À la guerre sans fin d’un Canada associée aux grandes puissances, la fragile riposte solidaire de certains pays du Sud ne semble opposer qu’un faible discours n’ayant que peu d’impact. La Chine, le Venezuela et les autres semblent prêcher dans le désert. Ces positions ne sont-elles pas malgré tout annonciatrices de nouveaux rapports entre les nations dans le monde ?
Nous sommes plusieurs à nous rendre compte présentement que le niveau de militarisation des relations internationales ne fait qu’aggraver les problèmes intérieurs de la Syrie. Les moyens pacifiques de régler eux-mêmes leurs problèmes sont niés aux syriens par l’ingérence militaire non déclarée de pays puissants. Leurs objectifs stratégiques pèsent bien plus lourd que les intérêts du peuple syrien lui-même.
C’est un autre crime dont l’Occident aura à répondre après l’Irak, l’Afghanistan et la Lybie. La chute des dictateurs a laissé tout à fait inchangée la capacité des peuples d’en venir à des solutions de paix devant les contradictions qui les travaillent de l’intérieur.
À revenir aux situations antérieurs, on voit bien que la solution militaire, avec tout son battage propagandiste irrationel, n’a rien résolu sinon d’amplifier des ambitions des grandes puissances de servir d’abord la défense de leur hégémonie.
C’est la paix et l’intérêt des nations indépendantes qui ont le plus à perdre. La démonologie remplace l’analyse objective d’un ennemi envers lequel on prépare l’opinion à accepter finalement l’intervention militaire. La situation en Syrie a la singularité de voir ralentie par certains pays du Sud l’intervention étrangère parce qu’ils s’y opposent fermement. Et c’est une contribution plus au refus du pillage de ce pays et au massacre encore pire de ses citoyens.
Guy Roy