Les politiques du gouvernement de la CAQ vont à l’encontre des intérêts de la majorité populaire
« Le Québec dérape ». La crise du logement s’approfondit. Les personnes vivant dans l’itinérance n’ont jamais été si nombreuses. Les services de santé se détériorent. Nombre d’élèves du Québec doivent vivre dans des écoles délabrées. Les conditions de travail des employé-e-s du secteur public se détériorent. Le gouvernement refuse de prendre réellement en compte la lutte aux changements climatiques. Il semble n’avoir d’argent que pour les grandes entreprises multinationales qu’il arrose de sommes faramineuses. « Depuis des mois, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec nous impose d’horribles projets de lois et de réformes qui font craindre le pire pour le filet social » [1]. La fermeture et l’arrogance dont il fait preuve face aux demandes salariales du Front commun et des infirmières sont une autre illustration du caractère réactionnaire de ce gouvernement.
Face à Ottawa, son autonomisme provincial s’avère complètement impuissant alors qu’il n’obtient pas les augmentations de transfert en santé qu’il demande et il est incapable de contrer la centralisation du gouvernement fédéral qui n’hésite pas à occuper les champs de compétences du Québec. Et cela, c’est sans compter sa démagogie contre les migrant-e-s temporaires ou permanents qui seraient les responsables de la crise du logement comme des reculs de la langue française. Le gouvernement Legault n’hésite pas à nier l’existence du racisme systémique présent dans la société québécoise, racisme systémique vécu particulièrement par les populations autochtones.
Il n’est donc pas étonnant que le Parti gouvernemental ait perdu 11 points depuis les dernières élections. L’actuelle montée des mobilisations continuera à dévoiler le caractère régressif de ses politiques.
Le Parti québécois de PSPP n’hésite pas à livrer des batailles politico-idéologiques qui lui donnent un nouveau souffle.
Cela a commencé lors de la dernière campagne électorale. Le PQ est apparu comme le principal porteur de la cause de l’indépendance du Québec. Il a défendu l’actualité de ce combat. Les résultats électoraux ont été désastreux, mais la direction de PSPP ne s’est pas laissé démonter par la petitesse de sa députation. Il a aussitôt lancé une bataille symbolique contre le serment au Roi d’Angleterre pour pouvoir siéger à l’Assemblée nationale. La députation péquiste s’est tenue debout si bien qu’elle a remporté une victoire certes symbolique, mais qui a marqué les esprits. Renforcé par le recul de la CAQ sur le troisième lien, le PQ a arraché une victoire écrasante sur la CAQ dans Jean-Talon. Suite à cette victoire, la réaction paniquée de François Legault qui a proposé de reprendre la discussion sur le troisième lien a continué à souffler dans les voiles du parti de PSPP.
La présentation du Budget de l’An1 visait essentiellement à replacer, encore une fois, la perspective de l’indépendance du Québec sur la scène publique. Sa démarche a permis de placer le premier ministre Legault sur la défensive. Ce dernier a, pour répondre au budget de l’An 1, repris les anciens propos démagogiques des Charest et Chrétien sur les pertes d’emplois et sur les catastrophes dont serait porteuse l’indépendance du Québec. Il a été démasqué comme un défenseur du fédéralisme canadien. Les personnes qui nourrissaient des illusions sur son nationalisme en ont pris pour leur rhume.
Le PQ apparaît maintenant comme l’opposition pouvant espérer remplacer Legault ou du moins transformer le rapport de force aux prochaines élections en le réduisant à un gouvernement minoritaire.
Des manœuvres habiles sur un fond de nationalisme identitaire et régressif
Au-delà des effets de toge de PSPP, il faut écouter soigneusement ce qu’il a à nous dire pour comprendre le projet d’indépendance qu’il nous propose. La conférence de presse qu’il a tenue pour présenter son Budget de l’An 1 est révélatrice. Il a bien sûr parlé d’une monnaie québécoise. Voilà une position nécessaire et les motivations qu’il nous donne sont importantes et justes. Mais, pour PSPP, l’indépendance s’identifie à la souveraineté-association et le gouvernement canadien est présenté comme un futur partenaire consentant. Plus, s’il propose la mise sur pied d’une armée québécoise, il n’hésite pas à affirmer qu’un Québec indépendant serait membre de l’OTAN et de NORAD, car « on va toujours demeurer loyal envers les intérêts géopolitiques de l’Amérique du Nord, notamment sur le plan des ressources et de la défense. » [2]
Qu’est-ce que cela veut dire ? Dépenser deux pour cent du budget du Québec pour l’armement pour satisfaire aux demandes de l’OTAN ? Défendre des politiques de libre-échange qui répondent d’abord aux besoins des États-Unis ? Produire plus d’électricité pour les besoins de l’industrie américaine comme s’apprêtre à le faire le gouvernement Legault ? Le livre « bleu » qu’il nous promet risque de réserver bien des surprises.
Le PQ se reconstruit dans un Québec où le nationalisme identitaire occupe une place de plus en plus importante. Pour le PQ, la défense de la nation québécoise passe par la baisse des quotas d’immigration et par la lutte pour l’homogénéité culturelle. Il ne s’agit pas seulement de faire du français une langue publique commune, mais les nationalistes conservateurs insistent sur le fait que la défense de la nation québécoise et de son intégrité passe par l’utilisation de la langue française à la maison par les minorités culturelles.
Au moment même où François Legault présente sa politique d’immigration, Pascal Bérubé, député de Matane du PQ, présentait le Parti québécois comme le seul parti capable de bloquer la progression de l’immigration. Le nationalisme québécois, qui a été, pendant toute une période, un nationalisme civique reprend une dimension ethnique, non qu’il fasse des Québécois-e-s français de souche les seuls membres authentiques de la nation québécoise, mais que le ralliement-intégration-assimilation au tronc commun constitue désormais les voies d’une véritable intégration nationale. On est loin d’une véritable politique de métissage à l’heure où l’immigration deviendra une question de survie pour une grande partie de l’humanité.
Le refus du PQ de reconnaître la réalité du racisme systémique, contre les Noir-e-s, les peuples autochtones, et l’islamophobie, démontre que le PQ refuse de comprendre les voies de la construction du Québec comme société multinationale et pluriculturelle. En ce sens, la majorité indépendantiste d’émancipation ne passe nullement par une alliance avec ce parti, mais par une lutte conséquente contre ces conceptions étroites et conservatrices de la lutte nationale et par la bataille pour faire de la classe laborieuse et des mouvements antisystémiques les porteurs de la définition d’un nouveau destin national…
Québec solidaire : faire de l’indépendance un projet d’une société égalitaire, féministe et démocratique
Pourquoi QS a-t-il mis l’indépendance en marge de son discours durant la dernière campagne électorale ? Pourquoi a-t-il refusé d’inclure la nécessité d’une nationalisation / socialisation des richesses naturelles, minières et forestières, dans sa plate-forme électorale ? Pourquoi a-t-il refusé de s’opposer à la conception caquiste de la laïcité ? Pourquoi n’a-t-il pas cherché à préciser les conditions de possibilité du développement d’une aspiration à l’élection d’une constituante dans la population du Québec ? Pourquoi a-t-il ciblé les citoyen-ne-s et leur consommation avec la taxe sur les SUV au lieu de viser directement les grandes entreprises et leur volonté de continuer à utiliser les énergies fossiles et à produire des véhicules énergivores ? Pourquoi a-t-il accepté de rentrer dans la logique des quotas d’immigration ? La réponse essentielle à l’ensemble de ces questions, c’est qu’il a cherché non pas à poser la nécessité d’une société en rupture avec la société capitaliste actuelle qui nous mène dans le mur, mais à se présenter comme une alternative gouvernementale qui pouvait aspirer à devenir à court terme l’opposition officielle.
Québec solidaire pourra devenir une véritable alternative politique à la CAQ et au PQ (et à tout ce que représente le nationalisme identitaire et régressif), que s‘il se fait le porteur militant et déterminé d ‘une indépendance visant la réalisation d’un projet d’une société égalitaire, féministe et démocratique.
Le projet d’indépendance que nous défendons qui pourra rallier une majorité populaire, c’est celui d’une société plurinationale et pluriculturelle et il passera : a) par la remise en question de l’exploitation de nos ressources naturelles, de notre énergie par des multinationales étrangères ; b) par la planification démocratique de nos choix d’investissements pour une transition écologique véritable ; c) par la lutte pour une société écoféministe assurant l’égalité de genre ; d) par le développement de nos services publics contrôlés par les usagers-ères et les personnes qui y travaillent ; e) par le refus de l’existence de secteurs de la société privés de droits, comme ce que doivent le subir les travailleurs et travailleuses temporaires et les sans-papiers ; f) par la liberté de circulation et d’installation de tous les migrant-e-s. d) par l’éradication du racisme systémique qui touche tant les peuples autochtones que les autres secteurs racisés de la population ; g) par une politique linguistique qui défend l’usage du français comme langue commune, mais qui refuse de faire des personnes immigrantes la cause du manque d’attractivité de la langue française et enfin h) par le rejet d’une laïcité identitaire qui essentialise la réalité de la nation. Et ce ne sont là, rapidement esquissés, que certains axes, parmi d’autres, qu’il faudra préciser.
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