Édition du 12 novembre 2024

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Logement

Bilan du 1[er] juillet : La crise du logement se vit durement à l'année, constate le FRAPRU

MONTRÉAL, le 4 juill. 2024 - Au lendemain de la journée des déménagements, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) dresse un bilan alarmant de la situation du logement au Québec. Selon la compilation de la Société d’habitation du Québec, 1667 ménages locataires sont actuellement sans logement ou en recherche et accompagnés par un service d’aide au relogement. De ce nombre, au moins 379 ménages sont en hébergement temporaire par une municipalité ou ont rapporté être chez des proches. Au moins 89 ménages sont sans-logement à Trois-Rivières, 73 à Longueuil, 31 à Drummondville, 39 à Rimouski, 21 à Québec, 22 à Gatineau, 16 à Sherbrooke, 15 à Saguenay, 14 à Granby. À Montréal, 185 ménages sont actuellement sans logis ou à risque de l’être dans les prochains jours.

À ce jour, ce sont 9519 ménages locataires du Québec qui ont dû faire appel au service d’aide d’un office d’habitation, là où il y en avait un, de crainte de ne pas trouver de logement cette année. En contexte de pénurie de logements et de hausse fulgurante des loyers, trouver un logement a été particulièrement compliqué, particulièrement pour les locataires victimes d’évictions et de reprises de possession de logement qui sont nombreux parmi les ménages ayant fait appel aux services d’aide. ’

« Les chiffres sont encore plus frappants sachant que beaucoup moins de locataires ont déménagé », souligne Véronique Laflamme. En 5 ans, le taux de rotation au Québec est passé de 18,6 % à 10,4%. Il a diminué encore plus drastiquement dans certaines municipalités, durement frappées par la pénurie comme Sherbrooke, Drummondville et Rimouski1.

« La crise s’approfondit dans plusieurs régions. Évictions, reprises de logement, séparations ou manque de logements correspondant aux besoins et la capacité de payer : trop de locataires se retrouvent en situation de précarité », rappelle Véronique Laflamme. Selon elle, c’est la preuve que des services d’aide d’urgence complets, adéquats et disponibles à l’année dans toutes les régions sont plus que jamais nécessaires pour éviter que des locataires ne grossissent les rangs des personnes en situation d’itinérance visible ou cachée. « Ne pas trouver un toit qui réponde à sa capacité de payer, ou, à défaut, consentir à louer un logement ne correspondant pas à ses besoins, plonge ces locataires dans une grande insécurité. », déplore Véronique Laflamme.

Même si ces chiffres en disent long sur la profondeur de la crise du logement, le regroupement rappelle qu’ils ne sont le reflet que d’une petite partie des conséquences de la crise du logement. « Il ne faut pas oublier tous ceux et celles qui n’ont pas contacté de services d’aide, qui ont consenti à des logements trop chers, trop petits, insalubres ou inadéquats ou qui sont demeuré•es dans des logements inadéquats de crainte de ne pas trouver », insiste Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. Selon le dernier recensement de Statistiques Canada, déjà en 2021, 130 000 ménages engouffraient la moitié de leur revenu pour se loger, « il est clair que la crise du logement ne se vit pas qu’autour du 1er juillet. Elle se vit à l’année », résume-t-elle. Le FRAPRU constate qu’en l’absence d’alternatives viables, en plus de l’itinérance visible et invisible qui augmente partout à la faveur de la crise, un dépit locatif se répand.

Des mesures structurantes exigées
Alors que la crise du logement s’approfondit, le FRAPRU insiste sur l’urgence de mettre en place des mesures structurantes fortes pour mieux protéger les locataires des évictions et des hausses abusives de loyer. Il est aussi primordial d’augmenter le nombre de logements sociaux et communautaires, seul rempart durable pour un nombre grandissant de locataires contre l’insécurité résidentielle généralisée. « L’insuffisance de logements sociaux et communautaires, sous forme de HLM, de coopératives et d’OSBL d’habitation et le manque d’alternatives aux rares logements trop chers contribuent à la crise vécue par les locataires, particulièrement ceux à faibles et modestes revenus », insiste Véronique Laflamme.

Dans les circonstances, le FRAPRU juge insuffisants les 8000 logements sociaux et abordables, dont le financement a été annoncé cette année. Surtout que ces dernières permettent à peine un rattrapage des budgets insuffisants consentis au développement de nouveaux logements sociaux depuis l’arrivée du gouvernement Legault en 2018. Alors que la ministre de l’Habitation a affirmé à maintes reprises que ces unités étaient presque toutes réservées, sans qu’il y ait eu d’appels de projets ou de modifications au Programme abordable Québec depuis juin 2023, le FRAPRU se questionne sur la manière d’octroyer les fonds gouvernementaux.

Plus inquiétant encore, un nombre à peu près équivalent de près de 8000 unités budgétées dans le programme Accès Logis, que la CAQ avait promis de livrer durant son premier mandat, ne sont toujours pas construites. L’incertitude demeure sur le nombre qui le sera réellement. Selon le FRAPRU, il serait inacceptable que des centaines d’unités pour lesquelles du financement a été prévu, il y a plusieurs années, soient recyclées dans de nouvelles annonces. « Il faut tout faire pour que ces projets se réalisent. Ensuite, il faut, au minimum, que les unités s’ajoutent à celles déjà annoncées », explique Véronique Laflamme.

Selon le FRAPRU, pour se sortir du cercle vicieux des annonces budgétaires insuffisantes chaque année, le gouvernement du Québec doit se doter d’une cible claire d’au moins 10 000 logements sociaux et communautaires par année, sur 15 ans, afin que la part occupée par le logement social sur le parc locatif atteigne au moins 20 %, d’ici 15 ans. Un ou des programmes entièrement dédiés au logement social sont nécessaires pour réaliser plus rapidement un nombre suffisant de logements sociaux pour répondre aux besoins dans les différents milieux. Le FRAPRU espère notamment la mise sur pied d’un programme de logements publics de type HLM et d’un programme québécois d’acquisition de logements locatifs privés pour les soustraire du marché spéculatif. « Le Programme Habitation Abordable Québec (PHAQ) ne se suffit pas à lui-même et semble avoir été pensé pour le privé, et non pour réaliser du logement social. Il n’est en effet pas adapté pour permettre le développement des projets sans but lucratif portés par les communautés », martèle Véronique Laflamme.

« Pour éviter que des locataires ne soient déracinés de leurs quartiers et que chaque 1er juillet ne fragilise davantage les communautés, pour que les locataires cessent de compromettre leur bien-être au profit des investisseurs immobiliers, il faut que l’alternative du logement social se généralise », conclut Véronique Laflamme.

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