Édition du 12 novembre 2024

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La guerre en Ukraine - Les enjeux

La paix carthaginoise de Washington se heurte à la réalité

La guerre en Ukraine vue par un colonel américain

Les dirigeant.e.s politiques et militaires nationaux et nationales qui ont engagé les E-U dans des guerres de choix au Vietnam, dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak, l’ont fait en règle générale parce qu’ils et elles étaient convaincu.e.s que les combats seraient courts et décisifs. Malgré cela, les présidents américains, les conseiller.e.s présidentiel.e.s et les chefs militaires supérieurs n’ont jamais cessé de considérer que la stratégie nationale, si elle existe en fait, consiste à éviter les conflits, à moins que la nation ne soit attaquée et obligée de se battre.

29 novembre 2022 | Doulgas MacArthur est un colonel retraité de l’armée des E-U)
https://www.theamericanconservative.com/washingtons-carthaginian-peace-collides-with-reality/

La dernière victime de cette mentalité est l’Ukraine. En l’absence d’une analyse critique de fond en comble de la puissance nationale et des intérêts stratégiques de la Russie, les hauts dirigeants militaires américains et leurs chefs politiques ont vu la Russie à travers une lentille étroitement focalisée, qui a magnifié les forces américaines et ukrainiennes, mais qui a ignoré les avantages stratégiques de la Russie – sa profondeur géographique, ses ressources naturelles presque illimitées, une forte cohésion sociale et sa capacité militaro-industrielle d’augmenter rapidement sa puissance militaire.

L’Ukraine est désormais une zone de guerre soumise au même traitement que les forces armées américaines ont infligé à l’Allemagne et au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, au Vietnam dans les années 1960, et à l’Irak pendant des décennies. Les réseaux électriques, les réseaux de transport, les infrastructures de communication, la production de carburant et les sites de stockage de munitions sont systématiquement détruits. Des millions d’Ukrainien.ne.s continuent de fuir la zone de guerre en quête de sécurité, avec des conséquences inquiétantes pour les sociétés et les économies européennes.

Pendant ce temps, l’administration Biden commet à plusieurs reprises le péché impardonnable dans une société démocratique de refuser de dire la vérité au peuple américain : contrairement au récit populaire de la « victoire ukrainienne » diffusé par les médias occidentaux, qui bloque toute information qui le contredit, l’Ukraine n’est pas en train de gagner, et ne gagnera pas, cette guerre. Des mois de lourdes pertes ukrainiennes, résultant d’une série interminable d’attaques inutiles contre les défenses russes dans le sud de l’Ukraine, ont dangereusement affaibli les forces ukrainiennes.

Comme on pouvait s’y attendre, les États membres européens de l’OTAN, qui portent le poids de l’impact de la guerre sur leurs sociétés et leurs économies, sont de plus en plus désenchantés par cette guerre par procuration ukrainienne de Washington. Les populations européennes remettent ouvertement en question la véracité des affirmations de la presse sur l’État russe et les objectifs américains en Europe. L’afflux de millions de réfugié.e.s en provenance d’Ukraine, ainsi qu’une combinaison de différends commerciaux, de gros profits privésde la vente d’armes américaines, et de prix élevés de l’énergie, risquent de retourner l’opinion publique européenne contre la guerre de Washington et l’OTAN.

La Russie a également subi une transformation. Au cours des premières années du mandat du président Poutine, les forces armées russes étaient organisées, entraînées et équipées pour la défense territoriale exclusivement nationale. Mais la conduite de l’opération militaire spéciale (SMO) en Ukraine a démontré l’inadéquation de cette approche pour la sécurité nationale de la Russie au XXIe siècle.

La phase d’ouverture du SMO était une opération limitée avec un objectif étroit et des objectifs restreints. Le point critique est que Moscou n’a jamais eu l’intention de faire plus que de persuader Kiev et Washington que Moscou se battrait pour empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN et d’infliger de nouveaux mauvais traitements aux Russophones en Ukraine.

Le SMO russe était cependant basé sur des hypothèses invalides et elle a été terminée. Il s’est avéré que la nature limitée du SMO a atteint le contraire du résultat souhaité par Moscou, donnant une impression de faiblesse, plutôt que de force.

Après avoir conclu que ses hypothèses par rapport à la volonté de Washington de négocier et de faire des compromis étaient invalides, Poutine a ordonné au Quartier général de l’armée russe de développer de nouveaux plans opérationnels selon de nouveaux objectifs : premièrement, écraser l’armée ukrainien ; deuxièmement, dissiper tout doute à Washington et dans les capitales européennes sur le fait que la Russie remportera la victoire qu’elle souhaite ; et, troisièmement, créer un nouveau statu quo territorial, qui correspond aux besoins de sécurité nationale de la Russie.

Une fois le nouveau plan soumis et approuvé, le président Poutine a accepté une opération d’économie de force qui visait à défendre les gains territoriaux russes avec un minimum de forces, jusqu’à ce que les ressources, les capacités et la main-d’œuvre nécessaires soient réunies pour des opérations décisives. Il a également nommé un nouveau commandant de théâtre, le général Serguei Surovikine, un officier supérieur qui comprend la mission et possède l’état d’esprit nécessaire pour réussir.

La phase offensive du conflit qui s’en vient offrira un aperçu de la nouvelle force russe qui émerge et de ses capacités futures. Au moment où je rédige ces lignes, 540,000 soldats de combat russes sont rassemblés dans le sud de l’Ukraine, dans l’ouest de la Russie et en Biélorussie. Les chiffres continuent d’augmenter, mais ils comprennent déjà 1000 systèmes d’artillerie à roquettes, des milliers de missiles balistiques tactiques, de missiles de croisière et de drones, ainsi que 5,000 véhicules de combat blindés, dont au moins 1,500 chars, des centaines d’avions d’attaque à voilure fixe, des hélicoptères, et bombardiers. Cette nouvelle force a peu de points communs avec l’armée russe qui est intervenue il y a 9 mois le 24 février 2022.

Il est désormais possible de prévoir que les nouvelles forces armées russes qui sortiront du creuset de la guerre en Ukraine seront conçues pour exécuter des opérations stratégiquement décisives. La force russe qui en résultera s’inspirera probablement de la conception de la force et du cadre opérationnel recommandés dans l’ouvrage du colonel général Makhmut Gareev, Si la guerre arrive demain ? Les contours du futur conflit armé . Le nouvel établissement militaire sera composé de forces en place beaucoup plus importantes, qui peuvent mener des opérations décisives dans un délai relativement court avec un minimum de renfort et de préparation.

En d’autres termes, à la fin du conflit, il semble que Washington aura incité l’État russe à renforcer sa puissance militaire, à l’opposé de l’affaiblissement fatal que Washington envisageait, lorsqu’il s’est lancé dans sa course à la confrontation militaire avec Moscou.

Mais aucun de ces développements ne devrait surprendre personne à Washington, D.C. À partir du discours de Biden à Varsovie, exigeant effectivement un changement de régime à Moscou, l’administration Biden a refusé de voir la politique étrangère en termes de stratégie. Comme un général stupide, qui insiste pour défendre chaque pouce de terrain jusqu’au dernier homme, le président Biden a confirmé l’engagement des États-Unis à s’opposer à la Russie et, potentiellement, à tout État qui ne parvient pas à se mesurer aux normes « démocratiques » hypocrites du mondialisme américain, quel qu’en soit le coût pour le peuple américain, que ce soit en termes de sécurité ou de prospérité.

Ce discours de Biden à Varsovie était chaud d’émotion et embourbé dans l’idéologie du mondialisme moralisateur, populaire à Washington, Londres, Paris et Berlin. Mais pour Moscou, le discours équivalait à un plan de paix carthaginois.

La conduite par Biden de la politique étrangère américaine de « ne pas prendre de prisonniers » signifie que le résultat de la prochaine phase de la guerre en Ukraine ne détruira pas seulement l’État ukrainien. Elle démolira également les derniers vestiges de l’ordre libéral d’après-guerre et produira un changement radical de pouvoir et d’influence à travers l’Europe, particulièrement à Berlin. Ils s’éloigneront de Washington pour aller vers Moscou et, dans une mesure limitée, vers Pékin.

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