Édition du 17 décembre 2024

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Laïcité

La laïcité et la CAQ, une belle mascarade

Si nous voulons une véritable laïcité, il faut exclure tous les signes religieux de la sphère politique et étatique.

Le 1er octobre 2018, la Coalition avenir Québec a été élue avec une large majorité. Le lendemain, la CAQ relançait les hostilités et les débats menant aux divisions dans la population québécoise. Monsieur Legault et ses acolytes ont décidé d’amorcer leur mandat, et ce, dès les premières heures, en faisant appel au débat sur la laïcité du Québec. Au moins, le ton était donné pour les quatre prochaines années. Il suffit de regarder les autres décisions ou déclarations faites par le premier ministre Legault (ouverture pour reprendre les recherches et forages éventuels sur Anticosti,) pour s’en rendre compte.

Depuis plusieurs jours et semaines, les articles pullulent sur la laïcité. Les commentaires, allant du raciste au plus tolérant, fusent également. Dans ce contexte, je me suis mis à partager un article publié en juillet 2017 dans lequel je décriais les diverses mises en sauce de la laïcité. J’ai relu les commentaires également. Sur le coup, je me suis convaincu de ne plus écrire sur ce sujet, car ils attisent les émotions et mettent en sourdine la raison.

Il devient difficile de penser, d’observer, de discuter dans un esprit de respect quand nous parlons de laïcité. Les esprits sont confus, mélangés, obstrués et nébuleux.

Néanmoins, après tergiversations, j’ai tout de même décidé de rédiger un article, dans le but de remettre en perspective les décisions, les déclarations de monsieur Legault avec le concept et le projet de société laïque. Nous ne pouvons pas nous taire devant des aberrations ou des propos mensongers, réducteurs et éloignés de la réalité.

Une vraie laïcité ?

La Coalition avenir Québec désire mettre en place, le plus rapidement possible, une vraie laïcité au Québec en se basant, soi-disant, sur le Rapport Bouchard-Taylor. Il désire ainsi interdire tous les signes religieux aux personnes en situation d’autorité comme les juges, le corps de police, etc. Cela dit, la CAQ veut étendre cette interdiction aux enseignants de l’école publique. Il ne toucherait pas aux écoles privées ou aux garderies. Des menaces de licenciements ou de réaffectations planeraient même sur les employés en place et portant un signe religieux.

Dans le même temps, Monsieur Legault et son équipe réitèrent leur décision de ne pas enlever le crucifix au sein de l’Assemblée nationale, et ce, pour des motifs de patrimoine québécois. Sous le prétexte que le crucifix fait partie de l’histoire du Québec, celui-ci ne doit pas être vu comme un objet religieux, mais comme un artéfact de l’histoire. Ce crucifix pourrait également rester dans les salles de justice.
Le crucifix fut placé dans l’Assemblée nationale en 1936 par Maurice Duplessis pour signifier un rapprochement entre l’État et l’Église catholique.

Faisons un petit détour historique : le crucifix fut placé dans l’Assemblée nationale en 1936 par Maurice Duplessis pour signifier un rapprochement entre l’État et l’Église catholique. D’ailleurs en 1938, lors d’un congrès, Maurice Duplessis offrit un anneau au primat de l’Église canadienne afin de sceller le lien étroit entre État et religion (pour ceux qui veulent vérifier, consultez le livre L’histoire du Québec pour les nuls, rédigé par Éric Bédard, historien et professeur).

Peut-on encore dire dès lors que ce crucifix n’est qu’un objet du patrimoine ou, au contraire, est-ce bien un objet de la religion catholique ? Ce crucifix ne fut-il pas un acte symbolique voulant démontrer le rapprochement de l’Église catholique avec le gouvernement, soit l’État ?

Dans le même ton, la CAQ envisage également de financer la revitalisation des églises pour un montant de 20 millions de dollars annuel. Le motif : le patrimoine, encore.

Je veux bien concéder que le Québec soit une province ayant des origines catholiques. Je conçois également que nous ne voulions pas mettre ce pan de l’histoire aux oubliettes.

L’histoire d’une nation, qu’elle soit positive ou négative, se doit d’être connue et rappelée. Certes, l’Église a contribué positivement à la société québécoise, mais elle a également été néfaste pour plusieurs. Cependant, est-il nécessaire de la part de l’État d’intervenir pour financer des projets de rénovations des églises catholiques ? Ne serait-ce pas aux instances catholiques de le financer ? J’ai beaucoup de difficultés à croire que l’Église catholique soit pauvre et dans l’impossibilité de payer des revitalisations de ses institutions.

Loi ou charte de la laïcité en version CAQ

Nous avons connu l’épisode de la Charte des valeurs québécoises, projet porté par Monsieur Bernard Drainville (je ne reviendrai pas sur ce projet). Aujourd’hui, nous allons connaître la version caquiste de cette Charte, qui se nommera sûrement la Charte de la laïcité. En 2013, dans un article de Radio-Canada, nous avions eu des bribes d’informations sur la conception caquiste de la Charte de la laïcité. Ainsi, nous pouvions lire dans l’article :

 Interdiction des signes religieux pour les personnes en autorité (ce qui est encore énoncé aujourd’hui et voulu clairement) ;

 Autorisation des signes religieux pour les élus puisqu’ils ont été élus (je cite : « Les politiciens seront également autorisés à porter des signes religieux puisqu’ils sont élus ») ;

 Autorisation de la récitation de la prière par les élus municipaux ;
Laisser le crucifix au sein de l’Assemblée nationale.

Personnellement, je me questionne fortement sur cette Charte ou ce projet de loi désiré par le gouvernement caquiste en lien avec la laïcité. Soit nous désirons l’interdiction de tous les signes religieux dans la sphère politique et des personnes en autorité, soit nous autorisons tous les signes religieux, du moment que les droits et devoirs sont respectés par chacun.

Si nous voulons une véritable laïcité, il faut exclure tous les signes religieux de la sphère politique et étatique. Plus de crucifix dans l’Assemblée nationale (sa place est dans un musée ou une pièce du souvenir), plus de crucifix dans les salles de justices et plus de crucifix dans les édifices étatiques et publics.

Mais non, nous allons avoir une laïcité catholique déguisée dans laquelle les élus pourront prier (de manière chrétienne évidemment) et un État dans lequel les églises seront rénovées, bien mieux que nos écoles ou nos hôpitaux qui tombent en ruines. Peut-être que monsieur Legault a décidé de prendre exemple sur sieur Duplessis ?

L’avenir nous le dira très vite, je n’en doute pas.

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