et « full » taxer le monde ordinaire, fermer l’œil sur l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux et y aller gaiement avec les PPP et la sous-traitance. S.V.P. Fermez la donc !

Je le répète : il est urgent que le gouvernement du Québec arrête de gaver avec l’argent du public des entreprises assises sur leur « steak » qui en redemandent toujours plus. Il faut responsabiliser Québec Inc. comme le font les gouvernements du Danemark, de la Suède, du Brésil, de la Finlande, etc. Faut immédiatement fermer le robinet qui donne l’illusion de la gratuité à nos affairistes. Terminons par une bonne blague. Voici le titre d’une opinion publiée dans La Presse du 11 avril 2011 : « Lève-toi, Québec Inc » ! D’après moi, ça prendrait un autre miracle de Jésus pour que cela arrive. Il y a bien eu le miracle de Lazare, mort depuis quatre jours, à qui Jésus a ordonné de se lever. Mais, il y a toujours une limite à ce que l’on peut demander au petit Jésus. Faut tout de même pas exagérer sur le pain béni et même l’eau bénite. Pour Québec Inc., le miracle va encore venir de la main visible de l’État qu’ils veulent toutefois invisible pour les autres. Oh, oh, attendez un peu. En dernière heure (La Presse, 3 janvier 2012) nous apprenions qu’une boulangerie québécoise pense, ce n’est pas encore fait, pouvoir vendre du pain aux States » (« Du pain québécois aux États-Unis »).

C’est pas Nokia, Samsung, IKEA ou Statoil, mais quand même… Ah ben là, on vient de trouver la cause de cet immobilisme crasse de Québec Inc., comme le laisse voir clairement le titre de cet article du Devoir du 17 janvier 2012 : « Québec s’engage à réduire la paperasse pour les entreprises ». Fallait juste y penser. Mille fois bravo pour ce geste téméraire et ingénieux. À l’avenir, chaque entreprise aura sa carte de crédit gouvernementale. Plus besoin de paperasse pour obtenir des subventions, ils n’auront qu’à entrer leur « nip » de même que pour détourner des milliards$ dans les paradis fiscaux et on s’en remettra uniquement à leur éthique légendaire pour protéger l’environnement. Ces argents économisés en paperasse par l’État pourront servir à les subventions encore plus. Un seul mot me vient à l’esprit : « Fantastique ». Pas pathétique mais bel et bien fantastique.

Cet article est tiré du journal Métro Montréal

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