L’organisme constate en effet que, si l’offre de logements locatifs est revenue à la normale à l’échelle du Québec avec un taux de 3 %, la pénurie demeure extrême dans les régions de l’Abitibi et de la Côte-Nord. En Abitibi, le taux de logements inoccupés est carrément de 0 % à Val d’Or. Il atteint péniblement 0,5 % à Amos et Rouyn-Noranda, mais les logements familiaux y sont plus rares. Ainsi, le taux d’inoccupation des appartements de deux chambres à coucher est également à 0 % à Amos, alors qu’il n’est que de 0,1 % à Rouyn-Noranda. Sur la Côte-Nord, Sept-Îles a vu son taux de logements inoccupés chuter à 0,2 %. En ce qui a trait aux grands logements familiaux de trois chambres à coucher et plus, l’offre tombe à 0 %, non seulement à Sept-Îles, mais aussi à Baie-Comeau, jusqu’à tout récemment épargnée par la pénurie.
Selon le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, « la crise du logement qui frappe l’Abitibi et la Côte-Nord a une cause commune : le développement minier effréné, sans préoccupations sociales, alimenté par le Plan Nord de l’ex-gouvernement libéral de Jean Charest ». Il précise : « Un tel développement repose en grande partie sur un phénomène baptisé « fly in and fly out », c’est-à-dire sur le recours à une main d’œuvre, venue de l’extérieur de la région et qui la quitte dès qu’elle peut. Ces personnes parviennent toujours à se loger, mais ce n’est pas le cas pour celles à plus faible revenu. Non seulement les loyers sont-ils trop chers quand elles sont à la recherche de logements, mais elles doivent plus souvent qu’autrement vivre de la discrimination. De plus, la pénurie entraîne une hausse générale du coût des loyers ».
Le FRAPRU fait remarquer que le marché privé de l’habitation montre peu d’empressement à investir dans de nouveaux logements locatifs. Ainsi, à peine 3 logements locatifs ont été mis en chantier au cours des neuf premiers mois de 2012 à Amos et Val d’Or, alors que ce nombre a été de 24 à Rouyn-Noranda et de 30 à Sept-Îles, ce qui est très peu, compte tenu de l’ampleur de la pénurie en Abitibi et sur la Côte-Nord. L’organisme estime que le gouvernement québécois doit compenser ce manque par un plus grand nombre de logements sociaux, ce qui permettrait aussi de respecter la capacité de payer des ménages à plus faible revenu.
Le FRAPRU pense par ailleurs que le gouvernement Marois doit offrir aux deux régions le même type d’aide d’urgence qui était disponible pour les régions métropolitaines de Montréal, Québec et Gatineau au début des années 2000, alors qu’elles vivaient des pénuries de logement similaires. Les municipalités concernées devraient donc pouvoir compter sur la contribution financière du gouvernement pour être en mesure d’offrir de l’hébergement et de l’entreposage aux ménages qui pourraient se retrouver sans logement et disposer de suppléments au loyer permettant aux personnes et aux familles à plus faible revenu d’avoir accès aux rares logements qui pourraient se retrouver en location.