photo et article tirés de NPA 29

La propagation du virus dans le monde entier a entraîné le dévoilement des inégalités sociales dans toutes leurs nuances, en particulier celle qui détermine qui ne peut plus respirer après la contagion : la couleur de la peau noire !

Plus les idées des dirigeants sont fascistes, moins nous, les Noirs et les gens de couleur, pouvons respirer, comprenez ici : respirer comment survivre. La radicalité de ce projet en cours dans des pays comme le Brésil et les États-Unis a provoqué en réaction la plus grande vague de lutte antiraciste des dernières décennies dans le monde.

Les dangers de l’irruption : le poids de la structure raciste et les privilèges de la blancheur !

Le combat « justice pour George Floyd » est devenu un symbole mondial de la résistance pour la vie au milieu de la pandémie et a fait reculer Trump dans l’utilisation aveugle des forces de sécurité nationales, l’isolant face aux autres institutions du pays. Cela fait déjà 14 jours de manifestations ininterrompues avec des millions de personnes dans les rues de tous les États-Unis, défiant le couvre-feu et le virus lui-même.

Si le meurtre raciste de George Floyd a été la mèche de la survie dans le monde entier, nous ne pouvons pas nous leurrer : seule l’affrontement avec le racisme peut garantir une vie digne à tous : Noirs et Blancs.

Nous devons porter cette déclaration jusqu’à ses conséquences ultimes. Ce n’est pas seulement une lutte pour la prise de parole, ou pour une meilleure image. C’est le combat pour la conscience de ceux et celles qui se proposent courageusement d’affronter ces gouvernements. Par conséquent, la capacité protagoniste des Noirs dans les manifestations doit être considérée par les organisations comme une nécessité stratégique pour élargir nos mobilisations.

Il est important de se rappeler qu’une des conséquences d’affirmer que le racisme est quelque chose de structurel, surtout au Brésil, le pays le plus noir en dehors de l’Afrique, implique de savoir que les structures de la blancheur sont à l’œuvre dans tous les aspects de la vie sociale.

Et, malheureusement, la lutte politique, même celle menée par les organisations de gauche, n’est pas exempte de la pression de ces structures. Il n’y a pas de vaccins qui immunisent, mais s’affirme nécessaire la construction d’un programme et d’une pratique radicalement anticapitalistes, antiracistes et socialistes.

Ainsi, face à toutes les contradictions existantes, nous ne pouvons pas courir le risque d’éviter les programmes portant sur la question raciale, puisque l’antifascisme dans le pays du mythe de la démocratie raciale ne comprend pas programmatiquement la lutte antiraciste. En ce sens, nous ne devons pas hésiter, nous devons donc accorder l’importance nécessaire et donner la priorité aux drapeaux de la lutte contre l’oppression raciale en ce moment historique. Aucune vie ne vaudra plus que la vie des Noirs.

#VidasNegrasImportam en premier lieu !

Contrairement à ce que la logique du racisme tente d’inculquer de tout temps aux travailleurs et travailleuses, il s’agit d’élever la lutte pour la vie des Noirs au plus haut niveau, car nous nous battons pour nous tous. Le capitalisme en crise, qui tente une fois de plus de se réinventer, promet d’être encore plus violent dans sa dynamique raciale de surexploitation et de génocide des couches noires à travers le monde.

Contrairement à ce que certains peuvent penser, ce problème n’est pas l’apanage des Noirs : ils tuent des Noirs et des gens de couleur à la pointe de leur fusil par milliers chaque mois au Brésil [entre autres par l’action de la police militaire et des milices dans les quartiers déshérités], précisément pour maintenir le reste de la population dans un régime de travail ultra-flexible. La mort de l’homme noir est une menace pour l’homme blanc.

Le cri « A Vida dos Negros Importam » (La vie des Noirs compte) s’affirme comme la lutte la plus cohérente pour la vie et la démocratie au Brésil. Cette idée est-elle très puissante et subversive ? Oui ! Au pays du mythe de la démocratie raciale, de l’harmonie fallacieuse entre esclaves et maîtres, voir l’unification des Blancs et des Noirs en faveur de la vie noire, c’est dire que nous ne croyons plus à ce mensonge. Cette conclusion est urgente !

A l’image des actions initiées aux Etats-Unis, des manifestants ont renversé samedi dernier, 6 juin, à Bristol, en Angleterre, la statue d’Edward Colston (1636-1721), largement responsable de la traite des Africains réduits en esclavage et emmenés aux Amériques. Ce fait est emblé-matique du potentiel de la mobilisation des Noirs. Ce sont des manifestants multiraciaux qui se dirigent vers le renversement d’un des bases matérielles du capitalisme (esclavage) dans toutes les parties du monde. Il y a beaucoup de statues de cette société raciste à renverser !

Par conséquent, même s’il n’y a pas de dichotomie entre la lutte antifasciste et la lutte antiraciste, affirmer que l’élimination du racisme est un des piliers fondamentaux de l’anticapitalisme ne doit pas faire de débat d’ordre sémantique. Au contraire, donner toute sa place à la lutte antiraciste, c’est manifester une intransigeance antifasciste dans le pays qui tue le plus de Noirs dans le monde !

Puisse le nous pour nous devenir toujours plus nous !

(Article publié sur le site Esquerda online, le 8 juin 2020 ; traduction rédaction A l’Encontre)

Alencontre le 9 – juin – 2020 Martina Gomes

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